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«On est dans une phase dépressive»

Le problème économique en Algérie est dû à une déficience de gestion, et non pas à la baisse des réserves de change (moins de 80 milliards de dollars), affirme le professeur en économie, Youcef Benabdallah.

Selon lui, la question des réserves de change est récurrente depuis un moment. Relayée par la presse et par un certain nombre d’économistes et entretenue par le discours officiel, celle-ci est «un faux débat», estime-t-il.

«Nous somme à 17 ou 18 mois d’importations, d’après les chiffres», a-t-il expliqué en se référant à des statistiques mondiales. M. Benabdallah constate, à titre illustratif, que des pays, à l’exemple du Maroc et de la Tunisie, ne disposent pas du même «confort», et pourtant, poursuit-il, ils n’affichent aucune inquiétude.

«En Algérie, on a peur des déficiences structurelles de l’économie elle-même. L’explication, c’est que ces pays (le Maroc et la Tunisie) sont dans une dynamique de flux et sont assurés qu’ils peuvent payer leurs importations en échange de leurs exportations habituelles, contrairement à l’Algérie qui est restée accrochée à l’indice du prix du pétrole», souligne-t-il encore.

Le problème qui se pose, d’après lui, c’est de sortir de ces réserves de change. Pour lui, la richesse d’un État s’évalue par sa capacité à produire, à inventer, à innover et à mettre les gens au travail, avec pour résultat une diversification des exportations et de ne pas tomber dans l’inquiétude des réserves de change.

Comparant la courbe des exportations algériennes sur le long terme, constituées majoritairement d’hydrocarbures, dont le volume «a commencé à baisser depuis six ou sept ans» par rapport à celle des importations, également en volume, il note qu’elles sont à l’origine d’un taux de croissance «proche de zéro».

M. Benabdallah signale que suivant les diverses études qu’il a eu à consulter, l’Algérie est considérée comme «l’un des pays les plus dépendants sur le plan alimentaire en Afrique», ajoutant que la ration alimentaire consommée par ses habitants est importée à hauteur de 70%.

Selon lui cet ensemble de paramètres va contribuer à «neutraliser» un certain nombre d’instruments de gouvernance économiques, qui devraient, affirme-t-il, déboucher sur une dévaluation destinée à «renflouer les caisses de l’État». «Il reste maintenant, observe-t-il, à savoir comment cette situation va être absorbée socialement et économiquement».

Une question à laquelle, avoue-t-il, il n’a aucune réponse, d’autant que «ce n’est pas du jour au lendemain que notre agriculture va produire plus de blé, plus de viandes, plus de lait et nos entreprises vont développer une offre se substituant aux importations», ajoute-t-il.

«Nous sommes en phase dépressive depuis deux ou trois ans, c’est-à-dire, le taux de croissance économique est inférieur au taux de croissance de la population», a-t-il déploré avant d’ajouter qu’ «il faut s’attendre encore à une croissance plus faible».

L. O. CH.

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