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Point du jeudi : Peau noire, masques blancs

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Par Sadek Aït Hamouda

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Fanon devait avoir une rue ou une ruelle à son nom à Bordeaux, mais, retournement de manivelle, Alain Juppé est revenu sur sa décision. Ce qui a été défendu bec et ongles est devenu obsolète, aussi décidé par la volonté de l’extrême droite. C’est dire que les colonisateurs ont du répondant en France.

Fanon a été un indépendantiste algérien, parce qu’en rejoignant Aimé Césaire, dont il était un admirateur et compatriote (de Martinique), ils savaient tous les deux que le seul espoir d’indépendance était, alors, l’Algérie. Fanon était médecin chef de l’hôpital de Joinville, il voyait la misère, les exactions faites aux autochtones. Il démissionna de son poste de psychiatre par une lettre, adressée à Robert Lacoste, délégué de l’Algérie, qui a fait date.

Il s’est engagé avec le FLN, il devient journaliste à El-Moudjahid, ambassadeur du GPRA au Ghana, et membre de la délégation algérienne au congrès panafricain d’Accra. Il a aussi échappé à plusieurs attentats, au Maroc et en Italie. Il a été également écrivain et dramaturge, un penseur majeur de l’anticolonialisme et une figure importante du mouvement tiers-mondiste.

Fanon a été un militant actif qui achèvera son odyssée à Bethesda, près de Washington, le 6 décembre 1961, à l’âge de 36 ans. Comme tout Algérien qui se respecte, il demanda à être enterré en Algérie, et il sera exaucé, au cimetière de Sifana, en territoire algérien. Fanon l’Algérien a vécu comme il est mort : pour son idéal de paix.

Il a laissé à la postérité beaucoup d’œuvres entre autre : Peau noire, masques blancs, L’an V de la révolution algérienne, Les damnés de la terre, des écrits dramaturgiques : L’œil se noie et Les mains parallèles, et plusieurs articles de presse à El-Moudjahid. Alain Juppé est revenu sur sa décision parce que le nom de Frantz Fanon dérange les colonisateurs de tous poils. Mais le Fanon algérien est ancré dans son pays d’adoption, respecté, adulé, et salué comme le mérite un martyr. Que la France refuse de baptiser une ruelle de Bordeaux, c’est son problème, pas le nôtre !

S. A. H.

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