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Avis libre… : Le tourisme dans l’abîme

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Par Ali Boudjelil

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Rares sont les pays, comme l’Algérie, qui peuvent se vanter de receler des régions renvoyant les images des cinq continents. Avec son littoral long de 1 622 kilomètres, son vaste désert aux paysages féeriques, ses montagnes majestueuses et son soleil radieux, hiver comme été, l’Algérie pourrait se passer largement de ses recettes pétrolières si des efforts avaient été consentis pour encourager le tourisme.

Pourtant, force est de se remettre à l’évidence que seuls Timimoun, Taghit et le Tassili attirent les touristes étrangers ou nationaux en quête de solitude désertique. Il est à se demander quel phénomène a pu faire de l’Algérie un pays déserté par les chercheurs de sensations. Sur les plus belles plages, point de têtes blondes pour fouler le sable d’or et piquer un plongeon dans la grande bleue. Des hôtels touristiques construits un peu partout dans les wilayas du pays ont fermé boutique quand ils ne sont pas cédés à des privés qui en ont fait des beuveries.

Si l’hospitalité des Algériens est légendaire, il n’en demeure pas moins que l’incivisme d’un grand nombre d’entre eux, malheureusement, rebute. Sinon comment peut-on assister sans s’émouvoir à ces tonnes de poubelles à ciel ouvert qui jalonnent notre environnement ? Comment expliquer le fait que, quand vient l’été tant attendu par le fonctionnaire en quête de vacances méritées après des mois de labeur, celui-ci se voit contraint de subir les prix exorbitants affichés par ceux qui sont censés l’accueillir ou le diktat des «parkingueurs» ? Quelle mentalité s’est forgée dans l’esprit pour voir un estivant contraint de payer une bouteille d’eau au triple de son prix ? A qui incombe la responsabilité de veiller au strict devoir de mettre fin à ces excès qui n’ont jamais droit de cité sous d’autres cieux ? A Azeffoun, par exemple, l’on vous citera que les appartements que louent des vacanciers sont «cédés» par nuitées à des prix d’hôtels étoilés et où l’eau ne coule des robinets qu’à des moments rares et indus, c’est-à-dire, de cinq heures à six heures du matin.

Il en est sûrement de même du côté de Tigzirt, de Melbou, de Dellys ou d’Aïn Turk, pour ne citer que celles-là. Cette exagération, comme le notent certains, fait fuir vers les pays voisins où il est plus aisé de passer des vacances à prix modéré, en sus de toutes les commodités attendues.

Il est vrai que dans un passé récent, le problème de l’insécurité se suspendait comme l’épée de Damoclès sur tout être pensant à la destination Algérie et que bien des pays mettaient en garde leurs ressortissants tentés par l’aventure de voir des paysages sublimés par Dinet ou Delacroix, la plus belle rade de la méditerranée ou le majestueux Djurdjura.

Cependant, en ces temps où notre ciel est redevenu plus clément, il est désarmant de voir que le tourisme reste encore le dernier souci de ceux qui sont chargés de le promouvoir. Sinon, comment expliquer l’absence totale d’initiatives de redonner à l’Algérie son véritable nom de pays touristique, comme il le fut durant plusieurs années qui ont suivi son indépendance ?

Il est grand temps de promouvoir le tourisme, tout comme l’agriculture d’ailleurs, qui fait que des pays non pourvus de ressources pétrolières et gazières sont très épanouis. Car la culture d’accueillir et de gérer le touriste est ancrée dans les esprits. C’est quand une région enregistre un afflux de vacanciers qu’on se doit de les voir comme des personnes venues l’enrichir. Par conséquent, leur assurer sécurité, confort et sourires est plus qu’un devoir, une obligation.

A. B.

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