Souk El Tenine n’évolue pas

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Le constat établi par la population de Souk El Tenine n’est malheureusement pas satisfaisant car les manques sont multiples et concernent tous les secteurs. À commencer par le chef-lieu communal qui est souvent confronté à l’anarchie et au désordre. Le projet de l’aménagement urbain lancé en grande pompe en 2013 et malgré toutes les bonnes intentions visant à redonner à Souk El Tenine une meilleure image, le citoyen s’aperçoit qu’il a été mené en bateau.

«En 2012, l’actuel P/APC et son exécutif ont promis de changer le visage de Souk El Tenine et ils ont promis de bannir l’anarchie, hélas ils nous ont bercés d’illusions. La saturation de la circulation est toujours quotidienne, l’anarchie s’impose en maîtresse des lieux et l’image de la ville n’a pas évolué», fera remarquer un citoyen du chef-lieu. En 2019, L’aménagement urbain engagé n’a concerné que le revêtement des trottoirs en pavés et quelques candélabres installés sur l’axe principal. La ville n’a pas évolué d’un seul iota.

Certains quartiers sont toujours sans trottoir, les espaces verts et de détente ne sont pas réalisés et le projet de démolition et de reconstruction des anciens locaux commerciaux n’est pas encore lancé. Les bouchons sont interminables et la circulation toujours saturée. Pour traverser l’axe principal long de moins de 500 mètres, il faut beaucoup de patience. Si par hasard un camion de gros tonnage ou un bus du transport universitaire est de passage autant éteindre le moteur et attendre patiemment.

«Si par hasard, vous évacuez à la polyclinique un malade ou une parturiente, notamment les jours de marché hebdomadaire (lundi et jeudi), autant prendre le malade et compter sur la force des jambes et des bras pour atteindre la polyclinique. Si c’est une parturiente, il vaut mieux l’assister ou appeler superman pour la faire parvenir à la clinique», caricature un autre citoyen. Les autorités sortantes ont tablé sur la délocalisation des marchands ambulants vers le marché couvert de proximité réalisé mais cela sans compter sur l’aval desdits commerçants qui ont tout bonnement refusé de rejoindre cet espace.

Du coup, le marché couvert de proximité construit à coup de millions de dinars est aujourd’hui vacant et l’ordre n’est pas revenu. L’insécurité, la violence et les vols sont quasi quotidiens. La meilleure preuve, c’est que les commerçants n’abandonnent jamais leur boutique même de nuit car le risque d’une mauvaise surprise est toujours présent. Combien sont-ils ces commerçants à avoir eu le malheur de découvrir leur commerce sens dessus dessous et la caisse volatilisée ?

L’environnement, le parent pauvre

L’environnement à travers cette commune est sans nul doute le parent pauvre. Les décharges sauvages foisonnent et les incivilités perdurent. Les efforts de l’APC pour vaincre l’insalubrité sont insignifiants car ne se contentant une fois par hasard que d’un nettoyage général de la ville et du ramassage quotidien des ordures ménagères au chef-lieu seulement mais dans les villages, la collecte n’est pas régulière. Les saletés reviennent au galop. Rien qu’à travers le chef-lieu, il existe au moins trois décharges sauvages qui grossissent un peu plus chaque jour enlaidissant la ville et malmenant les habitants. «Nous avons interpellé l’APC pour éradiquer cette décharge devant nos commerces, en vain.

Notre appel n’a pas trouvé d’oreilles attentives. Nous demandons encore une fois aux autorités locales de procéder à l’éradication de cette décharge sauvage qui grossit et qui déborde sur la route. Nous avons plusieurs fois procéder au nettoyage des lieux mais les déchets reviennent le lendemain. C’est à l’APC de nettoyer et d’interdire le dépôt des ordures en pareils endroits», a déploré un commerçant. En allant plus loin sur la CW 147 donnant sur la commune voisine de Mechtras, le constat est désolant car à partir du village d’Ighil Boulkadi, les accotements jonchent de détritus, de déchets, de bouteilles et cannettes vides.

En arrivant à l’ancienne décharge communale d’Ighil Oumenchar, pourtant fermée depuis de nombreuses années, le paysage est hideux. Les ordures, différents emballages, des tas d’objets hétéroclites et même des gravats sont abandonnés sur les accotements. Il est vrai que l’APC essaie de la nettoyer et de débarrasser les déchets mais les saletés et les déchets finissent toujours par revenir. «Chasser le naturel, il revient au galop.» En continuant plus loin, les choses ne s’améliorent pas. Les accotements gorgés de déchets, de canettes et de bouteilles vides sont un décor qui ternit une région pourtant angélique grâce, bien sûr, à la générosité de Dame nature. Les mauvais comportements, les mauvais reflexes et les incivilités mettent à mal la nature.

Il est temps de mettre les mécanismes efficients pour venir au secours de l’environnement avant que les effets ne soient dévastateurs. À Signaler que lors de la dernière édition du concours Aissat Rabah du village le plus propre, deux villages de cette commune se sont illustrés par l’obtention de la 7e (Izaouiyene) et la 8 e place (Tighilt Mahmoud), ceci grâce surtout aux efforts des villageois.

Le marché couvert de proximité inopérant

Le marché de proximité de Souk el Tenine a été achevé en 2015. Après les péripéties de l’attribution des box décriés par certains commerçants qui s’estimaient lésés par la répartition des box, le marché a été ouvert. Quelques jours plus tard, les bénéficiaires ont rejoint la rue pour exercer leur métier. Les commerçants ont soulevé une plateforme de revendications pour revenir à leurs box. Ils demandaient la réalisation d’un mur de soutènement et d’une passerelle vers le marché. Ils ont également dénoncé l’absence d’hygiène pour les volaillers et les poissonniers.

Ils ont aussi exigé la réalisation de sanitaires et le bitumage de la plateforme de vente. Ils ont réclamé enfin un accès pour les véhicules de livraison. L’APC a répondu à quelques doléances mais les commerçants campent toujours sur leur position exigeant la satisfaction totale de leurs revendications. L’affaire a été introduite alors en justice par l’APC et à ce jour, aucune décision n’a été prise. Le marché construit à coup de millions de dinars est déserté.

Le représentant des commerçants indiquera : «Tant que toutes nos revendications et les engagements pris par l’APC ne sont pas respectés, nous ne remettrons plus les pieds à l’intérieur du marché», a indiqué un représentant des commerçants. À présent, l’exercice de l’activité commerciale se poursuit sur les abords de la route générant une anarchie indescriptible et une saturation de la circulation quotidienne.

La santé en souffrance

Le secteur de la santé au niveau de la commune de Souk el Tenine comme c’est le cas au niveau de toute la daïra de Mâatkas, est en souffrance. La polyclinique de Souk el Tenine, malgré les efforts de son personnel reste sous équipée pour fournir des soins efficients et assurer une bonne pris en charge sanitaire. Les trois unités de soins réparties sur les villages sont toutes fermées. Un des élus à l’APC tonnera : «Au niveau de toute notre daïra, nous n’avons rien dans tous les secteurs particulièrement dans le secteur de la santé publique. Le projet d’hôpital reste encore au stade de procédure.

On nous dit qu’il est confié mais jusqu’à présent, aucune entreprise ne s’est installée bien que nous ayons préparé deux sites pour leur base de vie. La polyclinique de Souk el Tenine est sollicitée par plus de 200 000 habitants mais les moyens manquent d’une manière criante. Le laboratoire des analyses médicales n’assure que les analyses de base et encore…» Notre interlocuteur fait également savoir : «Nos unités de soins sont toutes fermées. Les citoyens ne cessent de nous interpeller mais nous ne pouvons rien faire».

C’est comprendre que l’état du secteur de la santé est simplement en souffrance. «Notre commune est oubliée par l’État et par aussi nos élus qui ne font pas grand chose pour améliorer l’état des lieux et être au service de leurs électeurs. Hélas, ils se contentent de s’afficher sur les réseaux sociaux et de s’adonner à des luttes intestines et politiciennes au lieu de sortir de leurs bureaux et de prendre le taureau par les cornes pour enfin enclencher une vraie dynamique de développement», a fait remarquer un citoyen de Souk el Tenine.

Cela sans parler du gaz naturel qui n’est pas encore généralisé même au chef-lieu, des centaines d’habitations qui attendent d’être branchées au réseau de l’électricité en plus de celles en attente de l’assainissement. Il y a vraiment du pain sur la planche pour celui qui veut bénéficier de la confiance et du respect de la population.

Le sport et la culture au ralenti

L’unique stade communal disponible à Souk el Tenine et au niveau de la daïra de Maatkas est le stade de Fekrane mais présentement, cette aire de jeux est affectée pour accueillir le projet de l’hôpital de 60 lits inscrit à l’indicatif de la commune. Du coup, il a été laissé à l’abandon. L’IRB Souk El Tenine, un club évoluant en championnat de wilaya est devenu SDF.

La seule salle de sport existant au niveau de la commune est celle implantée à la cité dite «Garage» mais elle ne permet pas la pratique des sports d’équipe comme le volley, le basket ou le handball. Elle sert juste aux amateurs des sports de combat. Du côté de la culture, c’est le désert, aucune maison de jeunes et aucun centre culturel n’est mis à la disposition des jeunes. Même l’ex siège d’APC est mis à la disposition des associations communale comme celle des Moudjahidine, des enfants de chouhada et des handicapés.

C’est comprendre que la culture est reléguée au dernier plan. Certes, il existe quelques associations qui activent à l’occasion mais elles sont obligées d’avoir des autorisations pour accéder aux écoles, choses qui n’est pas facile à obtenir de nos jours. La bibliothèque communale, espoir de toute la jeunesse de Souk El Tenine, inscrite depuis 2007, n’est pas encore achevée à ce jour. «Il nous faut un montant supplémentaire pour son achèvement», a indiqué un élu. À signaler qu’une partie de la dite bibliothèque a été attribuée momentanément à une association sociale pour exercer ses activités mais dernièrement le maire les instruit par une mise en demeure de quitter les lieux.

C’est comprendre que les jeunes de Souk el Tenine sont offerts sur un plateau d’argent à la rue. Sans stade, sans salle polyvalente et sans piscine, sans maison de jeunes et sans centre culturel, c’est l’oisiveté, la rue et les cafés maures qui sont les seuls refuges de la masse juvénile. Sachant que l’oisiveté est mère de tous les vices, il n’est pas étonnant de constater l’apparition d’activités illicites, de maux sociaux et de comportements étrangers à la région.

Hocine T.

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