Pour que nul n’oublie…

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Rares sont ceux qui se souviennent de ces moments terribles qu’ont connus, durant la période coloniale, les villages Aït Bouyoucef et Laâlem situés près des Monts du Babors, dans la région Est de Béjaïa, précisément durant les années 1957-1960. Pour rappel, les forces militaires françaises avaient consolidé leur administration abjecte et de damnation au village Aït Bouyoucef, considéré comme un poste avancé de contrôle de la circulation des personnes et d’exercice de répressions.

Le citoyen vivait la persécution, car il a été soumis à une autorisation de circulation, voire un laisser-passer. Interrogés, des Moudjahidine, encore en vie, témoignent et avancent les raisons de cet acharnement primitif. C’est-à-dire, en plus de la situation géographique stratégique de la région sise à proximité des bornes frontalières des trois wilayas de Béjaïa, Sétif et Jijel, qui facilite l’intensité de la révolution et des réactions militaires de la part de l’ALN, on relève l’adhésion totale et la détermination de la population acquise à la cause nationale, voire l’indépendance.

Donc, la révolution avait atteint son summum, et ce, suite aux consignes délibérées retenues du congrès de la Soummam. Outre la répression militaire barbare, les forces coloniales avaient opté pour des méthodes de branle-bas. Il s’agit de conglomérer des populations au sein des villages contingentés situés à proximité de son administration, sous forme d’une consignation étendue. Aujourd’hui, les sexagénaires de ce village martyr s’en souviennent et gardent toujours ce mauvais souvenir en mémoire.

La défunte Na Djamaa née Chabi, qui nous a quittés récemment, racontait que sa maison était partagée avec d’autres familles déportées du village Akkache. En somme, le village Talghesset était une destination et un lieu de déportation en raison de sa proximité avec l’administration coloniale. Il était le centre de concentration de la population. On cite également le village Tizi War, qui constituait un lieu de déportation en prévenance des villages limitrophes, tels Laâlem, Aït Bouyoucef, Aït Felkey et M’Djounas.

Le choix de ces populations était sélectif étant donné que la région Est de Béjaïa était devenue incontrôlable et la rébellion militaire était généralisée. Pour mémoire, la France avait sélectionné au moins une dizaine de jeunes algériens lors de la deuxième guerre mondiale pour participer à la guerre franco-allemande, à l’image des feu Haddour Mohand, Bourif Belkacem, A. Ben Lounis et Ismail Ahmed.

De l’avis des témoins oculaires de l’époque, les forces coloniales françaises avaient fait appel même aux Africains d’origine sénégalaise en vue de contrecarrer le soulèvement local et de surcroît avec extension à la révolution pour la libération nationale. En parallèle, même après la proclamation du cessez-le-feu, les accrochages militaires continuaient entre les Moudjahidine et l’armée française au village Aït Bouyoucef, dont le dernier Chahid tombé au champ d’honneur, dans les hauteurs de la montagne Zen, était le Martyr Hama Ali.

Également lors de cette période animée et tonitruante, neuf autres Martyrs originaires du village Aït Bouyoucef étaient fusillés à proximité du l’oued Agrioun et jetés dans ce même oued et dont certains sont portés disparus à ce jour. Ces Moudjahidine préparaient une embuscade en interceptant un convoi de l’armée française.

Hama Nadir

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