Aït Menguellet encore et toujours

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Annoncé par Djallal, l’animateur vedette de la télévision algérienne, qui s’était mis aux accents kabyles pour l’occasion, « le lion du Djurdjura » monte sur scène, accompagné de son orchestre, Mouloud pour le mandole, Said Ghezli pour le bendir, Boussaad à la basse, Tarik à l’harmonica, Chaabane pour la percussion, son fils Djaffar pour la flûte, le synthétiseur, ainsi que Tong pour la batterie. Il n’en fallait pas plus pour déclencher un tonnerre d’applaudissements suivi par les youyou de femmes dont certaines s’étaient parées de la traditionnelle robe kabyle auréolée de bijoux en argent, des cris de joie fusaient des quatre coins d’un stade noir de monde .

Poèmes d’amour et de nostalgie ou chansons dites engagées, le barde a égrené pendant les deux heures qu’a duré le spectacle, ses plus belles créations, faisant le bonheur de l’assistance qui les reprenait en chœurs. Des poèmes dans lesquels tout le monde pouvait se retrouver…

Louiza, Ettas mazal el hal, Rouh, Nek Adeqimagh, aberouaq, Akka Ammi, Tamourthiw, sont entre autres les chansons qu’il a magistralement interprétées lors de cette soirée. Des textes dont les thématiques sont puisés dans l’univers qui l’entoure. Des questionnements existentiels, les douleurs de la vie, ses joies aussi, sont les sujets de prédilection auxquels le poète ne prétend pas donner de réponse, mais qu’il nous sert magistralement habillés de mots dont le socle majeur est la terre de Kabylie qui l’a vu naître….

Après s’être retiré pour se reposer, après une heure de spectacle, Djallal invite M. Haroun, poète de Béjaïa, et Madame Lineh, une septuagénaire, tous deux admirateurs du poète, pour lire chacun un poème de leur composition, en hommage au chanteur. Des poèmes qui ont visiblement plu à l’assistance qui a chaleureusement salué leurs interprètes… et revoilà l’Izem, à nouveau sur scène, pour une deuxième heure de rêve et d’évasion…« C’est un public tout simplement exceptionnel et formidable », dira Aït Menguellet à propos de ses fans lors d’une courte conférence de presse tenue après le spectacle. Il ne manquera pas de revenir à chaque fois que l’on fera appel à lui, mais cette fois-ci, « c’est le dernier de la tournée » avant un repos bien mérité !

Une véritable communion s’était installée entre Lounis et les siens, celui dont Kateb avait écrit, qu’il « touche, bouleverse, fustige les indifférents », n’a pas manqué à son devoir, il restera pour les générations futures celui qui aura trouvé les mots justes pour dire la beauté et les valeurs de Taqbaylit…Dans Lounis, il y a la racine «wns », écrivait Tassadith Yacine en introduction à « Ait Menguellet chante ». « Wns » signifie « tenir compagnie, distraire… », et c’est effectivement ce que Lounis Ait Menguellet à fait, jeudi soir au stade scolaire de Béjaïa , ce qu’il a toujours fait d’ailleurs tout au long de ses quarante années de carrière. L’enfant d’Ighil Bouamas monte sur scène, pour la première fois en 1967 ; il n’avait que dix-sept ans…

Ils étaient nombreux, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, à s’agglutiner devant le portail du stade près de deux heures avant le début du concert qui n’avait commencé qu’à 22h30. Nombreux, étaient également ceux qui ont fait le déplacement, depuis les communes avoisinantes, pour se délecter de la verve poétique du forgeron du verbe, des paroles que le barde a finement taillées dans la mémoire collective de sa société qu’il n’a de cesse de scruter pour en faire des poèmes dont lui seul a le secret. Le comité des fêtes de la ville, l’organisateur de l’événement, a mis les bouchées doubles, ne laissant rien à l’improvisation, pour assurer le bon déroulement du spectacle : « c’est suite à l’annulation du concert, prévu par la boite Adrénaline, et en constatant la déception de ses milliers de fans, que nous avons entrepris de l’inviter », nous confie Mouloud Issadouden du comité des fêtes de la ville de Béjaïa. La fête, car c’en était une, n’avait pas encore commencé que la foule affichait déjà un sourire de satisfaction, enchantée à l’idée de revoir, enfin, son sage que Béjaïa avait perdu de vue depuis un bout de temps, depuis une éternité diront ses fans…

Nabila Guemghar

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