Faire une visite à Bouhamza, dans la wilaya de Béjaïa, en vaut la peine de par les subtilités qu’offre cette commune de montagne en plein essor, alliant des paysages naturels enchanteurs et des sites touristiques anciens ou nouvellement créés qui émerveillent par leur beauté.
En effet, le printemps reste la saison propice pour les sorties à la campagne où la verdure atteint son paroxysme en cette période fabuleuse de l’année. Nous avons choisi de faire une virée à cette commune considérée la pupille du douar d’Ath Aidel. Eloignée d’environ 30 kilomètres du chef-lieu de daïra, d’une superficie de 77,86 kms2 et d’une population avoisinant les 10.000 habitants au dernier recensement de 2008, c’est une commune en pleine mutation grâce aux subventions que lui accordent les pouvoirs publics dans les différents programmes (PCD, PSD, FCCL). C’est une commune qui ne possède point de recettes communales. Juste en quittant la zone d’activité de Taheracht, on sent qu’on a mis les pieds dans une zone touristique qui émeut par ce que Dame nature lui a façonné comme environnement sauvage agréable à contempler. En empruntant la route qui mène vers Bouhamza, dont le premier tronçon d’environ six kilomètres passe entre l’oued Soummam et la montagne de Gueldamen, nous croisons ou dépassons beaucoup de voitures. Nous ne sommes pas seuls sur cette route de par le nombre de voitures immatriculées de différentes wilayas du pays roulant sur cette route qui renseignent, si besoin est, combien la région est prisée par des touristes qui viennent de partout la visiter car chacun trouve son compte. Ce qui a attiré le plus notre regard c’est un berger qui fait paître ses bêtes pas sur la partie cultivable du flanc mais sur une parcelle inculte dominée par des arbres rabougris, une végétation drue et des garigues. Pendant que les bêtes broutaient, il jouait de la flûte en roseau des mélodies suaves qui attirent certains passants qui ne s’empêchent pas de s’arrêter pour écouter. Certains prennent même des photos du berger et de son troupeau, comme nous avons fait nous aussi. Le premier site que nous avons visité fut la station thermale de Sidi Yahia el-Aâdli. Nous roulons sur la grande route traversant une étendue plaine. Nous arrivons à un trois chemins où un panneau de signalisation indique la direction à prendre pour rejoindre la station thermale qui est desservie par un chemin étroit qui descend jusqu’à l’oued Bousselam. Cette station thermale est connue pour les bienfaits de ses eaux bouillantes naturellement qui sont un remède pour plusieurs maux. Ses clients sont particulièrement des personnes du 3° âge. Elle est collée au flanc d’une montagne qui se dresse comme une grande muraille posée d’aplomb. Composé d’un petit parking d’une contenance de 20 véhicules environs, de maisonnettes anciennes dont certaines sont tombées en ruines, d’autres tiennent encore le coup. Le hammam est composé d’une minuscule chambre où sur l’un des côtés un grand bassin rempli d’une eau bouillante coulant d’un siphon et sortant directement d’un rochet. Nous avons appris d’un élu de la commune de Bouhamza que cette station a bénéficié d’un projet d’envergure pour la création d’un centre thérapeutique consistant en la réhabilitation du vieux bâti et la construction d’un complexe hôtelier. Comme nous avons appris que des grottes merveilleuses ont été découvertes par des chercheurs en archéologie. On était même pressé de les découvrir. En arrivant finalement, on a trouvé sur place des explorateurs qui travaillent d’arrache-pied pour inventorier toutes les subtilités découvertes jusque-là comme les stalactites, les stalagmites et des objets en formes humaines, animales et autres. Se rendre dans la commune de Bouhamza et ne pas faire une virée au barrage de Tichy Haf est un péché disent ceux qui l’ont visité. C’est un petit océan d’eau bon pour la détente des familles qui se mettent sur les rivages et contemplent les eaux bleues, les oiseaux qui flottent à la surface, des poissons qui arrivent jusqu’aux rivages pour happer la nourriture qui leur est jetée. Il y a aussi ce jour-là des pêcheurs qui jetaient leurs hameçons ce qui amuse les présents. Quand un poisson est attrapé il est retiré de l’eau d’un geste vif, tout en se balançant dans les airs, le pécheur le ramène doucement à son niveau pour le prendre et le mettre dans un récipient déjà à moitié plein de poissons. Un pêcheur de Seddouk qui s’est présenté comme un habitué des lieux a exhibé un gros poisson. «Comme ce poisson que je viens de vous montrer, il dépasse les six kg, il m’arrive d’attraper des pièces pesant jusqu’à dix kg. En fin de journée je rentre avec une bonne quantité de poissons, j’enlève mon quota car je suis un mordu du poisson, le reste je le vends», a souligné notre interlocuteur. Les trois sites merveilleux que nous avons visité que nous n’oublierons pas de sitôt en restant dans l’espoir d’y revenir un jour, feront, à coup sûr, de la commune de Bouhamza un pôle touristique par excellence qui stimulera l’économie de la région dominée pour le moment par des activités agricoles à maigres revenus, ce qui fait que les jeunes de Bouhamza partent en France, d’autres vont ailleurs notamment à Akbou monnayer leur force de travail.
Tansaout ou la «province verte»
Seulement, l’IR Bouhamza, l’équipe de football locale qui a évolué dans le championnat de la division pré honneur de Béjaïa a quitté la compétition officielle juste au début de cette saison à cause d’un manque de moyens, nous dira un membre du club qui souhaite la voir revenir à la compétition le plus tôt possible pour rendre espoir à des centaines de jeunes amateurs avides du sport roi qu’est le football. Nous avons quitté le chef-lieu en continuant notre route vers Tansaout, un village appelé la «province verte» du fait qu’il est le seul à être situé à la lisière du barrage de Tichy Haf. Si une partie des habitants se sont installés à Alger la capitale, les familles restées au village travaillent toutes l’agriculture profitant des eaux du barrage pour l’irrigation. Les produits tirés de la terre sont considérés «bio» et ils sont bien cotés sur les marchés de la région. Après Tansaout, notre dernière escale fut à Tachaout, un village vidé de ses habitants aussi. Beaucoup de familles sont parties s’installer à Seddouk durant et juste après l’indépendance. Le séisme de l’an 2000 qui a frappé la région a fait aussi des sinistrés qui ont vu leurs habitations détruites. L’Etat leur a accordé des logements collectifs mais seulement, depuis que les travaux de la première tranche ont été achevés en 2002, les bénéficiers attendent toujours l’octroi de la subvention de la deuxième tranche qui tarde à arriver, 13 ans après. Le P/APC nous dira à ce sujet qu’il y a du nouveau concernant ces logements. «Nous avons dégagé 10.000.000,00 de dinars pour la remise en l’état des logements groupés qui ont subi des dégradations. Le cahier des charges a été déjà finalisé il reste juste le lancement des travaux», a informé le premier responsable de la commune. Sur ce, nous avons quitté Bouhamza, une commune en pleine expansion touristique dont le développement se conjugue au présent suite aux nombreux chantiers ouverts, des projets importants dont elle a bénéficié. La population locale jubile de voir son cadre de vie s’améliorer considérablement une fois ces projets réalisés. Quant à nous, nous garderons une bonne image d’une commune en pleine mutation habitée par des hommes accueillants, voila pourquoi nous souhaitons y retourner un jour pour apprécier le changement qui s’opère.
L.Beddar