Les “zones interdites” renouent avec la vie !

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La wilaya de Bouira est parmi les régions du pays qui ont été durement touchées par le terrorisme.

Une folie meurtrière qui a coûté la vie à des centaines d’innocents au nom d’une soi-disant « guerre sainte » contre l’Etat « Taghout’’ (mécréant). Cette wilaya fut éprouvée par des dizaines de massacres et autres exactions, commis par des bêtes sauvages au nom de l’Islam. Des localités comme Zbarbar, Maâla, Guerrouma à l’Ouest de la wilaya ou encore El Mokrani, Sidi Yahia, Souk El Khmis et autres localités au Sud et à l’Est de Bouira, furent pendant les années de braises, les théâtres d’une guerre tragique et fratricide. Attentats à la bombe, massacres de population entières et autres crimes abominables ont rythmé le quotidien des citoyens pendant des années. Pendant une interminable période, l’enfer avait pour nom : Bouira. Les plus jeunes d’entre nous ne peuvent s’imaginer les atrocités qui ont ébranlé cette wilaya. Cela nous rappelle une phrase d’une célèbre chanson de Charles Aznavour, ‘’je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître’’. Des années durant, on retrouvait des corps démembrés et déchiquetés et des têtes humaines sur des pieux, en guise de « trophées ». Un temps où le simple fait d’acheter un paquet de cigarette et un journal s’apparentait à un acte de bravoure et de militantisme contre l’ignominie terroriste. Une époque où l’enseignant, qui osait tenir un cartable, était traité de tous les noms et menacé de mort. Bref, un temps où l’Algérie était à deux doigts de basculeur définitivement dans le chaos le plus absolu.

 

Si El Makhfi, le « Lion » de Lakhdaria

 

Mais grâce au combat d’hommes et de femmes, ce pays a tenu bon. Il a vacillé sans s’effondrer. Des patriotes qui ont décidé de prendre les armes, sacrifier tout ce qu’ils ont, jusqu’à leur vie, pour que ce pays ne devienne jamais l’Afghanistan de l’Afrique, ne tombe jamais sous la coupe des criminels et des assassins. Parmi ces héros, on citera feu Zidane El Makhfi, qui, en 1994, en compagnie d’une poignée d’hommes, a fait le serment de se battre jusqu’à la mort pour que l’Algérie ne sombre jamais dans les ténèbres de l’intégrisme. Ce serment a très vite mobilisé des centaines pour ne pas dire des milliers de citoyens, qui se sont constitués en groupes d’autodéfense. Un seul but les animait, sauver l’Algérie. Ils n’avaient qu’une seule crainte, non pas la mort, mais voir leur pays, qui avait par le passé sacrifié tant d’hommes et de femmes, retomber dans une guerre où l’ennemi n’était autre que leurs frères, voisins et proches. Si El Makhfi, le lion de Lakhdaria, a été l’un des artisans de la révolte populaire contre l’hydre islamiste. Il prit  la tête de groupes de résistants, les GLD, et forma une couverture de sécurité qui s’est étendue sur plusieurs régions des wilayas limitrophes de Bouira. Ainsi, et en collaboration avec les éléments de l’ANP, les hommes de Si El Makhfi familièrement appelé « Cheikh », frappèrent fort les bastions des terroristes, tels Zbarbar, Bouzegza, Maâla et autres contrées. Des zones où la population était prise en otage par les groupes armés et qui fut libérée par ce brave parmi les braves et ses escadrons. En plus de son engagement militaire, et conscient du rôle des partis politiques, il sera l’un des membres fondateurs du Rassemblement national démocratique (RND). Elu au niveau de la wilaya de Bouira, député à l’APN, ce patriote a toujours servi avec courage et abnégation les intérêts de la nation. Ravi aux siens un 23 mai 2000, Cheikh El Makhfi était l’un des premiers à avoir rendu espoir aux citoyens, en les incitant à résister, pour que l’Algérie reste éternellement debout.  Le souhait ultime  de Si El Makhfi était non seulement d’éradiquer la vermine terroriste, mais aussi de ramener la paix et la stabilité dans une région meurtrie. L’Etat a mis en œuvre, au début des années 2000, successivement, la concorde civile puis la charte pour la réconciliation nationale. Ces deux initiatives, avaient pour unique but de stopper l’effusion du sang, en réconciliant les Algériens. En effet, le principe de ces deux lois complémentaires était ‘’Une arme déposée équivaut à  plusieurs vies sauvées’’. Même si certains détracteurs de cette loi estimaient que la notion de « justice » allait être « bafouée », il n’en demeure pas moins que ces mêmes détracteurs, admettent publiquement et sans ambages que la réconciliation nationale a eu le mérite de sortir l’Algérie de l’engrenage de la violence et l’a remise sur les rails.

 

Retour sur les années de braise

 

C’est une réalité indéniable et irréfutable. Cet état de fait est d’autant plus palpable sur le terrain, notamment dans les régions qui étaient jadis entièrement contrôlées par les groupes armés. La daïra de Lakhdaria et ses communes, à l’exemple de Zbarbar, Guerrouma, Boukram, Bouderbala et autres, étaient, dans un passé pas si lointain, des « zones de non droit » où la terreur régnait en maîtresse des lieux. L’exode massif des populations a réduit ces contrées au statut de « villages fantômes ». Mais avec le temps et une politique des pouvoirs publics, visant la remise sur pied de ces villages meurtris par des années de guerre, ces bourgs revivent à nouveau et recommencent à aspirer à des lendemains meilleurs. Le retour des populations dans leurs localités d’origine restent l’une des actions prioritaires des pouvoirs locaux.  Les communes montagneuses de la wilaya vivent, à la faveur du retour de la quiétude et d’une relance du développement rural, à l’heure du repeuplement des mechtas restées longtemps inhabitées. Ce retour se poursuit progressivement depuis plusieurs années. Sur les 45 communes que compte la wilaya de Bouira, 22 collectivités ayant enregistré un exode de population sont concernées par ce programme qui comprend diverses opérations susceptibles d’encourager et de stimuler le retour de ces citoyens. Les actions engagées par les pouvoirs publics locaux ont porté sur la réalisation de projets : de travaux publics (ouverture de routes, pistes et voies de communication), d’hydraulique (alimentation en eau potable), d’énergie (électricité et gaz de ville), d’habitat rural, d’agriculture, d’éducation, de santé de postes et télécommunications ainsi que des infrastructures administratives. Le volet sécuritaire a également bénéficié de l’attention des responsables locaux avec la réalisation d’une quarantaine d’infrastructures sécuritaires (casernes de garde communale, brigades de gendarmerie, commissariats de police et postes d’observation). Parmi les mesures entreprises, afin d’inciter les citoyens  » exilés »  à rentrer chez eux, l’Etat a misé sur la formule de l’habitat rural. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce plan a eu un franc succès, du moins à l’échelle de la wilaya de Bouira. Ainsi et selon les chiffres de la direction de l’Habitat, la wilaya de Bouira a bénéficié d’une enveloppe financière de 27,63 milliards de dinars. Jusqu’à la fin du mois de novembre 2013, 23 982 unités, sur les 43 285 inscrites depuis 2005, ont été achevées au niveau de la wilaya. L’engouement pour la formule de l’habitat rural et sa réussite sur le terrain a assurément une explication : le caractère rural de la wilaya de Bouira. En effet, sur une population totale de 731 229 habitants, 62 % (soit 447 015 habitants) sont répartis sur le flanc sud du Djurdjura (de la commune de Taghzout jusqu’à Aghbalou), sur les monts des Bibans (d’El Hachimia jusqu’à Ath Mansour en passant par Ath Laqsar, Ath Rached, Adjiba, Ahnif), sur le massif de l’Atlas blidéen (de Souk El Khemis à Boukram, en passant par El Mokrani, Zbarbar, Guerrouma, Maâla, Bouderbala) et sur la région pré-steppique (daïras de Bordj Okhris et Sour El Ghozlane). Outre l’habitat, les autorités ont également mis le paquet pour doter ces contrées de commodités de bases, telles que l’électrification, le raccordement au réseau AEP et au gaz naturel. Les chiffres de la Direction des énergies et des mines dénotent d’une nette amélioration du taux de pénétration du gaz naturel qui approche les 70% à travers le territoire de Bouira et plus précisément dans les zones rurales. Ce chiffre prend une toute autre dimension, quand on le compare à celui de 1999, où le taux de raccordement aux gaz au niveau de Bouira ne dépassait pas les 18%. Les autres secteurs, comme la formation professionnelle, l’enseignement, l’agriculture…etc, ont été également mis à contribution pour  » panser les plaies » d’un passé tragique. Certes, il demeure des insuffisances et des carences, mais l’essentiel est bien là palpable et tangible. Et pour cause, certaines familles qui ont déserté les lieux durant les années de braises ont fini par rentrer chez elles et recommencer une nouvelle vie. M. Djamel Boukabouss, 52 ans, père de trois enfants et grand-père de 5 petits-enfants, témoignera que, depuis 2007, il a regagné son village de Bssibsa, dans la commune de Zbarbar : «J’ai fui les atrocités du terrorisme en 1995. Je me suis installé à la périphérie d’Alger. J’ai tout perdu. Mes terres, mes biens, tout !», a-t-il raconté avec un brin d’amertume. Avant d’ajouter : «Après le retour au calme, vers 2004, j’ai décidé de rentrer chez moi, mais je n’avais même pas l’ombre d’un toit pour abriter ma famille. Suite à quoi, j’ai sollicité l’aide de l’Etat dans le cadre du programme d’aide à l’habitat rural. A ce titre, je tiens à le préciser, j’ai eu toutes les facilitations nécessaires. Et en 2007, je me suis définitivement installé ici et je travaille actuellement dans l’agriculture». Non loin de Bssibsa et plus précisément du côté du village de Thaalbia, d’autres villageois déclarent également avoir bénéficié des aides des autorités pour pouvoir retourner dans leurs villages. «Vers 1993, au tout début des années noires, nous nous sommes résignés à quitter notre terre natale. Mon fils, que Dieu est son âme, était policier. Il était, comme tous ses collègues, menacé de mort par les terroristes. Moi et sa mère étions sans cesse harcelés par ces criminels. Alors, un beau jour, nous dûmes nous décider à plier bagages et laisser tout dernière nous. C’était une décision terrible, mais c’était ça ou terminer égorgés au fond d’un oued !», dira M. Kamiri Ali, la soixantaine bien entamée. Il ajoutera : «Après la mort de notre fils, dans une embuscade près de la commune de Ouled Ayiche, dans la wilaya de Blida en 1996, nous fûmes à notre tour menacés de mort et j’ai été victime d’un kidnapping, dont je me suis échappé par je ne sais quel miracle.  Mais aujourd’hui, tout cela est derrière moi, Dieu merci. Avec l’aide des autorités, j’ai pu bénéficier d’un logement dans ma localité d’origine et aussi d’aides pour faire fructifier mon activité d’apiculteur». Dans le hameau de Boukram, et plus particulièrement le village de Kerbache, certains citoyens, tout en admettant la nette amélioration du climat sécuritaire, déplorent toutefois le manque de commodités et « l’état d’abandon » dans lequel ils se sentent. «Nous sommes encore et toujours réduits à nous approvisionner en eau à partir d’une source située à une dizaine de kilomètres en contrebas», dira un habitant de ladite localité. Selon quelques citoyens interrogés sur le sujet, les autorités de la wilaya s’étaient pourtant engagées à accélérer les travaux de raccordement en eau potable, via le barrage de Koudiat Asserdoun, sis dans la commune voisine de Maâla. Quant au gaz naturel, ces villageois disent désespérés de le voir arriver dans leurs foyers : «Même les bonbonnes de gaz butane nous font défaut ! Nous avons carrément recours au bois pour nos besoins en cuisine et en chauffage», nous a dit un habitant, d’un ton exaspéré. Et d’ajouter : «Cet hiver, comme tous les autres qui l’ont précédé nous avons vécu un véritable enfer, nous étions sans défense devant le froid et la neige.  Une misère indescriptible!». Pour sa part, Ismail, jeune chômeur, notera : «La vie ici est impossible ! On n’a absolument rien, ni travail, ni agriculture, ni le moindre espoir de lendemains meilleurs. Le temps s’est arrêté dans notre village». Comme le prouvent ces témoignages et comme il a été déjà souligné précédemment, des insuffisances restent à combler, mais sur un plan plus global, les villages qui étaient des « zones interdites », renouent progressivement avec la vie.

 

Sidi Yahia, l’exemple !

 

Le douar de Sidi Yahia représente un exemple vivant qui témoigne du retour de la vie dans cette zone aux reliefs et accès difficiles. Ayant bénéficié d’une importante enveloppe octroyée par l’Etat, afin de prendre en charge les besoins des populations en matière d’AEP et d’électricité ce village a enregistré la réhabilitation de plus de 50 kilomètres de routes et la réalisation de plus de 355 logements ruraux, et ce, en attendant le lancement des travaux de raccordement au réseau de gaz de ville. Déserté par ses habitants qui ont fui l’horreur terroriste au milieu des années 1990, Sidi Yahia, un village de 5000 âmes situé dans la commune d’Aïn-Bessem, à l’ouest de Bouira, est en train de revivre. Cet endroit féerique qui surplombe la vallée des Aribs a fait l’objet d’une attention particulière de la part des autorités qui lui ont consacré une grosse part de son plan de développement local afin d’encourager le retour des familles dans leurs habitations et leurs terres, laissées à l’abandon pendant plus d’une dizaine d’années. Le retour progressif des agriculteurs a permis le lancement de plusieurs projets de développement qui ont fait revenir l’espoir. «C’est une véritable résurrection, un retour à la vie», s’est exclamé Saïd, un jeune fellah, qui a réussi à retrouver ses habitudes, entre l’élevage et les vergers. Un véritable bonheur, selon ses dires : «Je ne croyais plus à notre retour. Nous avions quitté le douar en 1993, quand les combats entre groupes terroristes et l’armée faisaient rage. Mais ce qui nous inquiétait le plus, s’étaient les pressions qu’exerçaient sur nous les terroristes pour leur garantir le soutien financier et matériel. Beaucoup de nos voisins étaient obligés de les aider et de les soutenir, financièrement notamment, car les terroristes les menaçaient régulièrement. Souvent, les terroristes faisaient irruption dans nos maisons et s’accaparaient notre argent et toutes nos récoltes… Nous fûmes obligés d’abandonner nos terres, nos maisons et notre village. Nous avons même essayé de refaire notre vie ailleurs, dans les grandes villes. Mais à Alger, comme à Bouira ou Aïn-Bessem, nous n’avons pas réussi à nous épanouir et à réussir nos projets de nouvelles vies. Sans boulot ni espoirs, nous étions perdus, sans repère! », dira, en larmes, notre interlocuteur, avant de retrouver le sourire, en racontant les détails de son retour dans son village natal : « vers la fin de l’année 2000, j’habitais avec ma famille dans un quartier de la banlieue de la ville d’Aïn-Bessem. J’ai été approché par le maire de cette localité et le chef de la brigade de la gendarmerie, qui m’ont invité à regagner ma maison à Sidi-Yahia. Ils m’ont assuré que nous allions avoir toutes les facilités pour relancer notre activité. Je ne vous cacherai pas que j’ai beaucoup hésité au départ, surtout qu’aucune autre famille de notre village n’avait encore rejoint ses terres. Mais après concertation avec ma famille, j’ai enfin décidé de rentrer. Je me suis lancé tout d’abord, dans la réhabilitation de ma vieillie maison, les autorités locales m’avaient beaucoup aidé notamment pour les raccordements en électricité et en eau potable, et grâce à l’aide de la DSA (direction des services agricoles), j’ai réussi, avec mon pères et mes frères, à reprendre l’agriculture. Certes, cela a été très difficile, surtout au début, nous étions seuls au village, mais après quelques sacrifices, nous avons réussi ! ». Il faut dire qu’au niveau du village Sidi-Yahia, l’une des localités les plus touchées par les affres du terrorisme et qui ont souffert de l’exode rural, les pouvoirs publics ont investi de grands moyens, pour repeupler le village.  D’après les responsables de l’APC d’Aïn-Bessem, d’innombrables opérations ont été entamées par la municipalité. Les cinq mechtas composant cette agglomération rurale ont également bénéficié de projets de captage d’eau de sources, de réhabilitation des réseaux d’assainissement et une série d’opérations d’extension de l’éclairage public et du gaz de ville. « Dans le cadre du programme national pour le retour des populations, Sidi Yahia a bénéficié de plusieurs projets de développement, à commencer par une réhabilitation totale du réseau routier et la réouverture de la RN25 qui passe par le village et reliant Aïn-Bessem à Tadmaït dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Nous avions également entamé une opération pour la réalisation d’un nouveau réseau d’assainissement, qui vient d’être finalisé le raccordement au gaz de ville et à l’eau potable sont également inscrits. Le village a également bénéficié d’une salle de soins dotée d’une ambulance et d’un CEM déjà opérationnels depuis plusieurs années. D’autres projets sont également inscrits ou en cours d’études, tel que le projet de réalisation d’un lycée, d’une brigade de gendarmerie ainsi que le raccordement à Internet et au téléphone fixe », nous dira un élu de l’APC d’Aïn-Bessem. Le même responsable nous affirmera que ses services ont réussi les objectif du programme de l’Etat : «Aujourd’hui, et grâce aux efforts consentis par nos services ainsi que d’autres, l’ensemble des villageois sont revenus à leurs maisons et ils exercent généralement le métier d’agriculteurs, grâce également aux aides et au soutien de la DSA de Bouira». D’autres hameaux et douars, éparpillés à travers les daïras d’Aïn-Bessem et de Souk El-Khmiss, à l’ouest de la wilaya, connaissent également un retour progressif et régulier de leurs habitants. Les pouvoirs publics ont situé les priorités stratégiques en matière de développement local, reposant essentiellement sur la question de repeuplement de ces hameaux abandonnés durant les années 90 à cause de la situation sécuritaire. Cette stratégie de développement local, lancée, notamment, au cours des dix dernières années, vise à relancer la vie socioéconomique dans les zones rurales qui couvrent la quasi-majorité du territoire de cette wilaya. C’est d’ailleurs dans cette perspective que plusieurs structures et équipements sociaux ont été réalisés dans ces zones éparses, à l’instar de projets de raccordement aux réseaux électrique et d’AEP, de bitumage des routes et de réalisation de logements ruraux, afin d’offrir les conditions de stabilité aux familles rurales dans leurs terres d’origine. Selon les chiffres fournis par les services de l’APC de Souk El Khmiss, pas moins de 1 546 familles sont réparties entre les centres ruraux et le chef-lieu communal. 128 familles ont rejoint leurs maisons dans les douars relevant de la commune d’El-Mokrani,  après un exode de plus d’une dizaine d’années. Ces familles s’étaient installées dans les communes et les wilayas limitrophes, comme Bouira, Aïn-Bessem, Alger et Blida.

 

Retour improbable à Ath-Rached

 

Il y a plus de trois années, les citoyens des deux villages Hidouss et Helouan, relevant de la commune d’Ath-Rached, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Bouira, avaient saisi les autorités de la wilaya, pour un retour au village natal. Un retour qu’ils conditionnaient par la réalisation d’un forage pour l’alimentation en eau potable, l’électrification rurale, la réhabilitation des routes des deux villages ainsi que la réalisation d’un réseau d’assainissement. Des conditions que les autorités locales avaient pourtant consenti à réaliser, mais le retour restait improbable et pour cause, les citoyens concernés n’ont, pour la plupart d’entre eux, pas remis les pieds sur les lieux, laissant à l’abandon une terre en jachère. D’après les déclarations de certains citoyens, originaires de cette localité aucune famille n’est encore retournée à Hidouss et à Helouan. La raison en est l’absence totale de commodités. «Nous avons tous des oliviers, des terrains et des maisons, que nous avions abandonnés. Mais malgré toutes ses opportunités, personne n’a encore remis les pieds au village, à cause, notamment, de son isolement et de l’absence de la moindre commodité. La route du village par exemple est dans un piteux état et  nos anciennes maisons sont tombées en ruine !», Nous dira Arezki, un quinquagénaire originaire de Hidouss, habitant actuellement au chef-lieu communal. Ce dernier se dit prêt à retourner à son village, mais sûrement pas seul : «Oui, je pourrais faire des sacrifices, car il est clair que le développement va finir pas arriver. Toutefois, je ne pourrais jamais revivre seul à Hidouss, je ne rentrerai qu’en compagnie d’autres villageois !». A travers tour ce qui a été relaté on comprend aisément que les citoyens désirent ardemment rentrer chez eux et recommencer une nouvelle vie. Dans certains cas, le processus s’est déroulé sans la moindre embûche, mieux, avec des facilitations. Dans d’autres cas, ce retour n’a pas été facilité notamment avec l’absence des commodités de base. Mais dans un cas comme dans l’autre, les villageois constatent, d’une manière unanime, que la sécurité et la stabilité sont revenues dans leurs bourgs. Pour le reste, les autorités locales doivent redoubler d’efforts dans le but d’inciter le plus grand nombre de villageois à regagner leurs terres. Après avoir vaincu la menace islamiste, l’Etat a pour autre défi de vaincre la misère sociale en relançant le développement.

Ramdane.B/ Oussama.K

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