Les marcheurs réitèrent le caractère pacifique du mouvement

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Ce sont des marcheurs plus déterminés que jamais à préserver le caractère pacifique du mouvement populaire qui ont battu le pavé, hier, à travers la ville de Bouira pour ce 41e vendredi consécutif. Comme à l’accoutumée, les citoyens issus des localités éloignées du chef-lieu s’étaient regroupés bien avant l’entame de la marche sur la place publique de Bouira. Sur les lieux, les palabres allaient bon train en évoquaient les émeutes de mercredi, à l’occasion de la venue de Benflis à Bouira, ayant engendré, pour rappel, des arrestations ainsi que plusieurs blessés, admis aux urgences de l’hôpital Mohamed Boudiaf.

«Nous tenons à préserver ce caractère pacifique qui est l’essence même de notre mouvement et nous réitérons notre appel : aucune violence ne doit servir d’alibi aux élections de la honte que nous rejetons. Il ne faut pas répondre aux provocations des forces de l’ordre, le pouvoir cherche uniquement à légitimer la violence», insistait un jeune manifestant, drapé des couleurs nationales, à l’adresse de la foule. A noter par ailleurs qu’une rumeur selon laquelle un jeune aurait perdu la vie lors des affrontements de mercredi s’est vite répandue le jour même au soir, notamment sur les réseaux sociaux.

Cependant, elle a été démentie après qu’il s’est avéré que le jeune en question était victime d’un accident de la circulation et non des heurts enregistrés entre manifestants et forces de l’ordre. Conscients de l’impératif de préserver le Hirak de toute violence, les appels à la sagesse se sont multipliés et ont été réaffirmés hier lors de la marche hebdomadaire. Les slogans habituels contre les élections ont fusé, avec un accent particulier mis sur le rejet des ingérences étrangères. «Ni l’Union Européenne, ni les États ayant des bénéfices de la rente pétrolière algérienne régleront nos affaires internes», «Pouvoir, dégage !», «Ne promettez rien aux étrangers, nous allons gérer seuls notre avenir», «Silmia, silmia»… ont repris les manifestants en chœur.

La solidarité avec les détenus d’opinion, dont l’on demande toujours la libération, a été également réitérée. Leurs portraits ont été d’ailleurs brandis par les marcheurs qui scandaient leurs noms : Tabbou, Bouregaâ, Boumala, Nabil Alloun, Messouci, Aïssous… Les «Libérez les détenus !», «Libérez la justice !», «Libérez la presse»… ont été entonnés avec la ferveur populaire des grands jours. Les appels à la sagesse ont été relayés à travers les slogans pacifiques portés sur des banderoles et pancartes. Il a lieu de noter que la veille au soir, sur la place publique de Bouira, plusieurs dizaines de bougies avaient été allumées et alignées de sorte à dessiner un géant «Non à la violence».

Un leitmotiv largement partagé par les marcheurs qui se sont dispersés dans le calme après avoir sillonné toute la ville. A noter que plus tôt dans la matinée, dans la ville de Sour El Ghozlane, une marche de partisans des élections a été avortée par une population majoritairement contre. Des élus de l’APW de Bouira avaient tenté de participer à cette marche, mais ils ont été contraints de rebrousser chemin par des contestataires qui reprenaient des slogans hostiles à l’élection présidentielle.

Hafidh Bessaoudi

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