Entre hier et aujourd’hui !

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Cela parait exagéré, mais certains habitants de la ville font tout ce qui est possible et imaginable pour ne pas mettre le nez dehors, dans la journée. On sort de moins en moins, on évite tout déplacement sauf urgence, on fait les courses du lendemain, la veille en fin de journée, quand le soleil aura prit son chemin et décidé de permettre du répit à ses calomniateurs. Ceux là même qui en vantaient les vertus, il y a quelques mois. Alors qu’ils le réclamaient pour les réchauffer l’hiver dernier, ils le maudissent du matin au soir maintenant qu’il est là. Il faut dire qu’il abuse un peu de ses pouvoirs ! C’est l’avis des citoyens de Tizi-Ouzou et de ses alentours. Ils voudraient bien qu’il les lâche un peu de temps en temps. Rien que ça ! Si c’était au moins possible de temps en temps, surtout durant le prochain mois de Carême. Il faut dire qu’il est aux portes et que les capacités de résistance de tout un chacun sont déjà mises en doute. L’été est lui déjà là, et il vaut mieux s’y préparer. Nos ancêtres qui n’avaient le millième des moyens dont nous disposons actuellement passaient bien cet épreuve, et avec moins de plaintes que nous émettons maintenant, alors que les travaux quotidiens aux champs n’étaient pas pour arranger les choses. Comment faisaient-ils ? De quels moyens usaient-ils ? Les maisons d’antan aussi spacieuses que celles dont nous disposons aujourd’hui.

Les surélévations n’existaient pas non plus. On se contentait de maisons construites en rez-de-chaussée. Il n’y avait que ce model de construction à l’époque. Une seule grande pièce suffisait. Les matériaux utilisés étaient généralement la terre-argile crue. Cette dernière a la capacité de stocker de l’humidité et de la restituer.

Les murs et les toits étaient généralement ré-humidifiés à l’aide de chiffons humides qu’on étalait sur les différentes surfaces externes de la maison. Les sols sont souvent mouillés avec modération, l’eau courante étant inexistante dans certaines localités. Il fallait donc aller la chercher aux différentes sources des villages. Ce qui n’était pas tâche aisée en été. Alors l’excès était intolérable. Nna Ouiza, 73 ans, nous raconte : « Ma belle mère était à cheval sur l’utilisation de l’eau. Il faut dire que les sources de notre village ne sont pas aux portes d’entrée de nos demeures. En été, elle pouvait fermer un peu les yeux quand ma belle-sœur et moi abusions un peu de la réserve d’eau. On pouvait même faire une grande toilette de temps en temps. Ce qui était à des rendez-vous précis en temps normal. Ma belle mère mouillait les sols et murs de la maison plus d’une fois par jour. Elle disait que ce sont les murs frais qui protégeraient la maison de la chaleur. Et effectivement, on souffrait rarement de la chaleur. La pièce principale devenait un véritable frigo dans la journée. Ma belle mère se mouillait également les habits qu’elle portait sauf au niveau de la poitrine. Elle disait que cela la rendrait malade. Elle protégeait mon ainé en le mettant dans la pièce principale et en couvrant son landau d’une Foutta mouillée. Cette dernière ne devait aucunement toucher le petit ». Nul besoin, donc, d’appareils de climatisation. Ce système naturel suffisait pour passer un été des plus frais. Les milliers de dinars qu’on dépense actuellement pour les différents appareils de climatisation auraient fait loucher nos arrière-grands-parents. Ces derniers avaient bien d’autres astuces pour faire face à la chaleur de l’été quelle que soit son intensité. Ils ne sortaient que nécessairement, mais rien ne les arrêtait quant il s’agissait de travailler aux champs. Seulement en été, il n’existe pas de travaux urgents dans les champs sauf le nettoyage et l’élaguage des arbres. Une tâche que l’on pouvait effectuer le matin très tôt ou le soir assez tard. On marchait à l’ombre. Quelques vieux profitaient même du moment de la sieste pour faire un petit somme à la place du village « Thadjmaâth », bien à l’ombre bien sur. Un moyen de permettre aux femmes de se mettre plus à l’aise à la maison. Ces dernières étant constituées généralement que d’une grande pièce avec une mezzanine « Tharich’th » pour le stockage des aliments. La vie était paradoxalement bien simple à cette époque malgré tous les manques et toutes les privations dont nos ancêtres souffraient.

Actuellement, on ne rate pas une occasion pour se plaindre. La chaleur est le principal prétexte, en été. En dépit de tous les moyens dont nous disposons, nous « pleurnichons » au moindre pépin. On préfère aussi être tortue que lièvre. C’est le cas de Henni, agent de guichet dans une institution de service public : « Il fait trop chaud. Je ne supporte pas la chaleur Allah ghaleb. Il y a quelques jours, j’ai dû prendre quelques jours de congé de maladie pour ne pas avoir à supporter la chaleur. Je ne peux pas le faire tout le temps, d’autant que mes supérieurs se doutent bien que mon congé n’était pas justifié. La ville est particulièrement plus infernale que mon village. Je vis à une trentaine de kilomètre de la ville. Chez moi, il m’est possible de respirer alors qu’en ville où je travaille, j’ai l’impression de suffoquer. Je ne sors plus pour déjeuner. Il m’est impossible de mettre le nez dehors avant 17 heures. Je reste souvent avec les agents de sécurité de mon entreprise jusque tard dans l’après-midi pour pouvoir rentrer dans la fraicheur. En rentrant, je mets la climatisation à fond dans ma chambre et je n’en sors pas. La chaleur me rend malade j’y peux rien ». Comme pour Henni, la climatisation constitue le salut de bien des personnes. Ils se serrent souvent la ceinture plusieurs mois durant pour pouvoir se permettre un peu de répit des canicules que connaît notre région en été. Il faut préciser qu’est appelée canicule que la période où se suivent plus de trois jours consécutifs de forte chaleur. Canicule ou simple chaleur, les climatiseurs sont le seul moyen d’y faire face chez soi. Seulement et bien souvent, nous utilisons mal ces appareils.il ne faut faire fonctionner la clim qu’en prenant soin de ne pas dépasser 5 ° de moins que la chaleur initiale de votre pièce, sinon la clim fera plus de mal que de bien à son utilisateur. Aussi, pour les personnes qui ne supportent pas un lieu sans circulation d’air, les climatiseurs sont totalement déconseillés, la climatisation ne fonctionnant qu’en « vase clos ». Tout système d’aération qui apporte de l’air extérieur est incompatible avec les systèmes courants de climatisation. Seulement, l’aération naturelle simultanée à la climatisation peut constituer une solution pour cette catégorie de personnes.

On conseille souvent, notamment à l’achat de ces appareils, d’alterner entre climatisation et aération naturelle, avec de préférence plusieurs sources d’aération. Les ouvertures doivent être de tous les côtés de la maison. Quelques minutes suffisent pour déshumidifier la maison. Il existe, pour ceux qui ne peuvent se permettre cette pause, une option que l’on ne trouve malheureusement pas au niveau de tous les appareils de climatisation, mais les tous récents en sont tous dotés. Il s’agit du mode déshumidification. Il est conseillé une quinzaine de minutes à raison de quatre ou cinq fois par jour. Pour ceux ou celles qui n’ont pas les moyens de ce permettre un climatiseur, il existe des ventilateurs de différentes tailles et marques. Ils coûtent moins chers qu’un climatiseur et rafraichissent plus ou moins bien. Pour bien utiliser un ventilateur, quelques astuces que nous avons accueillis ici-là.

Arezki, fonctionnaire de 54 ans nous donne quelques conseils pour une meilleure utilisation de cet appareil qui était un luxe il y a quelques années. « Je ne peux pas me permettre un climatiseur. Je possède un ventilateur depuis une dizaine d’années. Au départ je l’utilisais « bêtement ». C’est-à-dire qu’il ne rafraichissait qu’une seule personne, celle qui était en face. La pièce restait chaude et étouffante. Depuis quelques années, j’ai procédé à des expériences qui m’ont appris à mieux utiliser le ventilo. Je place un linge humide sur le dossier d’une chaise. Je fais passer le souffle du ventilateur à travers, et diriger le dans toute la pièce ou vers l’endroit que je veux rafraichir. C’est super efficace. Je suspends des draps mouillés dans la pièce que je veux rafraichir. J’oriente mon ventilateur sur mon drap. La pièce est aussitôt fraiche », nous explique Arezki qui nous confie qu’il s’oriente souvent vers les remèdes de grands-mères dans toutes les situations de la vie, faute de moyens bien entendu. Il arrose souvent les murs de sa demeure le soir au coucher du soleil. Ça a le mérite de rafraîchir les pièces utilisées, étant donné qu’on n’utilise que peu de pièces en été, chez Arezki, toujours par mesure d’économie aussi. « On oublie l’étage en été. Il y fait tellement chaud. Mes deux garçons utilisent le salon, ma femme et moi disposons de la chambre d’amis dans le rez-de-chaussée », conclut Arezki. Autre conseil : Il ne faut jamais s’exposer au ventilateur les habits mouillés. C’est la crève assurée ! Nus venons de vous rapporter quelques astuces dont usent les citoyens de Tizi-Ouzou pour faire face aux grandes chaleurs. Des astuces simples et non coûteuses dont l’imagination est la seule source. L’improvisation est également de mise et surtout indispensable quand on a un bébé ou une personne âgée à la maison.

C’est le cas de Samia qui a accouché de son aîné en juin dernier : Il faisait déjà très chaud dans la région où elle habite. Elle dispose d’un climatiseur mais sa maman lui qui s’occupait d’elle et de son enfant lui a strictement interdit de l’utiliser par peur de faire du mal au petit. Comme si la chaleur étouffante qui sévissait à l’époque n’allait pas le rendre malade. Samia nous raconte qu’elle a fait appel à son imagination et aux différentes expériences des autres membres de sa famille pour protéger son bébé de la chaleur. Elle ouvrait les volets grands ouverts toute la nuit en prenant le soin de protéger le berceau de son fils avec des tulles. Sinon les moustiques finiront par dévorer les quelque 2,800 kg qui lui servait de progéniture ! Elle fermait par contre toutes les fenêtres et volet durant la journée. A la marseillaise ! Elle avait la chance d’habiter le rez-de-chaussée de la maison familiale de son mari. Il était super frais. Quand ce n’était pas le cas. Elle ouvrait les fenêtres, mais cette fois-ci en prenant soin d’étendre un drap mouillé. Cela permettait à l’air de rentrer. Ce dernier devenait frais au fur et à mesure qu’il pénétrait le drap mouillé. Cela permettait de diffuser de l’humidité dans la pièce du petit. Elle donnait au moins deux bains tièdes dans la journée et le laissait tout nu durant les moments de la journée où il faisait le plus chaud. Le médecin lui avait dit qu’il n’était pas nécessaire de donner de l’eau au nouveau-né, qu’il fallait juste en boire beaucoup soi-même, étant donné que Samia avait opté pour l’allaitement maternel exclusif. Pour éviter la réhydratation, notamment à son fils, Samia buvait jusqu’à 5 bouteilles d’eau ! Elle ne devait pas avoir entendu parler de l’excès d’hydratation. Oui ça existe. Boire beaucoup peut s’avérer dangereux pour la santé, notamment chez les insuffisants cardiaques qui ne sont pas capable d’éliminer l’excès d’eau dans leur corps. Des cas de surhydratations ont été constatées et ont failli coûter la vie à bien des personnes.

Il faut boire beaucoup d’eau : Les insuffisants cardiaques et rénaux supportent mal l’excès d’hydratation, étant donné que soit leur cœur est trop faible pour assurer la circulation d’un grand débit ou que leurs reins ne soient pas capables d’éliminer une grande quantité d’eau. Cela entraîne bien d’autres complications, en termes d’excès de minéraux dans le corps. Alors avant d’abuser de l’eau ou de faire boire une personne âgée chez soi, il faut connaître son état de santé et s’en assurer. Les troubles de conscience sont les premiers signes d’alerte en cas de « surdosage » d’eau. Les analyses sanguines permettront de montrer la surhydratation. Seulement, il ne faut pas aussi se priver d’eau, ni en priver les autres, notamment les enfants et les personnes âgées. Même si l’on ne conseille une consommation d’’un litre et demi d’eau quotidiens, des études récentes montrent que le corps a besoin de trois litres d’eau par jour pour bien fonctionner, notamment en période de forte chaleur. Il ne faut donc pas s’en priver mais en consommer intelligemment car boire la ration conseillée d’un coup n’a pas de sens aussi. La déhydratation est le dérèglement du système de thermorégulation qui maintient le corps à 37 degrés. Elle peut être aussi facilitée par l’humidité ou une absence de vent. Le corps perd partiellement ou totalement son eau, la peau devient sèche et brûlante. La température monte alors au-delà des 39,5 degrés. Sans traitement, le coma et la mort suivent. D’où la nécessité de boire souvent, notamment chez les personnes qui ont des activités physiques intenses. Nous savons tous que les gens profitent souvent de l’été pour assurer leurs travaux de construction. Les ouvriers doivent avoir une consommation régulière et suffisante d’eau. il faut boire avant et pendant l’activité physique.

Il est conseillé de consommer un demi litre, l’équivalent d’un grand verre, d’eau avant le travail et sans restriction après. Il faut éviter tous travaux et efforts entre 11h et 16h, comme pour la baignade.

Il faut boire lentement et régulièrement. L’être humain est composé à 65-70 % d’eau, soit environ 45 litres d’eau pour une personne de 70 kilogrammes. Comme il ne peut pas stocker, il est nécessaire qu’il en prenne régulièrement. Pour supporter le soleil, il est nécessaire de se couvrir le visage et la tête avec un chapeau ou une embrelle ! Il faut aussi se mouiller régulièrement les extrémités du corps et les zones sensibles à la chaleur, telle la nuque et le front serviront à maintenir le coup durant un déplacement. Ne sortir d’ailleurs que si nécessaire et ne marcher que dans l’ombre même si la ville des Genêts en manque ! L’architecture de la ville ne permet pas d’avoir beaucoup d’ombre. Il y a beaucoup d’espace entre les immeubles dans les cités de la ville. L’ombre, il faut, donc, la chercher ! Autre conseil, pour nos jeunes filles cette fois-ci, les body et jeans super moulant sont à bannir de la garde robe de l’été. Eviter tout vêtements trop serrés, foncés ou épais au soleil. Tendance Touaregs, donc ! Tenues amples à base de tissus en coton ou en lin et de couleur claire sont préférables. Il faut permettre au corps la convection de la chaleur et l’évaporation de la sueur.

Parmi ces recommandations, Djouher, fonctionnaire en a pris quelques unes : Sa pause de midi étant relativement courte, son supplice ne dure pas longtemps. Mais elle prend bien des précautions pour ces brèves sorties. « J’évite bien souvent de sortir ces derniers jours. je crois même que pour cet été je déjeunerai au bureau. Seulement des fois je suis tentée de sortir un peu avec quelques collègues. Alors là, je suis souvent bien préparée. Je bois beaucoup durant toute la journée d’ailleurs. je me couvre peu. Je marche sous les balcons et ne m’attarde que peu sous le soleil. Je mets souvent un chapeau et des lunettes de soleil », raconte Djouher Seulement ce que Djouher ignore c’est que ses lunettes qu’elle a achetées à 300 dinars chez un marchand dans la rue ne la protègent guère. Elles peuvent même mettre en danger ses yeux et sa vue. En effet, le port de lunettes contrefaites ne répondant pas aux normes exigées peut mener carrément à la perte progressive de la vue, selon les médecins. On se croit protégé par ces lunettes et on ouvre bien l’œil sous leurs verres qui ne protègent pas du tout des rayons ultraviolets. Les effets des Ultraviolets sur l’œil sont irréversibles. La plupart des gens qui portent les lunettes contrefaites en sont inconscients. Si l’on ne dispose pas des moyens pour se permettre des lunettes répondant aux normes, qui sont très coûteuses au passage, il vaut mieux rester sans lunettes. Les yeux se protègent par reflexes en se fermant face au soleil. Ce dernier, ainsi que les lunettes de mauvaise qualité sont aussi déconseillés aux personnes qui souffrent de migraines. Il est également déconseillé aux personnes sous traitement neuroleptiques de s’exposer au soleil. Il faut aussi éviter de boire et d’aller au soleil si vous prenez des neuroleptiques ou que vous avez consommé de l’alcool si vous prévoyez un bain de soleil ! Du Cola, messieurs ?!!!

Samia A. B

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