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Le fait soi-même est de retour chez nous !

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Pour certaines, il faut des journées de 48 heures ! Et ce n’est pas évident que ce soit assez. Seulement, elles sont nombreuses à y arriver. Mieux ! Elles arrivent même à assurer des tâches supplémentaires. L’exploit est poussé, pour certaines, jusqu’à la réalisation de tous les produits ménagers à domicile. A chacune ses raisons et son argumentaire. Elles sont nombreuses à avancer le coût excessif des produits existants sur le marché. Pour celles-là, donc, le motif est d’ordre économique.

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Celles qui peuvent se permettre financièrement un certain train de vie, avancent la sécurité comme première motivation. On n’est jamais sûrs de ce qu’on consomme, selon elles. Fabriquer chez soi est une garantie pour elles. Elles se comptent, par contre sur les doigts d’une seule main celles qui pensent à l’écologie, dans notre société. On ne raisonne pas écolo, chez nous, on pense plutôt sous.

Et quand il s’agit d’en mettre de côté, on n’hésite nullement. Si cela prend du temps, la perte de ce dernier est généralement suivie d’un gain sur les dépenses. D’où le retour au traditionnel fait chez-soi et par soi-même. Certains penseront que le fait soi-même ne concerne que les produits alimentaires. Eh bien, non ! Le fait maison peut aussi concerner les produits d’hygiène et de beauté et bien d’autres choses aussi insolites les unes que les autres.

L’imagination joue un rôle important dans le fait soi-même. C’est comme en cuisine. On s’essaye à la recette jusqu’à la perfection. Pareil dans la fabrication des produits fait maison. On va jusqu’à construire sa propre maison avec des moyens fabriqués par soi-même. L’argument financier revient souvent quel que soit le domaine où l’on aspire à façonner de ses propres mains.

Si le geste de faire par soi-même un maximum de produits courants permet de faire des économies conséquentes sur notre budget et, du coup, avoir la possibilité de dire non aux prix, souvent excessifs pour le commun des mortels, Sabiha l’a compris depuis bien longtemps. Elle n’a jamais été très attirée par les produits que l’on trouve sur le marché, quel que soit leur utilité. Sabiha détient une longue liste des produits qu’elle fabrique elle-même.

En plus du traditionnel pain maison dont son mari et ses enfants ne peuvent s’en passer, Sabiha s’est consacrée, ces dernières années, à essayer de fabriquer le maximum de produits à domicile. Du yaourt, naturel ou aromatisé, au fromage blanc. Si Sabiha est la pro des produits fait maison, elle fait profiter ses collègues de ses différentes découvertes et de sa longue expérience. Sabiha s’est mis au fait maison, il y a plus de huit ans. C’est presque malgré elle qu’elle est devenue professionnelle dans le domaine. Son mari s’étant retrouvé au chômage, son maigre salaire de secrétaire était devenu le seul revenu du foyer de 5 personnes. Le tout passait dans la bouffe et les affaires scolaires des enfants. Les charges étaient lourdes et il ne restait plus de place pour le luxe. Mais avec trois grands enfants, deux adolescents de 16 et 13 ans et un autre âgé de 7 ans, elle devait assurer le minimum. C’est ainsi que les produits inaccessibles sont devenus la spécialité de Sabiha. Elle a demandé à droite et à gauche, parmi ses collègues, ses amis et même les vieilles de la famille. Elle a récolté le maximum de recettes et astuces. Et elle n’a pas tardé à transformer son appartement en usine à tout fabriquer. Elle en faisait même bénéficier ses amies et voisines contre rémunération bien entendu. Maintenant que les choses se sont arrangées, Sabiha n’arrive pas à décrocher. Même si son mari a trouvé du boulot et que la situation financière de la famille s’est nettement améliorée, Sabiha compte toujours sur le fait maison pour les moindres de ses besoins en terme de produits.

Si faire des économies était son souci majeur au départ, elle se serait peut être découvert une âme écolo avec le temps ! «J’ai pris le pli. Je ne peux plus m’imaginer acheter mes produits, même si depuis quelque temps, je m’approvisionne également dans différents commerces. Mais les trois quarts des produits que l’on consomme chez nous sont fabriqués à la maison. Mes enfants préfèrent les produits de leur maman. Moi-même, même si acheter du tout prêt me donnerait du répit, je ne peux résister à la tentation. Je ne suis nullement écologiste. Je crois que le fait maison s’est imposé à moi à un moment où j’en avais besoin pour m’en sortir. Et en guise de reconnaissance, j’ai du développer une certaine passion pour cette «activité». Cela prend un peu de temps mais on est sûr aussi qu’on mange sain», nous explique Sabiha, 56 ans.

Notre interlocutrice nous livre ici une de ses recettes pour fabriquer du fromage blanc. Pour réussir son fromage blanc, il suffit, selon elle, de faire attention à la température du lait au début de l’opération. Il faut qu’il chauffe à 37° au maximum, y ajouter quelques gouttes de présure que l’on trouve en droguerie, un yaourt nature boosterait la fermentation, selon Sabiha et utilise aussi des petits-suisses. Recouvrir avec un linge. Laisser cailler ce mélange si nécessaire toute une nuit. Une fois le lait caillé, récolter le fromage très délicatement avec une louche pour ne pas casser le caillé et le déposer dans la passoire recouverte par le linge qui sert de filtre.

Faire son fromage ou ses yaourts à la maison permet, en plus de faire des économies, de manger un produit plus naturel. Il faut dire que les différents additifs tels les épaississants, émulsifiant et toute la panoplie de produits chimique utilisés dans la transformation ou la conservation de certains produits sont montrés du doigt par la plupart des médecins et nutritionnistes du monde entier. On privilégie même le naturel, depuis quelques années. Adieu, donc, les conservateurs, les arômes artificiels, les gélatines et les colorants des spécialités laitières du commerce. C’est l’argument de Hayet, maman d’un petit garçon de 16 mois. Son histoire avec le tout fait maison a débuté quand elle s’est mise au régime, il y a quelques années.

Elle a commencé à faire ses jus, pour éviter les sucres ajoutés dans ceux qu’on trouve dans les commerces. Elle s’est rendue compte qu’ils étaient bien meilleurs au goût. En plus, elle était sûre de la qualité de ce qu’elle consommait. Elle a approfondi ses expériences avec le fait soi-même en réalisant ses yaourts nature tout simplement en mélangeant un yaourt nature à un demi litre de lait. Elle laissait fermenter toute une nuit. Et le lendemain, elle récoltait un yaourt nature d’une qualité incomparable. En tout cas son mari adore. Le régime fini, Hayet a continué sa lancée dans la découverte des produits faits soi- même. Elle est même devenue la reine des confitures faites maison. «Je me suis faite connaitre dans la famille et tout mon entourage en raffole. Je les fais à base de fruits et même de certains légumes. La confiture à la citrouille par exemple est ma spécialité. Je pousse même le bouchon un peu plus loin en testant des recettes à base de restes d’aliments, essentiellement des fruits et légumes. Dans ce chapitre, j’ai réussi à faire de la marmelade de blanc de pastèque. Bref, les confitures et autres marmelades sont devenues mon dada. Avec la naissance de mon petit, je suis aussi devenue la pro des compotes. Mon fils n’a jamais consommé du jus en boîte, ni une compote du commerce. Tout est fait maison pour que mon petit puisse manger sain. Je commence, à l’occasion, son éducation gastronomique. Je veux qu’il apprenne à manger sain. Personnellement, j’ai découvert l’alimentation saine, à travers les magazines et les différentes émissions télé. Nos parents n’étaient pas assez conscients pour nous nourrir d’une manière saine. L’urgent était surtout de nous nourrir. Moi, je fais tout pour que mon fils grandisse sainement. Je commence, donc, par son alimentation», nous raconte Hayet, 34 ans, en congé parental. Il faut dire que Hayet a aussi le temps de faire les choses, depuis la naissance de son fils. Elle a ajourné son retour au travail après la fin de son congé de maternité. «Je n’ai pas pu retourner au boulot après mon congé de maternité. J’ai d’abord voulu offrir à mon fils ce qu’il n’aurait pas eu la chance d’avoir si je l’avais placé chez la nourrice ou en crèche. J’ai l’intention de reprendre prochainement le travail. J’ai d’ailleurs inscrit mon fils dans une crèche d’ailleurs située dans l’autre bout de la ville. Pourquoi ? Parce que la propriétaire de la crèche est également une adepte de l’alimentation saine et du fait maison, quel que soit le produit. Et puis elle est d’accord pour que je récupère le petit le temps de ma pause-déjeuner. Cela me permettra de le voir durant la journée et puis surtout surveiller son alimentation. Si la pause n’est pas suffisante, je suis sûre de ce que mon fils consommerait à la crèche», nous explique Hayet qui nous donne, à l’occasion, sa recette de marmelade au blanc de pastèque. Alors ! Selon Hayet, il faudrait cueillir la partie blanche qu’on trouve entre la chaire et la peau de la pastèque. La couper en dès ou en carrés assez épais. Les laisser reposer toute une nuit, couverts de sucre, dans un grand récipient. Au matin, mettre le tout dans une grande casserole, selon la quantité, et cuire sur feu doux. Dès l’épaississement du sirop, retirer du feu et le laisser reposer pour lui permettre d’épaissir davantage. La marmelade est prête. Et c’est un véritable régal qui flatte le palais et les yeux. La chaire blanche avec des extrémités rouges trempée dans le sirop translucide forment un jeu de couleur irrésistible, selon Hayet qui a commencé récemment à faire des recherches, autour d’elle, pour approfondir son expérience dans le domaine du fait maison. Mais cette fois-ci, elle veut s’essayer aux produits cosmétiques et de beauté. Il faut dire que dans ce domaine, le fait maison est très répandu.

Mais la pro des produits cosmétiques fait par soi-même n’est autre que Faïza. Il faut dire que la beauté est son dada et surtout son métier. Faïza est coiffeuse esthéticienne. Elle s’est mise au fait maison, justement quand elle a fait sa formation d’esthéticienne. Elle y a découvert tous les produits chimiques que contiennent les produits cosmétiques utilisés d’ordinaire par le commun des femmes. Depuis, elle s’est juré de n’utiliser que des produits de beauté naturels, notamment ceux faits par ses soins. Pour cela, elle a commencé par faire des masques et gommages à base de produits naturels. Son démaquillant n’est autre qu’une vaporisation d’eau de rose, fabriquée maison bien entendu, après un lavage au savon de Marseille.

Elle s’essaye, depuis quelques mois à fabriquer son savon elle-même, sans parvenir au résultat qu’elle veut. Déterminée comme elle est, nous pouvons être sûrs qu’elle y arriverait sans tarder. Son gommage est à base de mélange à quantités égales de jus de citron, de miel et de sucre cristallisé. Les masques que Faïza utilise sont essentiellement à base d’argile, de levure chimique d’huile, d’œufs et autres produits aussi naturels les uns que les autres. Si pour les soins du visage, elle se contente d’utiliser des produits naturels bruts, Faïza fait aussi de la transformation. C’est d’ailleurs à domicile qu’elle fabrique elle-même son khôl à base de carbonisation de substances grasses, d’huile d’olive et de «Nil». Elle s’essaye aussi à fabriquer son propre shampoing à base de paille et de cendres. Une recette que sa grand-mère utilisait dans le temps, selon la maman de Faïza. On laisse macérer, une nuit entière, la paille et les cendres dans de l’eau. On filtre la composition dans un passoire. Le liquide obtenu mousserait, selon Faïza, mieux que les shampoings qu’on trouve sur le marché. «Je n’ai jamais retrouvé cette sensation avec un autre shampooing. La texture, l’odeur, la souplesse et la douceur des cheveux sont incomparables !», s’emballe Faïza qui nous confie s’essayer, ces derniers temps, à aromatiser son shampoing. “Ce qui me plaît dans la fabrication des cosmétiques et autres produits de beauté c’est qu’on puisse adapter les formules et ingrédients à son type de peau ou de cheveux et à ses besoins. Moi j’essaye de donner de l’arôme à chacun des produits que j’ai développés. Mon premier chantier est le shampooing. J’ai essayé avec la cannelle et c’est tout simplement enivrant”, nous raconte Faïza qui obtient aussi son henné grâce au mélange des pétales de marguerites aux cendres domicile. La pâte donne la teinte rouge orangée du plus pur des hennés. Le tout avec des produits naturels et sains.

Pour la lessive, Faïza nous raconte que sa mère utilise toujours le savon traditionnel fait maison. Il est à base des résidus de la pâte d’olive qu’on obtient après la pression et de potasse. Après la décantation de l’huile, cette substance est utilisée dans le temps pour la fabrication du savon. Ce savon, même noir, est connu pour son efficacité dans le lavage du linge blanc. Faiza nous dit utiliser ce savon pour ses douches quotidiennes. Vu sa peau, on est bien tentés de commander une caisse de ce savon à sa maman. «Je propose tous les soins naturels dont je viens de vous en parler pour mes clientes. Certaines acceptent et d’autres ignorent les vertus du fait maison et les refusent. Mais elles sont nombreuses à adopter la première méthode. Elle leur plaît parce qu’elles sont sûres des produits utilisés et aussi parce qu’elles savent qu’elles peuvent désormais les faire elles-mêmes à leur tour. Elles me posent pleins de question par rapport à tout ce que je produits. Cela me plait», nous raconte Faïza qui nous avoue que sa couleur de cheveux n’est pas naturelle. C’est alors qu’elle nous explique que ce châtain clair qui parait tellement naturel n’est autre qu’une coloration. Et pas n’importe laquelle. Un éclaircissant fait maison. La recette ? Eh bien juste un jaune d’œuf, une cuillère de shampooing et quelques cuillères d’oxydant à 30 volumes. On mélange tout ça et on étale sur les cheveux. Au bout d’une trentaine de minutes, on lave et on obtient des cheveux clairs et brillants. Quoi de plus simple ? En plus cela ne coûte presque rien !

Si Faiza s’est «auto-suffit» puisque le fait maison s’avère une sorte d’autonomie, elle a aussi réussi à élargir la liste de sa clientèle grâce à ce qui est devenu une passion pour elle, presque une obsession même. qu’est ce qui fait que le fait maison soit autant prisé, en plus des économies qu’il permet de faire et de la garantie qu’il offre en termes de qualité. Il faut dire que les produits faits à domicile sont très efficaces et ne sont pas nocifs, selon leurs adeptes bien entendu. Seulement, il faut avouer que certaines associations de produits naturels peuvent s’avérer plus nocives que les composants chimiques. Pas besoin, alors de s’appeler parabène pour être nocif !

Les produits faits maisons sont souvent à la portée de tout le monde, étant donné que leurs composition est souvent à base de produits naturels souvent présents dans nos foyers ou dans notre environnement. Le fait de pouvoir maitriser ses produits et les connaître est aussi une satisfaction en soi, selon nos interlocuteurs.

Faire du sur-mesure, en se permettant d’adapter son produits à ses goûts et ses besoins convaincra les plus réticents, selon Faïza qui dit s’éclater en réalisant ses produits. Son «labo» installé à l’enceinte de son salon de beauté est devenu, pour la plupart de ses connaissances qui s’y invitent souvent d’ailleurs, le rendez-vous de l’imagination et de la créativité.

Et dire qu’avec des ingrédients simples et beaucoup d’émotion on peut faire des produits sains et pas chers du tout !!!

Samia A. B.

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