«Poumon d’Alger» et ses heures de gloire

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Pour aller au jardin d’essai du Hamma, les moyens sont multiples et l’assurance d’en revenir ravi relève du pléonasme.

Pour aller au jardin d’essai du Hamma, les moyens sont multiples et l’assurance d’y revenir ravi relève du pléonasme. En effet, de là où on puisse se trouver, que ce soit du centre d’Alger ou de sa périphérie, point de tracas pour s’y rendre. De la place de la Grande poste, il suffit d’emprunter le métro pour que « le poumon d’Alger » soit votre réceptacle vert, au bout de quelques minutes seulement. D’ailleurs, depuis l’ouverture de ce moyen de transport qui n’avait que trop duré la fréquentation de ce lieu mythique a connu une ascension fulgurante, selon un des agents chargés de la vente des tickets d’entrée. On y vient de partout. De Blida, de Tipasa, de Tizi-Ouzou et même de certaines wilayas du sud, notamment durant les vacances scolaires où une virée dans ce lieu paradisiaque est souvent le point central d’une excursion. Parmi les visiteurs, on peut y trouver les amoureux de la nature qui viennent observer, toucher et humer les essences végétales du monde entier ainsi que ses allées ombragées de caoutchouc centenaire qui en font un circuit de promenades idéal. Tout comme il est loisible d’y rencontrer de nombreuses familles venues des wilayas environnantes pour visiter le zoo familier (le 1er en Algérie) qui est assez bien fourni, bien que petit, pour satisfaire la curiosité des enfants avides de voir rugir un vrai lion, ou se délecter d’un flamand rose dont on a appris, du reste, que cette espèce est la plus répandue et qu’il est l’un des plus beaux oiseaux que nous puissions observer, avec son plumage flamboyant et ses petits yeux jaune vif.

«J’y viens régulièrement avec mes enfants pour profiter de ce magnifique décor »

Du côté mer, où une grande porte en fer forgé donne accès directement au zoo, de nombreuses voitures et autocars sont soigneusement garées après avoir déversé leur lots de visiteurs pour une journée mémorable et riche en enseignements. Des familles, dont l’accoutrement est caractéristique des wilayas d’origines, viennent s’y reposer ou tout simplement tenir une promesse faite aux enfants de venir ou de revenir en ce lieu qui ne laisse vraiment pas indifférent. Comme cette famille venue, très tôt le matin, de Ain Benian pour passer la journée à l’ombre des ficus et se promener dans ces allées verdoyantes et enchanteresses de ce jardin unique en matière de richesse florale. Mustapha, 45 ans, se rappelle ses souvenirs de ce parc. Il avait l’habitude de s’y rendre lorsqu’il était enfant. « J’y viens régulièrement avec mes enfants pour profiter de ce magnifique décor », assure-t-il. Attablée sur la terrasse de l’une des pizzerias, une famille de Bouira, présente à Alger depuis deux jours pour assister à la fête d’un proche, a tenu à faire un détour par ce jardin, tant encensé par leur fille étudiante à l’université de Bouzaréah. « Nous sommes à Alger pour assister au mariage d’un neveu, mais nous avons tenu à faire un détour par ce jardin dont notre fille nous a parlé », nous a appris  Mohand, la soixantaine bien entamée, exerçant dans l’électroménager à Bouira. Et au vu de l’acquiescement des autres membres, tout indique que ce qui a été enjolivé par l’étudiante relève du réel tant la quiétude de ces lieux et les jardins soigneusement entretenus sont bien réels. Mais durant notre virée en ces lieux de rêve, il nous a été donné de croiser des visiteurs qui s’attendaient à mieux. C’est le cas de Ahmed, fleuriste à Ain Benian, qui ne s’est pas empêché de nourrir certaines amertumes en regrettant le professionnalisme de certains agents exerçant dans les pépinières du jardin. « C’est un jardin sublime que je visite à chaque fois que je séjourne à Alger. Dommage que les informations sur les différentes plantes soient sommaires et les agents sensés nous informer ne donnent pas l’impression de maîtriser le sujet », nous a-t-il dit sur un ton de désolation. Mais ce lieu calme et attrayant est également prisé par les jeunes couples désireux de se retrouver, le temps d’un après-midi, pour se tenir par la main. Ce qui constitue une prouesse derrière les grandes grilles de ce jardin plein de magie. Une question de spleen assurément. Ce qui est certain, c’est qu’il est permis d’admettre que le centre ville, bourdonnant d’activités, est à la fois si proche et en même temps si lointain. 

Ferhat Zafane

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