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BOUIRA - Journée d’étude sur la culture du safran : L’or rouge en quête d’investisseurs

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La culture safran, pourtant méconnue en Algérie, particulièrement à Bouira, a réussi à rassembler spécialistes et agriculteurs de plusieurs wilayas du pays.

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L’ «Association Algérienne pour la Promotion du Safran» a organisé avant-hier en collaboration avec la chambre d’agriculture de la wilaya de Bouira une journée d’étude et de sensibilisation sur la culture du safran. Une culture jusque-là méconnue qui a pourtant permis de réunir plus d’une centaine de participants venus essentiellement des wilayas de Ghardaia, Batna, Khenchella, Tougourt, Bordj Bou Arreridj, Setif, Médéa, Sidi Bel Abbes, Mila, Tamanrasset, Tipaza, Djelfa, Tiaret, Alger, Oum El Bouaghi, Tissemsilt, Bejaia, Bouira, Jijel, Tizi-Ouzou, Ain Defla, Ouargla…

Plus d’une vingtaine de wilayas étaient ainsi représentées par les producteurs de safran qui ont soulevé plusieurs points ayant trait à la culture de ce qu’ils appellent «l’or rouge». Une épice qui, soulignons-le, est revendue à plus de 1000 euros le kilo dans l’espace européen, et dont la qualité algérienne a été prouvée auprès des laboratoires internationaux aptes à délivrer les certificats sanitaires.

D’ailleurs, M. Zemouche, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture de la wilaya de Bouira, s’est montré très satisfait de l’engouement constaté lors de cette journée avec une participation record des intéressés et des producteurs de safran. Des producteurs à l’exemple de M. Rahal, originaire d’Ahnif, un des deux professionnels de cette nouvelle filière, qui a tenté une expérience sur une importante superficie au niveau de la commune d’Ahnif.

Il faut dire que pour ces premiers tests, les superficies sont assez modestes en plus de la cherté des bulbes de safran qui demeurent inaccessibles aux rares initiés dans le domaine. Pour sa part, M. Rouibi, président de l’«Association Algérienne pour la Promotion du Safran», s’est exprimé sur la filière en abordant plusieurs volets, notamment économique, car la culture du safran n’est pas exigeante et n’est assujettie à aucune restriction en matière climatique, c’est-à-dire que le safran s’adapte facilement comme l’ont prouvé les deux principales expériences menées à l’est et au sud de la wilaya.

Il faut dire qu’en premier lieu, l’intention des organisateurs de cette journée était de convaincre les futurs producteurs de développer la culture du safran dans la plaine du Sahel, la plaine des Arribs, plateau d’El Esnam et autres périmètres agricoles qui s’y prêtent. Le projet est né et est arrivé à maturité dans l’esprit de M. Rahal qui a effectué une visite auprès du doyen des safraniers algériens dans la wilaya de Khenchela.

Les Aurès, terre du safran ?

Après s’être aperçu des résultats jugés satisfaisants, il a procédé à la plantation de safran sur une parcelle de 500 m². Pour écouler le produit fini au niveau du marché européen, les animateurs de cette journée ont indiqué que la culture devrait être conduite de manière exclusivement biologique, c’est à dire exempte de tout engrais chimique ou phytosanitaire, que le désherbage devrait être fait à la main et cueillir les fleurs la matinée pour éviter que les stigmates ne se fanent.

Les orateurs qui se sont succédé à la tribune n’ont pas manqué de rappeler à l’assistance que la culture du safran en Algérie date d’une dizaine d’années mais que les résultats ont abouti en 2018 à la consécration de 45 hectares à l’échelle nationale avec une production estimée à quelque 20 kg de safran pur.

L’expérience conduite par l’Institut National de Recherche Forestière de 2010 à 2012 avec des agriculteurs pilotes dans la région des Aurès a été très concluante et s’est rapidement généralisée à partir de 2015 dans 21 wilayas.

Toutefois, d’autres introductions réussies ont été réalisées dans le Constantinois ainsi qu’à Tiaret et à Tlemcen. Cette récente et timide implication des agriculteurs algériens pour la filière explique pourquoi certains cultivateurs ont décidé de passer à la vitesse supérieure en expliquant que de grands efforts sont nécessaires pour la développer. En premier lieu, la formation et des mesures d’encouragement des autorités publiques ont été demandées pour augmenter la production de safran et ensuite la commercialiser.

Par ailleurs, les professionnels ont souhaité une pleine et entière coopération entre les safraniers pour créer les activités en aval de la filière comme des ateliers de transformation et de conditionnement. L’attribution d’un label national pourrait ensuite permettre d’accéder à l’exportation du safran algérien.

Toutefois pour le marché local, des efforts de marketing devront être fournis pour informer les consommateurs sur les usages et également sur les vertus du safran pur. L’«Association Algérienne pour la Promotion du Safran» constitue le principal regroupement des safraniers algériens avec plus de 100 adhérents répartis sur plus de 21 wilayas et le safran a été aussi inscrit comme filière par le ministère de l’Agriculture.

Hafidh Bessaoudi

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