Le gaz, c’est pour bientôt !

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Akerrou, qui tente, vaille que vaille, de renaître de ses cendres et d’en finir avec la précarité et l’isolement, n’offre pas les commodités de base à même de permettre de sédentariser la population et stopper l’exode qui constitue une spécificité sociale locale, au même titre que plusieurs autres communes déshéritées.

Avec un taux de chômage avoisinant les 80%, les jeunes de la commune d’Akerrou quittent leurs villages par « grappes » humaines. Lassés par la précarité monotone, faute de projets créateurs d’emplois, les citoyens de cette commune ne croient pas en leur destin. Les rares téméraires qui y sont restés ont eu l’audace de solliciter des aides de l’Etat, dans le cadre des dispositifs d’aide à la création d’entreprises, Ensej, Angem et Cnac, souligne le maire de la commune, Mohammed Maouel. Celui-ci précise que les jeunes bénéficiaires ont tous opté pour l’élevage et la production du lait. Des activités d’agriculture de montagne, en somme, pour lesquelles les chômeurs d’Akerrou ont jeté leur dévolu, « faute de mieux ». Les rares habitants de cette municipalité confinée au piedmont de Tamgout culminant à 1 275 mètres d’altitude, témoignent, tous, le sentiment d’abandon et du laissé-pour-compte. De quoi vivent-ils dans cette localité qui vacille sur une ponte rocailleuse jaillie dans la forêt de l’Akfadou ? « Comme moi, la majorité des habitants vivent de l’élevage. Nous ne faisons pas de la transhumance, mais nous avons, pour la quasi-totalité des familles d’Akerrou, quelques têtes de bovins et de vaches laitières qui suffisent à nos besoins », nous dira un jeune berger que nous avons accosté à l’entrée du chef-lieu communal. Eloigné de son petit troupeau de moutons, le berger nous informa que peu de familles continuent de se suffire des pensions de retraites, notamment les pensions de retraites en devises : « Très peu d’immigrés ont survécu. Les rares qui restent en vie perçoivent encore leurs retraites de France, mais peine à satisfaire leurs familles dont les besoins ont grandi. Quant à la nouvelle génération d’immigrés, elle ne se satisfait plus en raison des crises qui touchent les pays d’accueil. À mon avis, être immigré en France ou berger chez soi, c’est du pareil au même». La commune peut, néanmoins, se targuer d’avoir construit une bibliothèque municipale. Une très belle infrastructure de culture et de savoir dotée de moyens modernes, témoigne le maire. Adossé à celle-ci, un centre d’apprentissage, CFPA, a ouvert ses portes, il y a moins de quatre ans, où une promotion a été déjà formée. Bien que la commune ne souffre pas de manque de fonciers, à en croire le président de l’APC, très peu de projets de proximité y sont inscrits et souffrent de lenteurs d’exécution. Trois projets, et non pas des moindres, tiennent à cœur les villageois d’Akerrou qui totalisent une population de moins de 5 000 habitants. Il s’agit du raccordement au gaz naturel, de l’aménagement urbain et du ramassage des ordures ménagères. La gestion de ce dernier devra permettre de mettre fin à la prolifération des décharges sauvages qui infestent les douze villages et plusieurs endroits du chef-lieu communal. Ainsi, si le raccordement au réseau d’AEP, à partir du barrage Taksebt vers le flanc nord de la wilaya, a été réalisé en hiver dernier, la dotation des villageois en gaz naturel ne devra pas tarder, selon le maire, Mohamed Maouel, qui confirme que le projet « est enfin débloqué ». Mais notre interlocuteur, qui dit toute sa fierté d’avoir réussi à assurer le ramassage scolaire à 100% et d’avoir su répartir les infrastructures de loisirs (maisons de jeunes) sur six villages, déplore les lenteurs et les blocages du projet d’aménagement urbain, (voir l’interview).

M.A.T.

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