Depuis le début de la pandémie de coronavirus dans le pays, la demande sur les gels hydro-alcooliques et les bavettes a nettement explosé dans la wilaya de Bouira.
Situation qui a provoqué une rupture de stock de ces deux produits chez les pharmaciens mais a aussi et surtout entraîné une hausse vertigineuse de leurs prix. En effet, lors d’une virée effectuée en début de cette semaine au niveau de plusieurs pharmacies du centre-ville de Bouira, il nous a été donné de constater une rupture des gels alcooliques et des masques de protection.
Sur une dizaine de pharmacies visitées, seulement une d’entre elles disposait des deux produits, mais à des prix vraiment excessifs. Ainsi, un petit flacon de 50 ml de gel hydro-alcoolique d’importation est cédé à 250 DA l’unité. Celui d’une marque locale est proposé à 150 DA le flacon de 60 ml. Or le même produit avec une consistance double était proposé il y a de cela moins d’un mois à seulement 150 DA le flacon de 150 ml.
Idem pour les masques de protection, dont le prix est passé du simple au triple. Ainsi, une simple bavette cédée il y a de cela quelques semaines à 15 DA l’unité, est désormais proposée à la vente à 50 DA l’unité. Il y a bel et bien une spéculation sur ces deux produits dont les prix ont pris l’ascenseur et que d’aucuns qualifient d’injustifiés.
Cette spéculation est l’œuvre de certains fournisseurs de produits médicaux qui profitent du contexte de la propagation de la pandémie et de la forte demande sur ce genre de produits pour se faire d’importantes marges au dépend des consommateurs et même des pharmaciens. Certains de ces derniers que nous avons interrogés aussi bien sur la forte demande en ces deux produits et aussi leur renchérissement sur le marché sont unanimes à conforter ces deux tendances.
Pour nos interlocuteurs, il y a d’un côté une forte demande sur ces produits depuis l’apparition de Covid-19 et de l’autre une incroyable spéculation à l’origine d’une chute vertigineuse des prix. «La demande des ménages sur les gels hydro-alcooliques et les masques a explosé ces derniers jours. En ce moment, nous sommes en rupture de stock mais nous comptons nous réapprovisionner très bientôt», nous a confié un vendeur en pharmacie sise à la vielle ville de Bouira.
Pour un collègue à lui qui tient une officine à une dizaine de mètres, il n’en est pas question de s’approvisionner en ces produits car ils sont cédés très chers. «Depuis la fin de notre stock, nous n’avons pas essayé d’en chercher car les fournisseurs ont revu leurs prix à la hausse. Au prix actuel avec lequel ils nous sont proposés, nous ne pouvons plus les commercialiser car une fois notre marge bénéficiaire appliquée les produits reviennent très chers au client. Donc, nous avons préféré ne pas en commander», témoigne un pharmacien du centre-ville.
Un autre pharmacien rencontré récemment dans la ville de Bouira confirme pour sa part cette tendance spéculative. Selon ses propres aveux, il a dû annuler il y a de cela deux semaines une importante commande de masques à la dernière minute en raison d’un différent sur le prix de vente avec son fournisseur.
«Après avoir tout conclu avec mon fournisseur des jours auparavant sur une importante commande de masques et à ma grande surprise, des jours après, il revoit ses prix à la hausse. J’étais donc obligé d’annuler carrément la commande», a indiqué le pharmacien. Incontestablement, des fournisseurs de ces produits profitent du contexte actuel pour se livrer à la spéculation et se faire ainsi d’importants gains sur le dos des consommateurs.
Il convient de signaler que l’association algérienne de la protection des consommateurs (APOCE), présidée par Mustapha Zebdi, avait été alertée il y a quelques jours sur une spéculation tous azimuts sur les gels hydro-alcooliques et les masques ayant entraîné une hausse vertigineuse de ces deux produits. Aussitôt, l’organisation a vivement réagi en mettant en garde contre toute velléité d’augmentation des prix qui serait contraire à la réglementation.
Sur sa page Facebook, l’organisation ira jusqu’à afficher les prix réels des gels hydro-alcooliques, notamment. Ceci dit, la spéculation n’est pas pour autant estompée. Donc, les services du commerce doivent réagir pour rappeler à l’ordre ces requins des temps modernes qui profitent du malheur et de la peur des consommateurs pour les saigner à blanc.
Djamel Moulla