Pour le départ de tous les symboles du système

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Près de deux mois après, la flamme de la révolution ne s’éteint pas à Béjaïa. Entre frustration et optimisme, la population locale ne renonce pas à son rêve d’en finir avec un système moribond. La population qui proteste contre le système depuis le 22 février dernier a renoué, hier encore, avec les manifestations de rue. En effet, ils étaient des dizaines de milliers à avoir pris part à l’acte 9 de la mobilisation citoyenne contre le pouvoir en place dans la ville de Yemma Gouraya.

Les revendications des manifestants n’ont pas sombré dans le marigot des tenants du pouvoir, qui multiplient les plans et les propositions de sortie de crise, dont la dernière remonte à jeudi où des invitations ont été adressées à des personnalités politiques, des acteurs du mouvement populaire et des juristes, pour la tenue d’une conférence de dialogue et de concertation. Déversés par les haut-parleurs depuis le carrefour d’Aâmriw et fredonné en chœur par des milliers de manifestants, les principales revendications du mouvement ont fait vibrer, hier encore, Béjaïa.

«Système dégage», «Bensalah dégage», «Gaïd dégage», «Bedoui dégage», «Ulac smah ulac», scandaient sans relâche les manifestants. Agitant des drapeaux national et amazigh, la foule s’est encore exprimée à travers des banderoles et des pancartes portées à bras-le-corps. «Le peuple dit système dégage», «Gaïd Salah, emmenez votre histoire et partez», «Dégagez tous et laissez-nous construire l’Algérie», «L’Algérie est l’héritage du peuple et non la richesse des voyous», «Le peuple s’implique pour une 2e république», étaient autant de messages que tenaient à faire passer les manifestants à travers les pancartes et les banderoles déployées.

En soutien aux étudiants de la Fac de droit de Ben Aknoun, un jeune manifestant a brandi une pancarte sur laquelle était écrit : «Ne touchez pas à la dignité des étudiants.» Dans le cortège, l’on a remarqué la présence en masse d’enfants en bas âges, d’adolescents, de jeunes filles, de femmes et de vieilles. Calmes, patients, souriants et conscients, les milliers de marcheurs ont prouvé qu’ils étaient «vaccinés» contre toute forme de manipulation.

Sur l’une des banderoles portées par des jeunes manifestants, on pouvait lire : «Il faut balayer ce système qui nous menace depuis 1962». Sur une autre pancarte, un manifestant écrit à l’adresse du remplaçant de Tayeb Belaïz à la tête du Conseil constitutionnel : «Kamel Fenniche, Béjaïa n’a pas oublié». Arrivés au niveau du carrefour Daouadji, rebaptisé dernièrement place Matoub Lounes, les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la démocratie et du printemps noir.

Les manifestants ont eu à parcourir plusieurs kilomètres depuis la maison de la culture Taos Amrouche. Alors que les derniers arrivés étaient toujours au centre-ville, les premiers marcheurs commençaient déjà à arpenter le boulevard Amirouche jusqu’aux ruelles étroites de l’ancienne ville des Hammadites. Avant-hier jeudi, les maires de Béjaïa, regroupés au sein d’une coordination, ont observé un rassemblement de protestation devant le siège de la wilaya pour réaffirmer leur refus de réviser les listes électorales et d’encadrer le scrutin présidentiel du 4 juillet prochain.

F. A. B.

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