Accueil Reportage Tigzirt veut reprendre la cote !

La ville balnéaire ne désemplit pas durant la saison estivale : Tigzirt veut reprendre la cote !

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Tigzirt est une ville qui a toujours eu un charme particulier. D’abord, ce n’est pas immense et ça vous donne presque naturellement ce sentiment d’être chez vous, même si vous venez de loin. 

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Très accueillante, son image aurait, cependant, pu gagner plus en éclat. 

Et malgré tout, on l’aime ! Peut-être parce qu’elle n’a pas trop changé. Il y a, en effet, ce côté nature qui ne vous laisse jamais indifférent. Ce qui lui a permis de garder son authenticité et son identité. De nouveaux bâtiments ont, certes, poussé à différents endroits, mais la majeure partie des quartiers ont gardé leur caractère de cité qui est restée avec l’esprit d’un village, où tout le monde connaît presque tout le monde et où on se salue à chaque coin de rue, comme au bon vieux temps. Un temps où la moustache comptait. Le maître d’école respecté. Un temps où on n’osait jamais brandir une cigarette devant son paternel. Ce n’est plus le cas. A Tigzirt, sans doute, non plus. Mais il y a ces ruelles de la basse ville et leurs maisonnettes encore couvertes de tuiles qui vous renvoient dans ce temps-là… Mais l’illusion est plus grande que la réalité. Et Tigzirt a peut-être évolué sans changer. Elle paraît comme écartelée entre ancienneté et modernité. Entre ses sites sauvages enchanteurs et le béton qui envahit sensiblement des pans entiers de rivages de la grande bleue. Malgré tout, Tigzirt reste toujours cette destination privilégiée pour bon nombre de visiteurs. Ses estivants sont du reste des enfants de la région, ou des villages environnants. Elle s’est accommodée depuis bien longtemps du tourisme de proximité. Et ça lui va bien d’ailleurs. 

Une ville littorale, pas encore touristique !

Pour le grand standing, elle en est encore loin. Au train où vont les choses, ce n’est pas demain qu’elle prétendra rivaliser avec Palm-Beach. Tigzirt la touristique, c’est toujours l’hôtel Mizrana, même s’il y a eu ce port de pêche qu’on assimile, à défaut de mieux, à une baie de plaisance… L’esplanade est, du reste, belle et les familles y trouvent un espace de vadrouille, mais sans plus. Pas vraiment viabilisé pour la villégiature. A peine un espace réduit dédié aux enfants. Normal, c’est un port de pêche. C’est sa vocation. Mais c’est connu, quand on n’a pas le choix, le meilleur est toujours ce qu’on a sous la main. Et pourtant, en théorie, Tigzirt aurait pu constituer, en effet, une référence faite d’une chaîne de complexes d’évasion et de liberté. Mais la réalité est toute autre. Tigzirt reste que du littoral… Et pourtant, c’est un maire très sympa, jeune et ambitieux qui est aux commandes. Sauf que très pragmatique, quand il parle de son objectif principal, il se contente d’évoquer le projet de l’alimentation de la région en eau potable ! Le réseau très vétuste qui date des années 1970 pour certains quartiers de la ville. Le gaz de ville n’est, pour sa part, pas encore généralisé. Les entreprises ne sont pas pour autant en retard dans les chantiers engagés. Les délais sont respectés, mais on semble s’y être pris tardivement. De la salle de cinéma de la ville, il ne reste que la salle. L’aménagement urbain de la ville est à refaire ! Les trottoirs sont défoncés. La chaussée n’est pas mieux lotie. On dit que tout sera refait d’ici la saison estivale. Mais pour l’heure, ça reste des paroles ! Et des urgences qui attendent d’être prises en charge. Tout comme l’éclairage public défaillant ou encore ces coupures intempestives d’électricité. Ce sont là des doléances du maire en poste. La poussière, qui monte de partout, au passage des camions, semble s’incruster dans ce décor… et la cité subit. C’est tout juste si on ne rigole pas de ces «pauvres» Français qui ont décrété la circulation des voitures en alternance selon le dernier chiffre, pair ou impair, de la plaque d’immatriculation, pour réduire la pollution de l’air à Paris. Mais le plus urgent, c’est sans doute de faire face à ces glissements de terrains qu’il faudra conforter aux sorties Est et Ouest de la ville. Et puis il y a cette catastrophe qui a emporté partiellement le CW72 à Hagua, à quelques encablures de la rentrée de la ville. Pour ceux qui ne connaissent pas le CW72, c’est le chemin de wilaya principal et unique qui dessert Tigzirt, à partir d’El Kelaâ (Par Makouda et Boudjima). Un beau gâchis occasionné par des promoteurs privés qui s’en sont pris à la route par le bas, en plus, sans permis de construire, paraît-il ! D’ailleurs, l’affaire serait, dit-on, entre les mains de la justice. Mais le mal est fait. Et sa réparation risque de constituer un grand souci à la veille de la saison estivale. Sur le même tronçon, à hauteur de la municipalité de Mizrana, d’autres glissements sont aussi enregistrés et la DTP ne semble pas y mettre le sérieux qu’il faut. C’est à peine si on colmate, avec du remblai à la pelle, la route éventrée ! Aucun confortement par le bas. Et pourtant, le plus déglingué des insouciants vous dira que ça ne tiendra pas, de la sorte. Mais ça roule ! Pour le moment.

Les affaires fleurissent en été

Et les usagers passent et repassent sans brancher. Comme si tous ces manques avaient déjà intégré le quotidien de la population locale. On positive, comme dirait l’autre, en attendant des jours meilleurs. Qu’une ville meilleure émerge. Qu’une autre prise de conscience prenne le dessus. Celle d’une culture plus tournée vers le tourisme. Dépasser cette fougue opportuniste des commerçants locaux et autres qui y viennent ‘’s’immigrer’’ pour ne pas rater la saison des affaires. Ils se mettent en embuscade, à chaque été. C’est à croire que Tigzirt ne s’ouvre qu’à la fin mai pour replonger dans son hibernation dès septembre. Une période durant laquelle le bizness explose. Mais à défaut d’une réglementation, l’activité reste en catimini, dans l’illicite… On peut devenir riche, très riche même, à juste vendre des bouts de pain frites omelette, à louer des parasols, ou encore à s’improviser gardien d’une rue… Pour les affaires dans l’immobilier, c’est une toute autre histoire. Pour l’anecdote, les appartements sont loués à longueur d’année à une moyenne de 10 000,00 à 12 000,00 DA mensuellement, avec condition de libérer les lieux entre juin et août. C’est comme ça ! Car les prix sont carrément multipliés par dix en période estivale. Pour l’achat et la vente, un F3 en semi fini se négocie à quelques six cents voire sept cents millions de centimes. Ces chiffres approximatifs sont du maire de la ville, M. Abbou Moussa. Il dit que la saison lui coûte (pour l’APC) à peu près un milliard, pour en tirer, au bout, quasiment zéro dividendes, si ce n’est les quelques sous des recettes de locations de parkings et de buvettes. Voilà peut-être un bilan comptable superficiel qui explique pourquoi tout le monde y trouve son compte, sauf la municipalité dont le destin reste très dépendant de la volonté centrale.

Djaffar Chilab

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