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Mechtras à la recherche de sa vocation : La vallée a beaucoup perdu de sa nature !

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La commune de Mechtras, dite la vallée du sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, compte présentement plus de 13 000 habitants répartis sur neuf villages.

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Dans les années 1970, les habitants s’auto suffisaient en productions légumières et fruitières. Ils vendaient l’excès de leurs productions dans les villages avoisinants.

Les plus âgés se souviennent bien du maïs, des piments, des tomates, des courgettes, des citrouilles, des grenades, des oranges, des mandarines, des nèfles et des pommes de Mechtras. Hélas, aujourd’hui, tout ce patrimoine agricole a presque disparu.

Le changement d’activité, l’avancée du béton, les risques de pollution qui pèsent sur l’eau et le manque de pluviométrie sont presque venus à bout de toute cette production. Le chef-lieu commence à prendre le statut et l’allure d’une agglomération avec les opérations d’aménagement effectuées ou en cours.

Une bonne partie du centre urbain a bénéficié de la réalisation de trottoirs, d’éclairage public et de l’installation d’abribus. Hélas, deux d’entre eux sont déjà endommagés par des inconnus. La petite délinquance sévit aussi, notamment en nocturne.

Le foisonnement des débits de boissons alcoolisées, la propagation quoi que discrète de la consommation de la drogue douce comme le hachich et l’insuffisance de la couverture sécuritaire font que la petite délinquance prospère.

À ce sujet, le maire de Mechtras interpelle : «Nous demandons une sûreté urbaine pour épauler la brigade de la gendarmerie qui couvre un grand territoire allant de Tizi Ntléta jusqu’à Boghni, en passant bien sûr par Mechtras».

Au sujet des commodités de la vie quotidienne, l’état des lieux n’est pas encore satisfaisant. À commencer par la couverture en gaz et en électricité qui ne concerne pas encore tout le monde. Le gaz naturel a fait son entrée dans la commune depuis de nombreuses années, mais de nombreux foyers restent encore non raccordés à ce jour.

À ce sujet, le maire de Mechtras note : «À notre arrivée en 2012, nous avons recensé 550 habitations non-raccordées au gaz naturel. Nous avons fait des démarches et avons obtenu leur raccordement. L’entreprise a entamé les travaux et plus de 240 habitations ont pu être raccordées. Mais l’entreprise a plié bagage pour non payement.

Nous demandons le règlement de sa situation financière pour qu’elle reprenne les travaux. Si elle reprenait et finalisait les raccordements, nous aurons atteint le taux de 95% avant la prochaine saison hivernale». Le taux de couverture actuel est estimé à 85%.

Au sujet de l’électricité, le constat n’est pas meilleur, puisque des quartiers entiers ne sont pas encore raccordés au réseau électrique. Il s’agit des quartiers d’Igren Guili, Tiniri, Tajnant Ouzayed, Taghza Athmane, Tizi Tzemourt, en plus des habitations éparses. à ce sujet, le maire dira : «Nous avons établi la liste de toutes les habitations non-raccordées et nous avons sollicité la direction concernée».

Richesse en ressources hydriques et pénurie d’eau potable, le grand paradoxe !

Pour une région riche en ressources hydriques, le manque d’eau est un paradoxe. Mechtras dispose de plus de 400 puits, de plus d’une dizaine de fontaines dont la célèbre fontaine du roi en plus de l’alimentation par le barrage de Koudiet Asserdoun.

Il faut aussi signaler que plusieurs puits et fontaines sont pollués. Quant à l’eau de la fontaine du roi, elle coule dans la rivière, elle aussi polluée. À Mechtras, une région qui continue bon gré mal gré d’étancher la soif des communes avoisinantes, notamment en été puisque l’achat de l’eau potable par citerne ne se fait qu’à partir de Mechtras, il se trouve aussi que même les Mechtrassiens souffrent de la rareté du liquide précieux, notamment en saison chaude et recourent à l’achat de citernes. Une donne inexplicable et incompréhensible.

Les villageois d’Ihesnaouen, Ath Ali Aissa, Anouthene, Igren Guili et Boulaimeche en savent quelque chose dans ce domaine. M. Tebbakh Arabe, le P/APC, explique : «Normalement, Mechtras pourrait manquer de tout sauf d’eau, mais il se trouve que nous en manquons aussi, même en hiver. C’est simple, le réseau de distribution est toujours en acier usé et vétuste, les fuites et les déperditions sont énormes. Nous avons bien sûr saisi les secteurs concernés mais nous attendons toujours. La pollution fait aussi que certaines fontaines et certains puits sont pollués, c’est donc une réduction. Nous avons fait une étude pour la réfection du réseau de l’AEP mais la direction de l’hydraulique n’a pas l’air d’être pressée pour arranger les choses. Pour éviter la pollution, nous avons pu inscrire, en 2013, le projet d’une station d’épuration pour protéger le barrage de Tléta, mais ce projet pour lequel une assiette a été dégagée et dont l’étude a été effectuée se trouve dans une situation de gel. Pour préserver la ressource hydrique et traiter les eaux usées de Mechtras, d’Assi Youcef et d’une partie de Tizi N Tléta, il nous faut cette station d’épuration sinon le pire est à craindre. Il faut aussi dire que notre réseau d’assainissement est sous-dimensionné et vétuste. Les points noirs foisonnent et pèsent comme une épée de Damoclès sur nos têtes. Nous avons, certes, réalisé durant ce mandat plus de 10 nouveaux kilomètres d’assainissement, mais l’ancien est resté tel qu’il était. Il faut le rénover et surtout concrétiser le projet de STEP pour écarter les risques».

Le secteur de la jeunesse et du sport dans la région de Mechtras est, faut-il le reconnaître, le parent le moins pauvre. Au début de l’année en cours, la commune a bénéficié d’une maison de jeunes de type 3 avec toutes les commodités. Il y a eu aussi le stade communal qui a été gazonné. Toutefois, dans les deux cas, les manques persistent. Le stade communal a encore besoin de travaux d’aménagement à l’intérieur, puisque les tribunes ne sont pas disponibles.

À la maison de jeunes, un grand espace reste nu. Signalons aussi que la commune de Mechtras ne jouit pas encore d’une salle polyvalente pour la pratique de sport d’équipe, comme le basketball, le handball, le volley-ball… Les mateurs des arts martiaux pratiquent encore dans des salles peu commodes. Il est, donc, souhaitable de construire une salle omnisport pour mettre au service des jeunes des espaces où ils pourront exercer leurs sports favoris.

Entre hier et aujourd’hui

en plus de l’indisponibilité d’une salle polyvalente, la commune de Mechtras ne dispose ni d’un établissement du secondaire, ni d’une polyclinique et ni de piscine. Les lycéens de Mechtras poursuivent leurs études soit à Boghni soit à Assi Youcef.

Ce que dépense l’APC en matière de ramassage scolaire est énorme : «Nous assurons bien sûr le ramassage scolaire à l’ensemble des lycéens de notre commune. Cela a un prix. Nous demandons l’inscription d’un établissement du secondaire pour notre municipalité. Cela va dans le sens du rapprochement de l’école, une politique que prône notre État depuis l’indépendance. Il nous faut aussi une polyclinique. Nos patients et nos parturientes galèrent à travers les hôpitaux et les polycliniques de la région en quête de soins. Ce n’est pas normal. Nous avons aussi besoin d’une piscine à l’instar de bien de communes qui en possèdent. Chez nous, le problème de foncier ne se pose pas puisque l’assiette de Vouavane, importante de 7 hectares, peut accueillir amplement ces projets. Il suffira de la déclasser au profit des domaines. Cette assiette est aujourd’hui nue et non-exploitée. Nous en avons besoin pour ces projet et pour lancer des projet de logements».

Dans le domaine de l’habitat rural, la commune n’a été affecté que de 200 unités en quatre ans : «Depuis 2012, nous n’avons reçu qu’un quota de 200 unités ce qui est dérisoire par rapport à la demande exprimée. Actuellement, nous avons plus de 500 dossiers ficelés et transmis à la direction concernée. Nous souhaitons un quota important pour absorber la demande».

Il faut aussi signaler que l’APC de Mechtras a lancé, depuis le mandat précédent, un projet de construction d’un nouveau siège de mairie car l’actuel ne répond à aucune norme et ne dispose même pas de sanitaire et n’en parlant pas de bureaux spacieux et commodes, de salles de délibération et de services. En somme, un siège dépassé.

Hélas, ce nouveau siège en construction depuis une dizaine d’années et qui a déjà englouti une cagnotte de 4 milliards de centimes, dont la plupart prélevée sur les PCD, n’est pas opérationnel : «Ce siège est en voie d’achèvement. Il sera bientôt réceptionné», dira Tebbakh Arabe, maire de Mechtras. Il est également à signaler que les 100 locaux du Président sont achevés, mais ils ne sont toujours pas exploités.

Hocine Taib

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