Une commune en plein essor

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Dans la commune de Béni Maouche, dans la wilaya de Béjaïa, la plupart des villages sont desservis par des routes sinueuses dont certaines sont dans un piteux état nécessitant des projets de réfections dans l’immédiat.

Cette commune en pleine essor de développement au passé glorieux ne cesse d’émouvoir et d’éblouir passants, visiteurs et touristes nationaux et étrangers en quête de paysages enchanteurs. Samedi passé lors de la visite du wali de Bejaïa effectuée au village Ighelden relevant de cette commune où nous étions conviés à couvrir l’événement, nous avons profité de cet instant qui nous a été offert pour aller dans les entrailles de cette magnificence féerique et magique. Nous avons emprunté la RN 74 qui traverse le territoire d’Amdoune n’Seddouk, une région où domine la culture oléicole qui est présente pratiquement sur tous les flancs, plantés d’oliviers alignés les uns à côté des autres. Continuant notre ascension, nous traversons le village qui subit les frimas hivernaux, Tighilt Oumechim situé au piémont de la montagne d’Achtoug. Fait marquant, changement de décor naturel. Les oliviers ont cédé la place aux figuiers. Et on ne vous dit pas comment cet arbre est vénéré et adulé par les populations locales du fait qu’il donne comme fruits les figues fraîches qui deviennent après séchage des figues sèches. Un produit du terroir à qui il est consacré chaque année une fête grandiose dans cette commune. Un autre fait marquant mérite d’être signalé. En quittant le territoire de la commune de Seddouk et entrant dans celui de Béni Maouche, la propreté est perceptible du fait que les accotements sont très propres attestant des efforts louables de l’association locale qui lutte inlassablement pour maintenir les routes propres. Pourtant il y a 20 ans, le col d’Achtoug situé à l’entrée du chef-lieu contenait la décharge publique de la commune. Aujourd’hui, la décharge a été éradiquée et cet endroit édénique possédant une vue imprenable sur la haute vallée de la Soummam et une partie du flanc Est du Djurdjura, a repris ses lettres de noblesse d’un site touristique par excellence. L’association a planté des arbustes d’ornement tout le long des accotements et a érigé des garde-fous tout en installant des pancartes invitant les automobilistes à respecter l’environnement en évitant de jeter leurs ordures ménagères et autres déchets aux abords de la route. 

Les visiteurs accueillis avec d’agréables senteurs

Les milliers d’automobilistes sont accueillis avec d’agréables senteurs qui chatouillent les narines. Une famille venant d’Alger pour rejoindre son village situé au douar d’Ath Yaâla s’est arrêtée à cet endroit pour casser la croute, se reposer un peu et reprendre la route après avoir pris un peu d’air. En s’arrêtant nous aussi à cet endroit devenu irrésistibles avec le charme qu’il confère, on a demandé à l’un de ses membres pourquoi le choix a été porté sur ce col pour un pique-nique et il nous a répondu : «Avant, on s’arrêtait tout en bas pour manger en pleine nature, c’est-à-dire juste en entamant la RN 74 qui est aujourd’hui souillée par les amas d’ordures ménagères qui jonchent ses accotements. Voilà les raisons qui nous ont poussés à opter pour ce col qui mérite une Palme en matière de propreté qui allie aussi la tranquillité et offre une détente extraordinaire. Pendant que le moteur se refroidit, nous prenons notre déjeuner tout en scrutant les paysages enchanteurs de la vallée de la Soummam et les panoramas splendides du mont Djurdjura. On est vraiment comblé ». En continuant notre route, on ne pouvait s’empêcher de regarder à travers la vitre pour prendre ce plaisir de voir les champs grouillant de monde. Il est facile de deviner que la campagne de ramassage des olives bat son plein dans cette région où le figuier et l’olivier occupent l’ensemble des terres agricoles. La campagne des figues vient d’être clôturée pour céder la place à celle des olives qui vient d’être amorcée. Pour le ramassage des olives, ce sont tous les membres de la famille qui sont mobilisés pour la circonstance, nous dira un homme rencontré sur la route avec un mulet chargé de sacs de jutes pleins d’olives. « Le ramassage des olives nécessite beaucoup de main-d’œuvre. Donc chaque famille utilise tous ses membres qui se partagent les tâches. Les hommes s’occupent du gaulage, les femmes du ramassage et les enfants du gardiennage des bêtes » a souligné notre interlocuteur. Au détour d’un virage apparaît « Trouna », le chef-lieu qui languissait au soleil d’automne. Edifié sur un plateau, ce chef-lieu ou toutes les couleurs naturelles se sont donné rendez-vous, brille au soleil du jour qui vient à peine de se lever. 

Ighelden, un village qui manque de tout ! 

L’herbe qui commence à sortir de terre ajoute de la verdure aux arbres des jardins formant une belle mosaïque avec l’ancien bâti dont les maisons tenant encore le coup ressemblent à des gites ruraux de campagne. Nous traversons cette ville propre pour rejoindre le village Ighelden, objet de notre mission. On a été accueilli par Mohellebi Mustapha, le responsable de l’association locale qui nous a donné toutes les informations pour satisfaire notre curiosité. « Notre village est habité par une seule famille, les Mohellebi, ma famille. Nous avons en tout 25 familles pour 500 habitants environ. Chaque famille à donné un martyr durant la guerre de libération. Nous comptons en tout 15 martyrs dont trois femmes. On a décidé d’ériger une plaque commémorative en marbre ou seront transcrits leurs noms et c’est l’un des projets que le wali a visité pour poser la première prière. Comme il a visité le projet de la future mosquée pour y poser aussi la première pierre. Mais avant tout ça, le wali a inauguré cette route menant à notre village que vous avez empruntée dont le projet de bitumage sur deux kilomètres vient d’être achevé. Nous avons fait part aussi au wali des insuffisances dont souffre notre village en matière d’infrastructures. Notre jeunesse souffre le martyre en ce qui concerne les loisirs. On a anticipé dans le choix de terrain pour la construction d’une maison de jeunes. On a profité de cette occasion pour dire au wali de nous inscrire un projet pour sa réalisation vu son importance car il sortira de l’ornière la masse juvénile locale. Des jeunes qui ont besoin aussi d’un stade de proximité pour arpenter, balle au pied, une pelouse en organisant des rencontres et des tournois inter-villages. Nous avons aussi besoin d’un projet pour l’extension et la réparation de l’éclairage public. Comme nous souffrons des pénuries d’eau en étant alimenté des forages de l’Oued Boussellam, nous avons dit au wali de nous aider à réaliser un forage et un château d’eau. Comme nous ne vivons que des produits de la terre et regardez bien autour de vous pour voir que toutes les parcelles sont bien travaillées et que les habitants sont des agents économiques exerçant dans l’agriculture, nous avons besoin d’un PPDRI prenant en compte les actions collectives et les actions individuelles qui vont encourager les jeunes à créer leurs propres entreprises dans le cadre des activités agricoles », a expliqué en détail notre interlocuteur. 

Une commune aux 1014 chahids

À 9h, le wali des Bejaïa, Hamou Ahmed Touhami, est arrivé sur les lieux où une ambiance de fête régnait. Il a été dirigé dans une salle à l’entrée du village où l’attendaient les responsables locaux et des invités de marque. Il a ensuite sillonné à pied tout le village écoutant les guides locaux sur ce qui a été fait et sur ce qui reste à faire dans cette bourgade tirée du néant par cette visite du premier magistrat de la wilaya. Il a terminé sa visite à midi. En revenant de notre mission, nous avons marqué une halte au chef-lieu pour cette fois-ci connaître l’histoire de cette commune. Sans conteste, Béni Maouche reste l’une des anciennes régions du douar d’Ath Aidel. Une chose est sûre, elle est enracinée dans un passé lointain mais faute d’écrits qui constituent des preuves matérielles palpables pour faire toute la lumière, on s’est contenté de s’intéresser à un passé récent. Durant la guerre de libération les habitants de Béni Maouche ont participé activement aux combats contre l’armée française en fournissant des vivres et refuges aux Moudjahidine. Quand les autorités françaises l’avaient su, elles ont délocalisé les populations vers les villages de Seddouk et ont classé cette région «Zone interdite». Cette commune a donné ses meilleurs fils à l’image du commandant Si Hamimi, homme très estimé par le colonel Amirouche pour son dévouement. Elle compte 1014 chahids. A l’indépendance, la région de Béni Maouche dépendait de la commune de Béni Chebana. Enclavée, la paupérisation s’installa et des familles entières s’étaient enfuies vers la grande ville à la recherche du bien-être d’où un exode rural massif. Une justice lui a été rendue en 1984 quand les pouvoirs publics ont décidé de la hisser au rang d’une commune dans le cadre du découpage administratif. Elle a bénéficié d’une autre promotion qui l’a érigée au rang de daïra en 1991. Pour bénéficier d’un développement adéquat qui mettrait fin au dénuement des populations vivant dans la misère suite au manque flagrant d’infrastructures sociales, économiques et industrielles, les autorités locales qui se sont succédé depuis à la tête de la municipalité ont toutes retroussé les manches pour rattraper un retard exorbitant. Elles couraient faisant du porte à porte des institutions étatiques demander leur part de développement. Mais les quinze dernières années et surtout avec l’arrivée de feu Laidaoui Rabah comme président de l’APC, Béni Maouche a fait un boom extraordinaire rattrapant un retard né à l’indépendance du pays. Un développement qui n’est pas fortuit mais qui est réalisé grâce à des hommes de valeurs que cette commune a enfantés, vivant localement ou dans la grande ville, conjuguant leurs efforts pour faire de leur région «la pupille» du douar d’Ath Aidel et ils ont réussi en quelque sorte ce que nous avons constaté d’ailleurs lors de notre passage dans cette commune. Une commune qui est un modèle de développement. Pour satisfaire notre curiosité nous sommes entrés dans une épicerie d’alimentation générale située en face de la pompe à essence où des sacs en plastique blanc remplis de figues sont empilés l’un sur l’autre jusqu’au plafond. L’épicier nous montre un échantillon de figues alléchantes dont le prix oscille entre 500 et 600 dinars le kg. Sachant qu’ailleurs les spéculateurs la cèdent entre 800 et 1.000 dinars pour des qualités qui laissent parfois à désirer, pour ne pas dire immangeables, on ne s’est pas empêchés d’en acheter. Ainsi s’achève notre visite dans une commune en plein essor de développement. Une villégiature de quelques heures agréablement passées avec un espoir d’y retourner en été une période très animée avec le retour des émigrés et des vacanciers locaux sans lesquels les fêtes de mariages ne se tiennent pas, nous dit-on. Période aussi où l’on peut savourer des figues fraîches et de barbarie (Akermous) à satiété car elles garnissent les tables dans tous les foyers.

Reportage réalisé par L.Beddar

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