Tizi-Ouzou – Les avocats à nouveau dans la rue : « Non à l’élection du 4 juillet »

Partager

Les robes noires ont réinvesti la rue, hier, à Tizi-Ouzou, pour réitérer leur soutien à la population et manifester pour le départ du système.

Après un arrêt de plusieurs semaines, la mobilisation des avocats reprend pour «redonner un nouveau souffle au mouvement populaire» que la corporation a accompagné dès ses premiers jours.

En effet, ils étaient nombreux à répondre à l’appel de l’Ordre des avocats pour une marche «contre le système».

Cette dernière s’est ébranlée de la Cour de justice, sise au centre-ville, où les avocats se sont regroupés.

Tout au long de l’itinéraire emprunté jusqu’au rond-point des martyrs du printemps noir, les manifestants ont exprimé leurs revendications à travers les slogans scandés, les affiches et autres pancartes : «Système dégage !», «El Gaïd dégage !», «Bedoui, Fenniche, Bensalah dégagez !», «Non à l’élection du 4 juillet !», «Barakat men Nidam el Aissabat !», «Algérie libre et démocratique !», «Libérerez la justice !», «Justice libre et indépendante !» et «Oui pour une transition démocratique guidée par le peuple !»

L’un des messages significatifs écrit sur une pancarte par une avocate disait : «Le régime politique algérien est tyrannique.

Il n’y a pas eu de république. Le peuple exige le recouvrement de sa souveraineté pour constitutionaliser une république démocratique réclamant une école, du savoir, du progrès et de la citoyenneté.

Non à la dictature constitutionnelle ! Non au culte de la personnalité ! Non à la République bananière !»

Avec beaucoup d’énergie, les avocats ont exprimé leur détermination à aller au bout de leur combat et celui du peuple. «On a décidé de poursuivre le combat jusqu’au départ du système», nous a déclaré Me Saïd Halit, un jeune avocat approché. «On veut un changement radical du système et non une transition clanique», ajoute-t-il.

Et Me Halit de commenter les dernières arrestations de plusieurs personnalités : «Elles interviennent dans un contexte purement politique, dans une logique de lutte de clans entre les tenants du pouvoir. Autrement dit, s’ils voulaient une réelle justice, ils auraient pu œuvrer pour aller vers une réelle transition, qui aboutira à un Etat de droit où la justice sera indépendante. A ce moment-là, on juge.»

Me Rahem Kaci, un avocat qui était au devant d’un carré portant une affiche réclamant un Etat de droit, a dit «ne pas avoir le droit de reculer tant que le pouvoir est toujours dans sa logique et maintient sa feuille de route». Il a regretté qu’après 12 vendredis de marche «rien n’a changé».

«On refuse l’élection du 4 juillet. La Constitution a été piétinée à maintes reprises. On ne peut pas aller vers une élection dans les conditions actuelles», insistait-il sous les cris montants de ses confrères, qui scandaient «Ulaç L’vote Ulaç».

Me Kaci considère, en outre, que les interpellations sont une sorte de diversion et soutient que «l’arrestation des hommes politiques, notamment Louisa Hannoun, est un dérapage».

Et d’affirmer : «Tant que la justice est dans son état actuel, on ne doit pas interpeler qui que ce soit. Il faut une période de transition puis un Etat de droit et une justice indépendante.»

Le rejet de l’élection du 4 juillet a pris une part importante dans la manifestation des avocats. «Dans la conjoncture actuelle, le seul article qui peut être appliqué est le n° 7 : le peuple est source de tout pouvoir», souligne maître Hamid Morsli.

«La signification qu’ils veulent donner à cet article, c’est la feuille de route de la présidentielle du 4 juillet et on le refuse ! Cette élection, on la rejette. Le peuple la rejette et même l’administration locale, la rejette». Pour cet avocat, «la solution est le retour à la volonté populaire».

Kamela Haddoum.

Partager