Des dizaines de commerçants se sont rassemblés, hier, devant le siège de la wilaya de Boumerdès pour protester contre la décision de fermeture du marché hebdomadaire. Ce lieu de négoce a été fermé, la semaine écoulée, par décision du chef de daïra qui a justifié ces faibles recettes qui, selon lui, n’excèdent pas les 20 000 DA et par les désagréments causés aux travaux de réalisation d’une gare routière mitoyenne. Les manifestants, qui se sont agglutinés devant le siège de la wilaya dès les premières heures de la matinée, ont dénoncé cette décision qui risque de plonger des centaines de chefs de famille dans le chômage et la précarité.
Ce marché permet à plus de 700 commerçants d’exercer leur activité depuis plusieurs années. Certains cumulent plus de trente ans d’activité commerciale. «Je viens de clôturer ma vingt-cinquième année ici. J’ai un registre de commerce et j’exerce mon métier dans la légalité», dira Kamel, un commerçant père de famille habitant à Boumerdès. «Le chef de daïra s’est autosaisi du dossier et a décidé cette fermeture que nous considérons comme un mépris (hogra)», a-t-il ajouté en dénonçant les convoitises de certains qui veulent mettre la main basse sur ce lieu de négoce qui attise les convoitises de toutes parts.
«Ils veulent que nous partions cambrioler pour faire vivre nos familles», lâche un autre commerçant en colère. «J’ai quatre enfants à nourrir. Le commerce est mon unique activité. S’ils ferment ce marché, ils vont signer la mort de plusieurs centaines de familles car il ne reste plus d’endroits pour vendre nos produits mais à part Boudouaou», ajoute notre interlocuteur qui pense à écouler son produit avant l’entame de la saison printanière. «Le chef de daïra n’a consulté personne pour prendre une telle décision ni même la direction du commerce qui nous semble contre une telle décision qui risque de jeter une pierre dans la marre», dira Sofiane, un autre commerçant qui cumule une douzaine d’années.
«On ne peut rien faire, la décision est prise», lâche un autre commerçant qui résume la rencontre de certains d’entre eux avec les autorités de wilaya. Vers midi, la tension a monté d’un cran sous les cris des commerçants qui dénonçaient la mafia du foncier. Un escadron de la police antiémeute fut alors mobilisé et déployé sur terrain pour pousser les manifestants qui gênaient le portail principal du siège de la wilaya. L’affrontement est évité de justesse. «On nous a proposé d’étaler nos produits au niveau d’une assiette de terrain à Figuier ou à Corso. Nous avons refusé cette solution éphémère», dira encore Sofiane. Le marché fait entrer de l’argent à l’APC, les commerçants payent chaque jour de marché 500 DA pour y accéder. «Le marché rapporte plus de 250 millions par mois à l’APC, je ne vois pas pourquoi veulent-ils le fermer», s’interroge notre interlocuteur. «Nous n’allons pas quitter les lieux avant qu’ils nous trouvent un autre marché adéquat pour exercer notre activité dans la dignité», lâche un groupe de commerçants en direction des policiers. Hier aux environs de 15h, les manifestants étaient toujours sur les lieux du sit-in.
Youcef Z.