Bouhamou interpelle «ses» élus

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Bouhamou est un village relevant de la commune d’Aïn Zaouïa, daïra de Draâ El-Mizan, une localité sise au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Selon les déclarations des membres du comité de ce village, leur bourgade est oubliée par la municipalité.

«C’est à croire qu’on n’a pas d’élus… Hormis le réseau du gaz naturel qui est généralisé, rien d’autre n’est disponible. La crise d’eau potable perdure depuis de nombreuses années. Le réseau électrique est loin d’être généralisé et le réseau de l’assainissement encore moins, puisque les rejets à ciel ouvert et les fosses septiques sont toujours de rigueur. Le réseau routier, le secteur de la santé et celui de la jeunesse et des sports sont tous en souffrance. L’éducation n’est pas mieux lotie et le transport n’est pas reluisant », se plaint-on. Les villageois n’ont à leur disposition aucun moyen pour aller au chef-lieu. Aucune desserte ! Les manques sont légion. Le comité du village dit «n’avoir cessé d’interpeller les autorités et faire des démarches, pour améliorer un tant soit peu le cadre de vie des villageois de cette localité qui totalise plus d’un millier d’âmes, mais en vain». Le président et les membres du comité nous ont dressé un tableau noir de la situation qui prévaut dans leur hameau. M. Hamitouche Hamid, président du comité, insiste surtout sur le manque d’eau qui malmène ses concitoyens, notamment depuis le début de l’été.

Sans eau depuis le début de l’été

«Le problème le plus aigu auquel fait face notre village, c’est indéniablement la rareté de l’eau potable, notamment en été. La situation perdure depuis de nombreuses années. Nous avons interpellé les responsables de la daïra, de la commune et de la wilaya mais rien n’a été fait. Depuis le début de l’été, notre village vit un véritable cauchemar. L’eau ne coule que la nuit, pour une durée d’une heure et avec un débit des plus faibles. Nous ne pouvons même pas remplir 2 ou 3 jerricans, alors pour remplir une citerne… ». Et d’ajouter : «Les villageois ont recours à l’achat de citernes tractables au prix fort de1 500 DA l’unité. Le comité a, sur ses fonds propres, réhabilité la fontaine publique du village, mais son débit diminue cruellement en été, donc nous ne l’exploitons que deux heures par jour. Il faut attendre le lendemain pour que son réservoir se remplisse». Notre interlocuteur notera : «Le réseau d’AEP est en acier, vétuste et rouillé. Parfois, l’eau qui nous parvient est de couleur rougeâtre donc impropre à la consommation, nous l’utilisons pour d’autres besoins ménagers. Nous demandons la réfaction du réseau en PEHD, ainsi qu’une part de l’eau du château en voie d’être opérationnel, au village voisin de Draâ sachem, distant de deux kilomètres, pour mettre un terme à ce manque d’eau et surtout préserver la santé de nos concitoyens. C’est notre droit d’avoir régulièrement une eau propre car nous disposons de compteurs et nous nous acquittons de nos factures», a-t-il rappelé.

Trois quartiers sans assainissement

Concernant l’assainissement, Bouzidi Akli, membre du comité de village, dira : «Dans notre village, trois quartiers ne sont toujours pas raccordés au réseau d’assainissement. Les rejets coulent, à ciel ouvert, sur la route et même à proximité de notre mosquée. La santé des riverains est menacée. Le risque de maladies à transmission hydrique pend sur nos têtes comme une épée de Damoclès. Certains foyers utilisent des fosses septiques qui débordent vite, ce qui pollue les vergers, les champs et tout l’environnement». «Les odeurs nauséabondes empoisonnent notre quotidien, les animaux errants, les reptiles et les rats prolifèrent et les nuées d’insectes perturbent la quiétude des habitants et menacent leur santé. Nous ne demandons pas la lune, mais juste le prolongement des tronçons pour limiter les dégâts et éviter l’apparition de maladies moyenâgeuses».

S’agissant des réseaux du gaz et de l’électricité, notre interlocuteur explique : «Notre seule satisfaction c’est le gaz naturel qui est généralisé. Concernant le réseau de l’électricité, nous avons bénéficié d’un projet d’extension qui profitera à quelque 160 foyers. Pour le moment, seulement une cinquantaine est concernée par un premier programme, il reste encore une dizaine qui doit en bénéficier dans ce secteur. Nous demandons au responsable du secteur de les inscrire, quitte à rajouter d’autres pylônes», a-t-il plaidé. Dans les secteurs de la santé et de l’éducation, l’état des lieux n’est pas meilleur, Amiar Hamid, un autre membre du comité soulignera : «Concernant l’éducation, nous avons une école primaire de six salles de classes, mais trois d’entre elles étaient vétustes et menaçaient ruine. La DE a pris la décision de les démolir, mais en n’en reconstruisant que 2. Nous demandons la reconstruction des 3 salles, afin d’éviter la double vacation». Le village souffre également de l’absence d’une quelconque couverture en santé publique : «Nous n’avons ni salle ni unité de soins. Certes, le chef-lieu n’est pas très loin, mais nos personnes âgées et nos malades chroniques, qui ont besoin de soins périodiques, ont besoin d’une unité de proximité qui leur assure au moins les soins les plus élémentaires. Il faut savoir aussi que nous ne disposons d’aucun moyen de transport vers le chef-lieu, ni public ni privé. Les gens ont recours au stop ou comptent sur leurs jambes, pour les plus jeunes et plus valides. Nos vieux sont vraiment malmenés. Un petite salle nous rendrait bien service», a-t-il insisté.

La culture, le sport, les autres parents pauvres !

Au village Bouhamou, il n’y a ni foyer ni maison de jeunes, pas la moindre aire de jeux et encore moins une salle de sport. Les jeunes, notamment les amateurs de foot d’entre eux, attendent l’après période de moisson/battage pour pratiquer leur sport favori sur terrain nu et sur le reste des épis d’orge et de blé, avant la saison des labours et emblavement, en octobre, où ils devront dire adieu à leur sport favori. «Nos jeunes sont livrés à eux mêmes pendant toute l’année, notamment en période de vacances scolaires. Pour leur permettre de jouer au foot, nous organisons des tournois pendant la période de juin à septembre sur un terrain agricole privé. Mais dès qu’arrive la saison des labours et emblavement, le terrain est cultivé et on ne peut donc plus jouer. Nous demandons aux autorités de nous réaliser quelques petits espaces pour les jeunes. Nous ne demandons pas l’impossible, juste un lieu ou notre jeunesse pourrait se rencontrer et pratiquer le sport», plaidera Meziane Hamitouche, un jeune membre du comité de village. Pour terminer, le président du comité lance un véritable appel de détresse : «Nos villageois souffrent depuis l’indépendance. Nous n’avons pas bénéficié de grand-chose pour nous permettre de vivre sur nos terres. Hormis le gaz naturel, notre grande et unique satisfaction, notre village est complètement oublié pour le reste. Nous demandons aux autorités de regarder dans la direction de Bouhamou et d’améliorer le cadre de vie des villageois. La réfection du réseau d’AEP, généralisation de l’assainissement, l’extension du réseau d’électricité, la réalisation d’un foyer de jeunes, d’une petite aire de jeux et d’une salle de soins progressivement ne ruinerait pas les caisses de la commune ou de la wilaya», a-t-il lancé avec désespoir.

Hocine Taïb.

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