Tourisme, histoire et traditions

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Ath Braham est une commune relevant de la daïra de Beni Ouartilane et dépendant administrativement de la wilaya de Sétif.

Historiquement, socialement et culturellement, elle constitue la vraie vitrine de la Kabylie dont elle est une partie intégrante.

Avant le dernier découpage administratif, elle dépendait de la municipalité d’Akbou. Lors des dernières chutes de neige, la région fut complètement recouverte (voir photo). Notre reporter s’est rendu sur les lieux quelques jours auparavant.

Située en zone montagneuse comme la majorité des contrées kabyles, Cette commune possède un vaste territoire dont la superficie est de l’ordre de 74 km2. Sa population n’est pas à l’étroit avec 32 villages englobant 14 600 habitants. Riches en histoire, les populations d’Ath Braham ont donné durant la guerre de libération un lourd tribut, en témoigne cette plaque géante en marbre dressée au centre de la placette de la mairie, où sont transcrits les noms de quelques 500 Chahid.

Cheikh El-Mouhoub Oulahbib est d’ici !

Et ce n’est pas tout. Ath Braham a enfanté un éminent savant, Cheikh El-Mouhoub Oulahbib, un homme érudit qui a laissé un trésor littéraire inestimable composé de manuscrits scientifiques. Haddar Abdelhafid en sa qualité de président de l’APC dira au sujet de cet homme à la vie intellectuelle intense et fort remarquable. «La population du village Thala Ouzrou se souvient encore de cette journée d’horreur quand des obus lâchés par des avions de l’armée française pleuvaient sur leurs maisons, et celle de Cheikh L’Mouhoub Oulahbib a été touchée. Une partie des manuscrits cachés dans une trappe a été incendiée. Le reste des œuvres a été récupéré par son fils Djamel Mechahed qui l’a confié à l’Association Gehimab de Béjaïa pour sa restauration, traduction et conservation. Grâce à des fonds fournis par une association canadienne, nous avons donc restauré la maison du Cheikh qui est devenue un lieu de pèlerinage», a-t-il expliqué. L’agriculture est la seule économie pratiquée avec prédominance de l’olivier, un arbre vénéré dans cette région comme on vénère un saint. Les agriculteurs sont les seuls agents économiques donc. Le tourisme de montagne est une activité naissance grâce une association dynamique créée récemment qui tend à le développer. Lors de notre visite, nous avons constaté que dame nature a été elle aussi de la partie, en offrant gracieusement à la région des panoramas enchanteurs à couper le souffle, auxquels s’ajoutent des villages typiquement kabyles juchés sur les flancs des collines ou collés aux flancs comme des ventouses. Des villages construits avec de la pierre locale et charpentés avec de la tuile rouge traditionnelle, ressemblant à des gites ruraux qui attirent irrésistiblement le regard avec la neige de fin d’année restée collée sur les toitures et les prés, tintées de la couleur blanchâtre. La campagne offre ses bienfaits aux citadins de la ville stressés par les façades enfumées des immeubles, les encombrements de voitures sur les chaussées et ceux des piétons sur les trottoirs et placettes, les vacarmes assourdissants diurnes et nocturnes qui crèvent les tampons. Beaucoup de citoyens de la région ont quitté leurs villages pour la ville, notamment pour la capitale, à la recherche du bien-être, mais force est de constater que leur retour durant les week-ends, les vacances ou les fêtes est systématique. «Quand je suis en ville, franchement j’étouffe. Mon seul remède c’est la campagne, le village où je suis né et grandi. Que de plaisir en arrivant à ma contrée. J’ouvre bien les yeux pour contempler les villages des ancêtres gardant encore leur ardeur avec des ruelles proprettes, les eaux minérales et limpides sortant directement des entrailles de la terre, la flore verdoyante dominée par des roses aux senteurs odorantes chatouillant les narines. J’aime aussi m’oxygéner en humant à pleins poumons l’air pur comme j’aime aussi entendre les gazouillements des oiseaux avec leurs chants suaves et mélodieux. Enfin, je fais toujours un crochet à la maison de cheikh l’Mouhoub Oulahbib, cet érudit qui a laissé beaucoup d’ouvrages scientifiques», a indiqué un citoyen de la région vivant à Alger.

En empruntant la RN74, une route de campagne la plus usuelle et la plus adéquate qui mène vers le douar d’Ath Ouarthilane dont fait partie la commune d’Ath Braham. Cette route serpentée est sinueuse, progresse en zigzaguant sur les contreforts de la montagne. Le trajet en vaut bien la peine, la nature nous offre un panorama splendide, de toute beauté un paradis de l’escapade et de l’escalade. Les lurons de la région ont fait le reste en plantant une variété d’arbres vénérés et adulés à l’image du caroubier, du figuier et du seigneur olivier. Cette route est idéalisée par des familles de la région rentrant d’Alger pour des séjours dans leurs contrées à la campagne.

La nature à l’état pur!

Elles s’arrêtent un moment pour des piqueniques en pleine nature tout en s’émerveillant de cette magnificence beauté faite de décors champêtres qui dépaysent la vue et impressionnent l’esprit. Pour sauvegarder et mettre en valeur cette magnifique nature, les villageois n’ont pas trouvé meilleur moyen que de fonder une association intitulée «Algradj», créée par de jeunes dynamiques dont la mission essentielle n’est autre que le développement du tourisme solidaire autour de la valorisation du patrimoine vernaculaire. M. Haddar, président de cette association dira à cet effet : «Pour donner goût de vivre à notre région, nous œuvrons pour le développement du tourisme solidaire. C’est une occasion pour nous de défendre la nature et valoriser notre région qui est un lieu touristique de masse exceptionnel. Ath Braham a besoin de ses enfants là ou ils se trouvent. A ce titre, par le biais des associations d’émigrés de la région établis en France, qui nous ont mis en contact avec la fondation l’Abbé Pierre, cette dernière nous a fait un don d’argent avec lequel nous construisons une auberge de jeunes qui servira pour l’accueil des touristes qui viendront visiter notre commune.

Les émigrés de France et la fondation Abbé Pierre…

Le projet en question est réalisé à 50%. Le complexe touristique comprend 12 chalets de 24 lits, trois grandes chambres, genre suites hôtelières pour les familles, une cuisine collective, une salle d’exposition des produits du terroir, agricoles artisanaux, une salle d’informatique (médiathèque), salle de jeux (billard) et un terrain de sport. Avant même que les travaux de ce complexe ne soient achevés, nous avons envisagé la création d’un jardin de loisirs pour les randonnées pédestres de nos hôtes. C’est une petite pinède située à proximité du complexe que nous mettrons en valeur. Le projet comporte des banquettes (plateformes pour jeux d’enfants), une fontaine, un square qui sera aménagé en bancs et tables en bois avec des allées ornées de fleurs de chaque côté un parking pour voitures. Nous avons déjà dans le cadre d’un échange culturel reçu il y a une vingtaine de jours des jeunes de Timimoune. Des jeunes venus jouir des plaisirs de la nature sauvage qui donne du baume au cœur. Possédant des sites magnifiques et variés, Ath Braham, a acquis ses lettres de noblesse en se hissant au rang d’un phare touristique de masse et de qualité. Cela a donné un plaisir inoubliable pour ces jeunes dont certains ont juré de revenir un jour». Ce n’est pas tout, du fait que le développement est perceptible à Ath Braham, ce que nous expliquera notre interlocuteur : «Nous avons créé un village de 18 logements que nous avons attribués pour les femmes veuves et divorcées avec enfants, de notre commune. En collaboration avec l’ANGEM, chacune a bénéficié d’une aide pour la création d’activités les concernant telles que la couture, la broderie, la cuisine, etc. En ce moment, l’APC s’attèle à recenser toutes les maisons anciennes des villages pour les rendre habitables en les rafistolant. Nous travaillons aussi à la création d’autres activités». Fier de sa région en général et de sa commune en particulier, il termine le tableau qu’il a brossé en rendant un vibrant hommage aux grandes personnalités de la région. «La région d’ath warthilane , notre mère patrie, a enfanté d’éminentes personnalités à l’image de Abdelhamid Benzine, un intellectuel et vrai nationaliste qui a voué toute sa vie pour la patrie qu’il a défendu avec abnégation et sans relâche. Cet humaniste partisan de la démocratie a lutté jusqu’à son dernier souffle pour un idéal qui place l’homme et les valeurs humaines au dessus de tout. Fodil El Wartilani était un penseur et un militant anti-colonialiste Algérien. El-Hocine El Wartilani a consacré sa vie à errer à travers le monde à la quête du savoir. Cheikh El Mouhoub Ouahbib qui a voué sa vie à la science en laissant des manuscrits scientifiques.

Pour récompenser les combats de ces illustres personnalités, la réalisation d’un musée dans la région pour sauvegarder leurs patrimoines s’impose», a-t-il dit. Avec la montagne, le soleil, l’air pur, la verdure à perte de vue, la région du bien vivre, c’est bien Ath Braham.

Une région fière et orgueilleuse de sa culture et de son passé élogieux qui dévoile avec brio ses somptueux espaces de villégiature, de détente et de loisirs, bons pour la santé et le tourisme.

L. Beddar

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