Même les commerçants informels…

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L’appel à la grève générale lancé sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines et appuyé récemment par plusieurs syndicats a été largement suivi, hier, à travers les quatre coins de la wilaya de Bouira.

La majorité des centres urbains de la wilaya donnaient l’image de villes mortes, plus particulièrement au chef-lieu de wilaya, où même les pharmacies et les pompes à essence étaient fermées. En effet, l’écrasante majorité des commerçants de la wilaya ont baissé rideaux dès les premières heures de la matinée et seules quelques pharmacies et boulangeries étaient ouvertes durant la matinée à travers quelques communes. Même les commerçants de l’informel n’ont pas exercé hier et les marchés de proximité étaient aussi fermés.

Les chauffeurs de taxi, les transporteurs exerçant sur toutes les lignes de transport de la wilaya ainsi que les fonctionnaires de la SNTF (Société nationale des transports ferroviaires) ont, eux aussi, observé une journée de grève. Les gares routières et ferroviaires de Bouira étaient presque vides, et des milliers de voyageurs étaient désemparés et livrés à eux mêmes.

Les établissements scolaires des trois paliers étaient paralysés par ce mouvement de grève et des milliers d’élèves ont battu le pavé dès 8h à travers plusieurs communes de la wilaya, notamment à Bouira, M’Chedallah, Bechloul, Bordj Okhriss, Lakhdaria, Aïn-Bessem et Sour El-Ghozlane. Les enseignants ont, pour la plupart, adhéré à ce mouvement de protestation.

Les fonctionnaires de plusieurs administrations et établissements publics ont aussi observé une journée de grève, à l’image de ceux des mairies et des daïras de la wilaya, de la Caisse des retraités et des assurances, de l’ONA, d’Algérie Poste, des services des impôts et du Trésor public, d’Algérie Télécom, de plusieurs banques publiques, des services de la justice et de l’ADE.

Les employés de la SDC-Bouira ont même observé un sit-in devant le siège de la direction de wilaya, au cours duquel ils ont réclamé «un changement radical du système politique», et ils ont aussi exigé «la levée des sanctions et des poursuites judiciaires» contre les syndicalistes de cette entreprise publique. La session extraordinaire de l’APW, prévue pour aujourd’hui, a été finalement reportée, selon un communiqué laconique de la cellule de communication de la wilaya. Aucun motif pour ce report n’a été annoncé ou bien même la date de la tenue de la session en question.

Par ailleurs, des entreprises privées ont été aussi touchées par ce mouvement de grogne, à l’image du supermarché «UNO» de Bouira qui est resté fermé hier en raison d’une grève des fonctionnaires, en plus des ouvriers de certains chantiers du chef-lieu de la wilaya et d’autres entreprises commerciales et des services et même des banques privées.

Vers 11h et après avoir sillonné la majorité des rues du chef-lieu de la wilaya, des milliers de lycéens et d’écoliers, en plus des fonctionnaires grévistes, ont rejoint le rassemblement improvisé par les étudiants de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira.

Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir politique en place et ils ont appelé à l’annulation du processus électoral et l’instauration d’une période de transition démocratique, avec notamment l’élection d’une assemblée constituante représentative et souveraine. En début d’après-midi, les manifestants se sont dispersés dans le calme et aucun incident n’a été enregistré, malgré le nombre impressionnant de marches initiées notamment par les lycéens et les fonctionnaires. Les services de sécurité, eux, se sont fait discrets.

Oussama Khitouche

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