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Béni Djellil : La nature a gratifié la région d’un environnement d’une rare beauté : Un éden en quête de développement

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Que de plaisir d’aller visiter la commune de Béni Djellil, dans la wilaya de Béjaïa. Cette région éblouit par son charme légendaire qu’elle étale à des visiteurs en quête de repos.

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Elle offre à ceux qui y mettent les pieds, pour la première fois, une ambiance particulière. En quittant Trouna, le chef-lieu de la commune de Béni Maouche, une plaque de signalisation indique que la commune de Béni Djellil est à quelques kilomètres seulement. La route bien que sinueuse, mais bien entretenue. Elle est bordée à droite comme à gauche de lignées de cactus et d’amandiers qui ajoutent du charme avec leurs fleurs roses et blanches. Toutes les routes qui desservent cette commune sont des chemins qui montent. Certaines constructions, encore en ruines dans des villages et parfois abandonnées, montrent toujours les stigmates de la guerre de libération, dans une région où les combats étaient impitoyables, résultat d’un lourd tribut donné pour recouvrer l’indépendance du pays. Nous sommes au printemps, une saison fabuleuse de l’année où la végétation est extrême, favorisée naturellement par les dernières pluies tombées en abondance et suivies par un soleil radieux. Cela fait que Béni Djellil est habillée d’une couche épaisse d’herbe douce dominée par la lavande, qui délivre un odorat qui embaume l’air avec des senteurs qui chatouillent les narines. C’est ainsi qu’elle est surnommée « la perle de la vallée de la Soummam », par les historiens, les saints et les poètes qui y ont marqué leur passage. Avril est le mois où les hirondelles arrivent. Mais exceptionnellement, cette année, ce sont les émigrés qui sont arrivés les premiers dont certains sont même accompagnés par leurs voisins français, qui ont tenu à visiter la belle Kabylie et que le destin les a fait atterrir à Béni Djellil. Un couple n’a pas caché sa joie en déclarant que le paradis terrestre, s’il y en un, c’est cette région de cocagne. « On a pas regretté en venant en Kabylie. C’est une région fascinante. Les habitants sont vraiment courtois et accueillants. J’ai eu l’occasion de voir un mulet, de le toucher, d’entendre aussi le chant du coq et les jappements des chacals. J’ai mangé aussi les repas culinaires, tels le couscous et les crêpes. On s’est dépaysé avec toutes les subtilités que nous avons découvertes. La vie à la campagne est paisible et les montagnards vivent, apparemment, dans l’insouciance. Il sera difficile pour nous de quitter cette région. On a pris quand même beaucoup de photos et de films souvenirs que nous ferons découvrir aux autres, tout en leur faisant savoir que peu de régions au monde égalent la Kabylie », a déclaré le couple de touristes. Béni Djellil a un territoire accidenté tourné naturellement vers la mer en quête de fraîcheur, en été pour se parer du soleil accablant. En hiver, la neige colonise le village Ijdaren, haut perché sur le pic de la montagne, à quelques 1 400 mètres d’altitudes. C’est un ancien village de la commune classé comme un endroit idéal pour les touristes, attirés par ses vestiges historiques tombés en ruines et devenus des sites touristiques. L’endroit regorge de sources d’eau drainées et servies dans des fontaines, que les populations locales partent chercher à dos de mulets au moment des pénuries d’eau. Région à vocation agricole par excellence, où les cultures les plus dominantes sont l’olivier et le figuier, deux arbres vénérés et adulés par les ancêtres, car ils donnent des produits du terroir. Le miel, aussi, a sa place depuis l’avènement des aides de l’Etat pour booster l’agriculture dans cette région. Des aides qui ont profité surtout, pour les jeunes où un grand nombre ont créé leurs propres ruchers en bénéficiant aussi des formations adéquates dans le domaine de l’apiculture, pour mener à bien leur métier. Les autorités locales, pour aider ces jeunes à faire connaître leurs produits, ont organisé cette année et pour la seconde fois, la fête des produits locaux agricoles, dont les principaux étaient le miel, la figue et l’huile d’olive. Les connaisseurs, d’ailleurs, disent qu’ils sont les meilleurs et les qualifient de produits Bios, du fait que les agriculteurs de cette commune utilisent encore du fumier naturel à la place des engrais. Si la nature a gratifié cette région d’un environnement sauvage d’une beauté incomparable, un éden bon pour l’escapade, elle a aussi accentué la dureté de la vie. Ce qui contraignait, autrefois, les populations à fuir la misère pour aller vivre ailleurs en France ou à Seddouk, la ville la plus proche. Mais, aujourd’hui, l’exode est banni depuis que les pouvoirs publics ont commencé à consentir des subventions pour la création de projets. La commune de Béni Djellil est née du découpage administratif de 1984. Elle compte 16 villages et un chef-lieu, pour une population de 7 900 habitants. Elle a un territoire étroit ne dépassant pas les 27,93 km2. Pour rapprocher l’administration des administrés, deux annexes administratives ont été créées dans l’optique de désengorger le service de l’état civil du siège de la municipalité. Fait remarquable, en arrivant au village Aourir, la propreté et l’entretien de la route sautent aux yeux. Enfin, une commune propre qui mérite d’être citée et récompensée.

Le constat du maire

En entrant au siège de l’APC, un planton nous a accompagnés jusqu’au bureau du P/APC, M. Titem Hachemi, d’obédience FFS, que nous avons trouvé dans son bureau entouré de ces adjoints. Il a commencé à brosser un tableau sur sa commune, en interpellant les autorités de wilaya pour revoir à la hausse les subventions allouées dans le cadre du plan communal de développement, qui ne suffisent pas à répondre convenablement aux doléances des citoyens. « Par manque de ressources communales, notre commune ne vit que de subventions allouées par les pouvoirs publics. Dans ce cadre, le dénuement est perceptible dans les villages. A l’instar des autres communes de la wilaya de Béjaïa, la commune de Béni Djellil a bénéficié d’une enveloppe financière de 30 millions de dinars, entrant dans le cadre du plan communal de développement pour l’année 2014. La somme allouée reste insuffisante et en deçà des besoins exprimés par les citoyens », a souligné le P/APC. Et d’ajouter : « Il nous faut beaucoup plus pour booster le développement, car notre commune est située dans une région déshérité où beaucoup reste à faire ». Il a commencé par parler de l’enseignement, un secteur névralgique chargé de former les élites de demain. « Notre commune possède huit écoles primaires, toutes assorties de cantines scolaires, un CEM et une annexe. Mais, il demeure qu’un lycée est une nécessité pour les 500 lycéens éparpillés à travers les lycées des communes environnantes. Cela implique aussi des charges de transport scolaires faramineuses, du fait que la flotte de l’APC composée de cinq bus ne répond pas au besoin, ce qui contraint cette dernière à la location de bus privés. Le transport est gratuit pour les écoliers. Le choix de terrain pour l’implantation d’un lycée a été fait et adressé à la wilaya pour notification d’un projet qui tarde à venir », a expliqué le maire.

Le gaz naturel, un rêve

Comme deuxième point, il a cité le projet du gaz de ville en se demandant où se situe le blocage du dossier. « Nous attendons impatiemment le projet du gaz de ville qui tarde à être lancé. Vu la dureté des conditions de vie des populations, qui font face à la rareté de la bouteille de gaz en hiver, nous disons aux autorités de wilaya que ce projet constitue une urgence pour nos citoyens, qui aspirent à beaucoup de commodités dans leurs villages démunis. On a fait les plans de masse qui est de notre ressort », dira l’édile en s’interrogeant: « Doit-on attendre que la commune voisine de Béni Maouche, par là où est passée la conduite principale, soit alimentée pour que nous puissions espérer une éventuelle alimentation ? » L’AEP figure parmi les secteurs prioritaires de cette commune aux yeux de ce responsable. « Pour mettre un terme aux fosses sceptiques qui prolifèrent dans notre commune, nous avons consacré 80% des PCD 2014 à l’assainissement et la bataille est loin d’être gagnée. Car beaucoup de villages seront pris en charge dans les PCD à venir. L’alimentation en eau potable des populations est un problème sans solution pour le moment. On a, certes, bénéficié du transfert de l’eau du barrage Tichy Haft, mais malheureusement, les pannes sont toujours récurrentes et sont dues aux conduites intérieures qui sont usées et truffées de fuites. Celle-ci demandent à être refaites, mais cela demande des sommes faramineuses que nous ne pouvons prendre en charge dans le cadre des PCD », a fait savoir le Premier magistrat de la commune qui a mis l’accent aussi sur les quotas de logements attribués par l’Etat à sa commune. « Après avoir distribué un quota de 140 logements, relevant de l’habitat rural dans le cadre du FONAL de l’exercice 2013, il nous reste encore 300 demandes et nous continuons à réceptionner des dossiers. Cela démontre que la crise de logement sévit dans notre commune. L’augmentation du quota est souhaitée pour 2014. Comme nous avons aussi des citadins, notre commune a bénéficié d’un quota conséquent en logements urbains. Un projet de 30 logements sera achevé incessamment, et un autre de 30 logements aussi est en cours de réalisation », dira notre interlocuteur. Le secteur de la jeunesse a été également soulevé par le P/APC. « La commune possède juste une petite salle d’activité et une aire de jeux de proximité. Ces deux infrastructures demeurent insuffisantes pour répondre au besoin de nos jeunes en matière de loisirs, et c’est la raison qui m’a poussé à réserver un terrain de 6 000 m2 pour la réalisation d’un stade digne de ce nom. La demande a été faite à la DJS de Béjaïa et nous sommes toujours dans l’attente d’une notification. Notre souhait est d’avoir aussi un mini complexe sportif et une auberge de jeunes pour des échanges avec des jeunes des autres wilayas », a déclaré le maire qui n’a pas omis le secteur de la santé. « La polyclinique du chef-lieu n’a d’une polyclinique que le nom, car fonctionnant avec un médecin, un dentiste, une sage femme qui ne viennent que temporairement alors que nous sommes en droit de les avoir en permanence pour éviter des transferts de malades à Beni Maouche ou Amizour. Les salles de soins de Milkate et de Bounaim fonctionnent chacune avec un infirmier exerçant cinq jours par semaine. Les demandes, pour doter les villages Aghbala et Taourirth en salle de soins, sont au niveau de l’EPSP d’El Kseur, dont nous dépendons », époumone le P/APC en révélant que ce qui l’irrite le plus c’est les aides insuffisantes au secteur agricole qui est pourtant la seule économie de la commune. « Nous avons bénéficié des PPDRI, dont la plupart des actions individuelles concernant les projets pour jeunes ne sont pas satisfaites. Pour les actions collectives, les projets pour ouvertures de pistes, la mise en valeur des terres et des travaux publics, comme les aménagements de routes, ont été retenus. Ce qui m’intrigue le plus c’est le fait que nos fellahs, qui ont perdu plus de 1 600 arbres calcinés par les feux de forêts, n’ont pas bénéficié de plants de remplacements. J’espère que les services agricoles vont revoir leur copie pour les exercices à venir en nous attribuant notre quota de plants d’oliviers et de figuiers, car notre commune n’a d’économie que l’agriculture et les fellahs, jeunes en particuliers, sont les seuls agents économiques à encourager pour qu’ils ne jettent pas le manche après la cogner », a conclu le responsable. Beni Djellil est une région merveilleuse que la nature a gratifiée de paysages enchanteur à couper le souffle, mais il reste que cette nature n’apporte pas seulement que des bienfaits tant qu’elle accentue aussi la dureté de la vie des populations, dont la plupart sont concentrés dans des villages situés sur des hauteurs faisant face à des frimas hivernaux des plus rudes, notamment à la tombée de la neige qui obstrue les routes coupant une partie de la commune du reste du monde. Une commune d’où est originaire Abdelmalek Sayad, sociologue et auteur de nombreux ouvrages sur la colonisation et l’émigration, ainsi que le footballeur, Karim Bezema, le sociétaire de l’Olympique de Lyon qui est de parents émigrés issus de cette commune.

L. Beddar

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