Plaidoyer pour une utilisation rationnelle

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L’usage des produits chimiques en agriculture par nos cultivateurs qui cherchent à améliorer leur production doit se faire avec prudence pour diminuer, voire éviter, leurs effets nocifs sur la santé du consommateur.

Cela dit, l’utilisation rationnelle de ces produits phytosanitaires fait le souci des experts en agriculture, santé et environnement qui ont débattu du sujet lors de la première édition du Colloque scientifique initié par la subdivision agricole d’Amizour, samedi passé, au campus de cette localité.

«Notre objectif à travers cette rencontre est de sensibiliser les cultivateurs sur les effets nocifs de ces produits chimiques, soit sur la santé des consommateurs, ou sur l’environnement et les nappes phréatiques pour aboutir à une utilisation rationnelle ou recourir à d’autres moyens plus sains», expliqua Nadir Rabia, divisionnaire agricole local.

Le recours à ces produits phytosanitaires se fait dans le but de traiter les plantes et les arbres contre des maladies, sinon à fertiliser la terre en ce qui concerne certains engrais, mais cela n’est pas sans effets dangereux de ces produits à double tranchant.

Et pour montrer la face nocive de ces produits chimiques, le Docteur Sofiane Tinkicht, spécialiste en épidémiologie à l’EPH d’Amizour, a mis en exergue les pathologies graves, telles que les cancers, les troubles hormonaux ou les intoxications aiguës pouvant avoir comme origine la présence des composés de pesticides dans les fruits, légumes ou céréales.

«Même si cela reste une évidence en période d’expérience, mais je dirai qu’à travers des études, il y a forte suspicion de ces pesticides sur l’apparition de plusieurs maladies par forte préemption que ces produits nocifs sont incriminés», souligna le spécialiste pour prouver l’impact de ces pesticides sur la santé des consommateurs, se basant sur une multitude d’études épidémiologiques récentes.

Mohand Benai, en sa qualité d’expert en agriculture, a, dans sa communication portant sur l’utilisation rationnelle des produits chimiques en agriculture, mis l’accent sur la santé du consommateur et de l’environnement, en se basant sur le contrôle de nos aliments. Car, selon lui, pas moins de 50 % de ce que nous consommons est importé de l’étranger, alors difficile de savoir pertinemment s’il y a ou pas des résidus chimiques nocifs.

Malgré les contrôles effectués aux frontières, le risque est toujours à craindre. «Il faut aujourd’hui penser à réhabiliter les anciennes pratiques de l’activité agricole, comme par exemple la rotation des cultures, l’utilisation des engins pour le désherbage, avec la diminution de l’utilisation de ces produits phytosanitaires pour arriver à produire des aliments sains et protéger l’équilibre environnemental», soulignera-t-il.

Certains voient que cela est aussi lié au changement dans les habitudes alimentaires de l’Algérien, et surtout de son profil socio-psychologique à ne pas accepter le mode de rationalisation, selon les explications du sociologue et universitaire M. Ahouari, qui montra la complexité de cette problématique et la responsabilité qui ira à tous les niveaux. Il est impératif donc de tirer la sonnette d’alarme car, si dans des pays développés, le sujet a été dévoilé il y a quelques années déjà, avec comme résultat la diminution avec chiffre à l’appui de ces pesticides, dans notre pays rien ne présage d’un avenir sain.

Il y va surtout vers les méthodes alternatives à l’usage des ces substances chimiques, plus simples et efficaces, à la place de changer les mentalités et de convaincre les utilisateurs. «Il faut donc travailler dans le sens d’une prise de conscience progressive chez les cultivateurs», estima Hafid Nabti, biologiste chercheur à l’université de Béjaïa qui préconise pour la circonstance l’utilisation de la bactérie dans la lutte biologique comme méthode alternative.

«On sent l’alarme qui sonne et c’est pour ça que nous sommes là aujourd’hui pour proposer une solution alternative à l’usage de ces produits nocifs, l’utilisation du vivant qui se trouve même dans le sol, comme les bactéries et certains champignons qui sont réellement les amis de la plante et de la nature qu’il faut préserver pour qu’ils restent une barrière immunitaire forte, biologique et naturelle à protéger nos cultures, notre sol et notre eau», estima ce directeur de laboratoire pour dire qu’il est possible de s’en passer de ces produits incriminés.

D’autres intervenants ont axé leurs interventions sur la nécessité d’utilisation des extraits végétaux comme pesticide naturelle, histoire de songer aux cycles naturels et biologiques sans introduire ces produits composés par l’homme qui nuisent dans le temps. Mais tout reste au niveau des cultivateurs qui sont les premiers concernés et les seuls utilisateurs de ces substances chimiques.

Et se référant à la question posée par un cultivateur en agrumes, il est nécessaire aussi que les propos et les réflexions ne restent pas au niveau des experts et universitaires, mais utile est de les adapter à la réalité du terrain. «Il fallait surtout rechercher les raisons qui poussent le cultivateur à recourir aux phytosanitaires, car sans cette solution, malgré pas très saine, le producteur ne trouva aucun moyen à faire face à la pollution qui ravage la flore et la faune et détruit la fertilité du sol», fera savoir cet agriculteur en guise de signe d’alarme de la dégradation de l’environnement suite aux décharges sauvages et à la pollution des cours d’eau.

Il est nécessaire, donc, de songer au règlement global, soit pour la préservation de l’environnement et de tout l’écosystème, ou la protection des nappes et sources d’eau afin d’assurer une alimentation saine et éviter des maladies dans la prise en charge est très couteuse. Cela est, par ailleurs, impératif au cadre juridique et l’ensemble s’accorde à dire qu’un dispositif de loi et de texte est plus que nécessaire dans le domaine de l’usage des produits chimiques, à condition de son application sur le terrain.

Nadir Touati

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