Des dizaines d’avocats, de greffiers, d’huissiers de justice, d’experts fonciers et de magistrats ont organisé, avant-hier matin, un rassemblement de protestation à l’intérieur même de l’enceinte de la cour de justice de Bouira.
à travers cette énième action, les fonctionnaires de la justice ont plaidé pour «l’instauration d’un Etat de droit et l’arrêt des dépassements contre la Constitution». Les protestataires ont par ailleurs exprimé leur «soutien au mouvement de protestation du peuple algérien» et leur «adhésion aux revendications des Algériens, pour un changement politique radical et l’instauration d’une période de transition démocratique».
Selon un communiqué de l’Ordre des avocats de la wilaya, «toute la corporation s’implique désormais dans ce mouvement de protestation et soutient la révolte du peuple algérien». D’après le même document, les membres de cette corporation, plus particulièrement les magistrats, «rejettent en bloc le prolongement du quatrième mandat du président de la République, les mesures anticonstitutionnelles adoptées et les propositions formulées pour constituer un gouvernement de transition politique».
Les avocats ont aussi dénoncé «l’absence d’une référence juridique dans la constitution pour le prolongement du quatrième mandat du Président, mais aussi pour l’annulation de l’élection présidentielle prévue dans un premier temps pour le 18 avril 2019». Selon les avocats, «seule l’instauration d’un Etat de droit souverain et démocratique garantira une transition démocratique souple en Algérie». Les avocats ont par ailleurs rejeté «toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires du pays».
A noter qu’une liste, qui comporte les noms de pas moins de 50 avocats de la wilaya de Bouira, a été élaborée par l’Ordre des avocats, afin de «défendre gratuitement et bénévolement tout citoyen poursuivi en justice pour des faits en relation avec le mouvement pour le changement qui touche le pays depuis le 22 février dernier». Ces avocats ont été répartis sur les cinq tribunaux que compte de la wilaya, et une liste portant leurs numéros de téléphones a été largement diffusée sur les réseaux sociaux.
«Le peuple est l’essence de tout pouvoir»
Plus tard dans la matinée, c’était au tour du personnel de la santé de la wilaya d’entrer en action, en organisant une marche qui s’est ébranlée à partir de l’hôpital Mohammed Boudiaf et jusqu’au siège de la wilaya. Les médecins, infirmiers et fonctionnaires du secteur ont mis en avant des revendications d’odore politique, réclamant «une transition démocratique urgente».
Selon une déclaration rendue publique, «Le personne de la santé assumera ses responsabilités pour le soutien et l’appui du mouvement de protestation du peuple algérien et de ses revendications légitimes». On peut lire dans le même document : «Le système politique doit répondre rapidement aux exigences du peuple algérien pour une transition démocratique et instaurer une deuxième République. Le pouvoir en place doit se rendre à l’évidence et comprendre que le peuple est l’essence de tout pouvoir politique (…)
Le personnel de la santé reste profondément attaché aux valeurs universelles de l’humanisme, des libertés et de la démocratie et la justice sociale, c’est pour cela que nous tenons à dénoncer toute forme d’autoritarisme politique et nous revendiquons une rupture totale avec l’actuel mode de gestion des affaires du pays, en plus de la formation dans les plus brefs délais d’un gouvernement de transition, qui sera composé de technocrates compétents, capables de gérer une période de transition et d’organiser des élections libres et démocratiques».
Les représentants du personnel de la santé de Bouira, ont par ailleurs, lancé un appel à l’ensemble des fonctionnaires du secteur pour «rejoindre les marches populaires organisées chaque vendredi et contribuer à toute forme d’organisation de ce mouvement».
Oussama Khitouche