Un site touristique et thérapeutique à promouvoir

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Tamokra, grande commune enclavée de la wilaya de Béjaïa, située en haute montagne où les conditions de vie des populations sont rudes, a pour seule activité économique l’agriculture dominée par la production de l’huile d’olive.

Les autorités locales cherchent les voies à même de créer une dynamique qui puisse intégrer le secteur du tourisme, avec un site qui s’y prête mais dont les moyens font défaut. Le site en question est, bien évidemment, la station thermale de Sidi Yahia El Aâdli, dont les eaux bienfaitrices et thérapeutiques soulageraient bien des maux. D’ailleurs, elle est classée parmi les meilleures stations thermales du pays et reste la seule au niveau national qui n’a pas bénéficié d’une once d’investissement. Elle fonctionne toujours avec des infrastructures anciennes, datant de l’ère coloniale, et malgré cela, elle est toujours fréquentée par des milliers de curistes et de touristes qui lui restent fidèles.

S’y rendre en vaut bien la peine

Le printemps est la saison propice pour les bains thermaux, en raison de la température douce qui plane dans la journée. Il faut dire, aussi, que le printemps est la saison où la végétation atteint son paroxysme et rend les champs verdâtres, ce qui confère à la région un charme éblouissant. Cela attire irrésistiblement les amoureux de la nature, qui visitent la région en se déplaçant à pied, en moto, en voiture, en fourgon… Tous les moyens sont bons, car le déplacement vaut bien la peine, dans cette contrée où il fait bon vivre. En quittant la route nationale 26, au carrefour de Taharacht, en bifurquant à droite, nous nous engageons sur une route étroite, bordée d’eucalyptus géants sur les deux bords. Si à gauche, l’étendue est plantée de jeunes oliviers, à droite, des usines, au nombre de 25, employant environ 2 500 personnes, sont alignées l’une à côté de l’autre. Nous sommes dans la zone d’activité de Taharacht à Akbou, fleuron industriel de la wilaya de Béjaïa, éventuellement du pays, laissée à l’abandon avec une piste en guise de route, un éclairage public défaillant, des trappes de bouches d’assainissement volées non encore remplacées et laissant transparaître des trous géants au milieu de la chaussée, de vrais pièges pour les automobilistes. Nous continuons sur cette route jusqu’au pont de Biziou où, juste à sa sortie, nous tombons nez à nez avec un «trois chemins» où une plaque de signalisation indique que la route menant à la station est celle de droite. Nous sommes émerveillés par tant de beauté qui s’offre à nos yeux. D’abord, la montagne de Gueldamen, qui se dresse comme une grande muraille, cachant derrière elle une partie du douar d’Ath Aïdel où sont disséminés des villages dont les maisons, à l’architecture kabyle, sont construites avec de la pierre locale et charpentées avec des tuiles rouges. Cette montagne dévoile, tout au sommet, des crêtes aux mamelons en forme de dents de scie. Sur le versant ouest, tourné naturellement vers la montagne du Djurdjura, la partie haute au relief escarpé et boisé est dominée par de la végétation drue et des arbres rabougris qui attirent les bergers de caprins. Un peu plus bas, le maquis a cédé place aux oliveraies, dont les arbres sont verdoyants et montrent une bonne santé grâce aux dernières chutes de neige suivies des pluies qui ont bien arrosé la terre. La route qui longe cette montagne, en parallèle avec la rivière de la Soummam, est embellie par des villas éparses, nouvellement construites sur les deux bords, toutes assorties de jardins fleuris qui émeuvent, de par leurs roses au charme inaltérable et aux agréables senteurs qui chatouillent les narines. Dans la rivière, des ouvriers sont à pied d’œuvre et chargent du sable sur un tracteur. Au milieu de la rivière, un filet d’eau ruisselant et scintillant dévale vers Béjaïa en clapotant.

Un joyau de l’art ancien

En avançant sur cette route, à environ quinze kilomètres, une plaque de signalisation indique une bifurcation à droite, pour rejoindre la station par une route en pente descendant jusqu’à l’oued et qui continue par un chemin tracé à même les rocs. Étroit, ce chemin débouche sur un petit parking ne pouvant contenir qu’une dizaine de véhicules. Au-delà les visiteurs continuent à pied. Au détour d’un virage, apparaît le site. C’est un joyau de l’art architectural ancien, situé au cœur d’un massif montagneux. Ce site thérapeutique et touristique centenaire conserve une identité très ancienne. Pour l’hébergement, ceux qui en ont les moyens rentrent sur Akbou où des hôtels et restaurants existent, d’autres, à la bourse faible ou moyenne, se contentent de louer des chambres sur le site. Beaucoup de vacanciers préfèrent le tourisme de campagne, où ils trouvent un cadre féerique dans une nature à la beauté inégalable. Ouverte les quatre saisons, la route qui y mène est très fréquentée par des touristes venus de tous les horizons. La station thermale de Sidi Yahia est généreusement dotée de paysages enchanteurs qui font oublier parfois qu’on est en Algérie. Le panorama splendide qui accueille les amoureux de la nature n’existe nulle part ailleurs.

Une station aux vertus thérapeutiques avérées

La station, située au creux d’un massif montagneux dans un magnifique décor, étale son charme et propose les vertus thérapeutiques avérées de ses eaux. D’abord, une lignée de maisonnettes anciennes, collées à l’une des falaises au relief escarpé et boisé que coupe l’oued Boussellam, l’affluent de l’oued Soummam. Puis, le chemin s’arrête à un local faisant office de café maure où sont servis café thé et tisane, et d’épicerie en même temps où sont vendus des produits d’alimentation tels que le pain, le fromage, les conserves et des limonades. Ensuite, une minuscule pièce, ne dépassant pas les 20m2, fait office de Hammam où des bains sont pris, à tour de rôle, par des femmes et des hommes. A l’intérieur, un petit bassin rempli d’eau chaude, provenant d’un siphon à gros débit d’où coule une eau chauffée naturellement. Certains courageux plongent tout leur corps, les autres se contentent de rester sur le bord et de mettre les pieds dans l’eau. Quand aux peureux, ils remplissent des bidons et laissent l’eau tiédir pour la verser sur leur corps. Pour la détente, c’est un banc en ciment qui accueille des curistes qui veulent se reposer un temps soit peu, en attendant d’autres bains, car le bassin étroit ne peut contenir tout le monde. Une fois sortis du Hammam, les curistes se dirigent vers ces maisonnettes séculaires de fortune, qui ne demandent qu’à être retapées. La clientèle est diversifiée et les adeptes ne viennent pas tous pour un même objectif. Les personnes âgées s’y rendent pour soigner leurs rhumatismes. Beaucoup d’entre-elles trouvent remèdes à leurs maux en s’offrant une cure thermale dans cette station aux eaux bienfaitrices, chauffées naturellement, qui apportent soulagement. Certains jeunes aiment se rendre à ce site pour admirer le panorama formé de grottes féeriques et de décors pittoresques qui charment le corps et l’esprit. C’est un site apprécié pour la détente, tant le calme est doux et apaisant. D’autres, viennent de loin pour une villégiature d’une semaine et pour y passer d’agréables moments de tranquillité dans un petit coin de paradis avec des infrastructures anciennes ressemblant à un gîte rural qui captive avec son extrême beauté. Celles qui tirent le plus profit sont inéluctablement les femmes rurales. Elles trouvent là une aubaine pour sortir de leur cocon, en se rendant à cette station où elles se retrouvent entre elles, en toute intimité à discuter librement dans des séances de bain. Dame nature a tout donné à cette région, en terme de paysages féeriques qui attirent une affluence record. Cela démontre, aussi, que le manque de structures d’accueil modernes n’affecte en rien l’aura de ce joyau millénaire, pour les milliers de visiteurs qui le fréquentent et qui répondent à l’appel de la nature qui semble irrésistible. Selon une information recueillie auprès des autorités locales, les pouvoirs publics ont inscrit, en matière d’amélioration des conditions d’accueil pour cette station, un projet touristique qui sera réalisé dans le futur, mais sa réalisation tarde à être lancée. Ainsi, la modernisation du site, par la construction d’infrastructures d’accueil appropriées et l’aménagement de la route d’accès, pourraient aider à engranger des bénéfices à même de contribuer à sortir la région de son enclavement, à répondre aux aspirations des habitués du site et à séduire aussi d’autres touristes.

L. Beddar

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