Les gestes barrières négligés !

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Malgré la gravité de la situation et les nombreuses campagnes de sensibilisation et les alertes des spécialistes, les citoyens de la wilaya de Bouira ne semblent pas se soucier de l’obligation du confinement et de la distanciation sociale. En effet et à travers l’ensemble des localités de la wilaya, les citoyens continuent de sortir normalement dans les rues et à fréquenter les commerces et les lieux publics ouverts, souvent sans respect des distances de protection.

Ce phénomène dangereux et qui risque de faire exploser le nombre d’atteinte au Covid-19 s’est accentué durant ce mois de Ramadhan, où les citoyens ‘’brisent’’ désormais même le confinement obligatoire de nuit durant la période allant de 19h du soir à 7h du matin. La fréquentation des commerces et des marchés a particulièrement doublé durant ce mois de carême, et c’est pratiquement tous les marchés de la wilaya qui sont quotidiennement pris d’assaut par les citoyens. Interrogés, les citoyens sont partagés entre ceux qui l’expliquent par un ‘’manque de civisme et de conscience’’ et ceux qui l’expliquent par une nécessité et une obligation : «Malheureusement, ces deux dernières semaines les gens ont relâché la vigilance et ont presque repris leur mode de vie normal.

Cela s’explique par plusieurs facteurs notamment sociaux et économiques, mais aussi car le nombre de cas de contamination a connu une nette diminution à la fin du mois d’avril. Malencontreusement, la grande augmentation dans le nombre de contaminations de cette première semaine du mois de Ramadhan est principalement due à ce relâchement. Les citoyens de notre wilaya doivent prendre rapidement conscience», dira Djamal Karoun, un enseignant de l’université de Bouira, avant d’ajouter : «En plus du respect du confinement et des consignes, les citoyens de la wilaya doivent impérativement limiter les déplacements vers d’autres wilayas du pays, car figurez-vous que tous les cas enregistrés dans la wilaya, à part le premier cas d’El-Esnam, sont issus de déplacements vers d’autres wilayas, notamment d’Alger, de Blida, de M’Sila et de Médéa», a-t-il encore plaidé.

Soirées ramadhanesques ‘’clandestines’’

Malgré la fermeture des cafés et des mosquées et l’obligation du confinement de nuit, les citoyens de la wilaya ne semblent pas pouvoir résister à la tentation des soirées ramadhanesques à l’extérieur. Beaucoup d’entre eux continuent à sortir de nuit et s’adonnent aux rencontres entre voisins et amis, ou encore aux partis de domino, et ce, jusqu’à des heures tardives de la nuit, notamment à l’intérieur des quartiers populaires. C’est le cas notamment de ce groupe de jeunes voisins du quartier Ahmed Ben Gharabi de la commune d’Aïn Bessem, qui n’hésitent pas à violer l’obligation du confinement de nuit juste pour le plaisir d’une partie de domino. «Je ne peux rester à l’intérieur de la maison de nuit et passer une soirée juste à regarder la télé.

D’ailleurs, la qualité des émissions proposées par nos chaînes de télévisions laisse à désirer», dira d’un ton ironique Youcef H, jeune chômeur de ce quartier. D’après notre interlocuteur, les jeunes de ce quartier ont développé une sorte de ‘’stratégie’’ pour se camoufler durant la nuit et éviter ainsi d’être embarqués par les policiers qui patrouillent de nuit : «Parfois les policiers nous voient et parfois non. Nous essayons d’éviter au maximum d’être repérés par la police. Mais quand ils nous voient et s’arrêtent pour nous embarquer, nous n’avons pas d’autres choix que de fuir et de se réfugier rapidement dans le garage de notre maison, puisque nous laissons tout le temps la porte entrouverte.

Malheureusement cette technique ne s’avère pas efficace à chaque fois, puisque à chaque descente de la police des voisins sont automatiquement embarqués et verbalisés», a-t-il encore déclaré. Les services de sécurité et malgré le fort dispositif mis en place pour faire respecter le confinement n’arrivent pas à dissuader certains citoyens qui ne respectent jamais les consignes sanitaires. C’est ainsi que durant la première période du confinement obligatoire allant du 5 au 11 avril, ce ne sont pas moins de 147 personnes qui ont été verbalisées et 141 véhicules qui ont été placés en fourrière par les services de la police au niveau des centres urbains de la wilaya.

Durant la deuxième période du confinement, pas moins de 374 personnes ont été verbalisées et 110 véhicules mis en fourrière par les services de la police. Durant cette troisième période de confinement, qui coïncide avec le début du mois de Ramadhan, un plan spécial a été mis en place par les services de la sûreté de la wilaya. Ainsi, les policiers auront la double mission de faire respecter le confinement obligatoire de 16h à 7h, mais aussi de sécuriser les lieux publics et les routes. Des opérations de ‘’répression’’ qui viennent s’ajouter aux nombreuses campagnes de sensibilisation et de désinfection menées par les services de la police, notamment à travers les centres urbains de la wilaya.

Oussama Khitouche

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