Comment se réconcilier avec Morphée ?

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n Par Samia A. B.

On a longtemps pensé que les problèmes d’insomnies ne touchent que les personnes âgées. Eux même trouvent normal leur manque de sommeil. Ils s’en plaignent souvent aussi.

Ils se consolent parfois quand ils voient leurs cadets souffrir du même mal. Le manque de sommeil n’est un problème que quand il dure. Les médecins classent l’insomnie en deux catégories. L’insomnie temporaire qui peut aller jusqu’à deux ou trois semaines. Au-delà de cette durée, l’insomnie chronique s’installe. Les causes des insomnies sont multiples. Celle d’origine psychologique tels le stress et l’anxiété, celle liée à la prise de médicaments ou l’abus d’alcool et des excitants, celle liée aux différentes maladies et aux douleurs et désagréments que ces dernières peuvent en résulter.

L’incapacité à dormir la nuit peut aussi être associée à une mauvaise hygiène de vie. Des repas copieux et exagérés au diner peuvent être à l’origine de perturbations du sommeil. Si les mauvaises habitudes sont un mode de vie, les insomnies peuvent perdurer. Il est aussi question, dans le registre psychologique des éventuels chocs émotionnels, tels un deuil ou un gros chagrin. C’est le cas d’une jeune fille de 21 ans qui connaît les insomnies depuis un bon bout de temps. « Mon histoire avec le sommeil est compliquée. Dès que je suis préoccupée ou chagrinée, je passe de nombreuses nuits blanches. Ca ne fait pas longtemps que j’ai perdu ma grand –mère. Depuis, la nuit je dors très peu. Je me réveille deux à trois fois en sursaut. Je fais pas mal de cauchemars et ça me déprime la journée d’après. Je suis devenue très nerveuse.

Déjà, que je suis du genre à fleur de peau et très lunatique d’origine. Mes insomnies accentuent ce caractère de ma personnalité. Je suis capable de rigoler sincèrement et d’éclater en sanglot quelques minutes après. Ce qui provoque une grande incompréhension autour de moi.

Du coup, la peur qui m’habite depuis toute petite, s’accentue et devient une véritable angoisse. J’angoisse tout le temps à l’idée de perdre les gens que j’aime le plus au monde, mes parents en premier. Dans la journée, cette angoisse est mesurée, mais la nuit elle, prend des proportions monstrueuses. Cela dure depuis quelques années déjà. Je crois que ça remonte à la perte de mon grand-père paternel avec qui on vivait à l’époque au village. J’ai d’ailleurs une peur bleu de me rendre dans cette demeure qui a été pourtant témoin de ma naissance et mes premiers pas.

Quand on est en séjour dans cette maison, mes angoisses se multiplient et mes nuits sont mouvementées. “Je ne sais plus quoi faire. J’ai tout essayé !”, se plaint Sonia, 21 ans, étudiante en droit. Sonia nous confie avoir tout tenté pour régler son problème, notamment avec des somnifères, en vain. Le recours aux traitements anti-anxiolytiques et autres somnifères est courant chez les personnes souffrantes de troubles du sommeil. La plupart du temps aussi, sans avis médical. Ce qui aggrave souvent le problème, étant donné que la personne n’est soumise à aucun contrôle médical pour surveiller l’évolution du sommeil et l’efficacité du traitement. Le problème réside aussi dans la posologie. Ils sont nombreux à prendre des plaquettes complètes de somnifères ou anti-anxiolytiques, pensant qu’un comprimé ne suffit plus alors que c’est le traitement qui n’est pas adapté au cas.

On ne traite l’insomnie que quand on en connaît l’origine. Et c’est l’origine qu’il faut régler pas le problème lui-même. Souvent le problème provient d’une prise de médicaments ou autres traitements dont on ne prend même pas la peine de lire la notice. Sinon on saurait que les insomnies proviennent de là. Ce genre de problèmes se règle souvent après arrêt du traitement à l’origine. Mais si on s’amuse à prendre des somnifères en attendant et qu’on en abuse surtout, on tombe dans le cercle infernal de la dépendance.

C’est le cas de Djamel, 45 ans. « Suite à une infection de l’oreille gauche, le médecin m’a prescrit un traitement à base d’antibiotique et un médicament sensé me faire supporter la douleur, le Solupred. Ce dernier a des effets secondaires comme tout médicament. L’un de ses effets indésirables, d’ailleurs mentionné sur la notice, est l’insomnie et l’excitation. Je l’ai lu et savais ce qui pouvait m’attendre mais le médecin que j’ai contacté par téléphone m’a rassuré en disant que les effets annoncés sur les notices ne sont pas systématiques. J’étais inquiet parce que mon métier de routier me demande beaucoup de repos et de récupération. Si je ne me repose pas, la prise du volant peut s’avérer dangereuse pour moi. Je ne sais pas si c’est l’effet psychologique de la lecture de la notice ou tout simplement le fait que je fasse partie des gens sensibles à ce médicament, les insomnies ne se sont pas fait prier pour survenir dans les deux jours qui suivent le début du traitement. Cinq jours ont suffit pour me transformer. J’étais insupportable. J’ai encore appelé mon médecin, il m’a dit qu’il restait cinq jours pour la fin du traitement et qu’il fallait résister.

Mais moi, je ne fermais toujours pas les yeux la nuit et avais du mal à me réveiller une fois le sommeil arrivé vers 3 ou 4heures du matin. Etant contraint de me réveiller à cinq heures pour le boulot, vous imaginez mon état au réveil. En quelques jours, j’ai perdu presque trois kilos. Trois jours avant l’arrêt du traitement, j’ai craqué sur le Lexomil de ma mère. J’en ai pris un et j’ai bien dormi. Le réveil était dur et j’avais la langue pâteuse toute la journée et une douce envie de me rendormir, mais c’était tellement agréable de dormir que le soir même j’en ai encore pris. Et j’en ai pris encore pendant plus de 20 jours. La sensation que la prise de ce médicament me procurait, me plaisait autant que l’angoisse que les insomnies reprennent. Les freins c’est ma femme qui les a tirés. Et elle a bien fait.

La petite somnolence que le Lexomil me procurait le lendemain de sa prise, même si elle me plaisait, s’est vite avérée dangereuse pour moi. “Les inattentions et le manque de concentration ont failli me coûter la vie. J’ai bien fait de décrocher. Je me demande comment font les gens qui prennent des barrettes de somnifères ! Moi avec un seul et unique petit comprimé, j’étais déboussolé », nous confie Djamel qui se demande aussi comment font les adeptes du café, notamment ceux qui en prennent après le diner, pour dormir. lui, s’il prend le café du goûter au-delà de cinq heures de l’après midi, il est cuit pour la nuit. Il est vrai que certaines personnes peuvent ingurgiter des thermos entiers de café ou de thé et autres produits excitants tel le coca qui contient de la caféine et dormir tranquillement. Alors que certains, s’ils s’avisent à en prendre une gorgée le soir, ils peuvent compter les étoiles jusqu’au matin. Mekioussa, 70 ans fait partie de ceux là.

« Moi pour les veillée funèbres une seule solution pour tenir debout jusqu’à l’aube. Une petite tasse de café, de thé ou de coca et même un petit carré d’orange et mes yeux ne clignent même plus ! Je me demande comment font les gens qui prennent des tasses de cafée avant de se mettre au lit. Mon fils en fait partie. Son dessert au diner c’est son café ! et il ronfle dès qui se met au lit. Des fois, il n’a même pas le temps d’éteindre sa télévision. Mieux ma fille avale des fois deux kilos d’oranges à elle seule. Elle adore les fruits et les oranges sont ses préférés. Elle ne se nourrit d’ailleurs que de ça au point où je lui ai dit qu’il lui fallait choisir un marchand d’orange pour époux, sinon nul ne peut lui assurer sa ration ! Elle ne se réveille pas une seule fois durant la nuit. Elle passe ses nuits convenablement et est en forme le matin. Elle commence d’ailleurs ses journées avec le même fruit ! Moi si j’en prends un petit carré, je suis cuite pour la nuit.

Des fois, je m’occupe à faire le ménage mais ce dernier fini, je tourne en rond.

“La radio me tient souvent compagnie mais elle a le hic, de m’exciter plus qu’elle ne me calme. Si j’éteinds tout, je suis angoissée par le silence. Déjà que le sommeil commence à se faire rare chez moi, depuis quelques années, quand je m’amuse à faire des folies avec les boissons excitantes, il me boude pour des nuits entières », nous raconte Nna Mekioussa qui nous confie aussi souffrir d’insomnie quand elle est sujet à ses éternels problèmes d’arthrose et de rhumatisme. Il est vrai que les problèmes physiques peuvent être à l’origine de bien des insomnies, notamment quand il y a douleurs. Certains désagréments dus à des problèmes médicaux peuvent aussi faire fuir le sommeil.

La toux, les problèmes respiratoires dus notamment à des allergies ou asthmes, les problèmes de dents, les reflux gastriques et autres sensations désagréables. Là, il est fréquent que le remède ne réside que dans le traitement de l’origine. Le sommeil s’installe, une fois, ces désagréments écartés.

Si pour certains, la prise de somnifères peut s’avérer une solution au problème, d’autres pensent que la prise d’alcool, peut être une solution amenant l’endormissement. Et l’abus s’installe au fur et à mesure que la solution apporte ses fruits. Seulement, l’abus de l’alcool est une solution à double effets.

La consommation trop fréquente d’alcool peut favoriser l’endormissement mais peut par la suite, perturber le sommeil pendant la nuit avec des réveils très fréquents. Les cauchemars sont aussi au rendez vous. La prise d’alcool n’est, donc, pas une solution apte à résoudre les troubles du sommeil puisqu’elle empire la situation plus qu’elle ne la règle. « Mon mari se bourre la gueule tout le temps et hors insomnie. Quand ces dernières, lui donnent le prétexte du recours à la bouteille, croyez-moi, il n’hésite pas à sauter sur l’occasion ! Il est épris de sa bouteille ! Il boit sans mesure. Il n’a jamais le temps de se mettre au lit d’ailleurs.

Les soirées arrosées se terminent souvent sur le canapé du salon. Il dort et se donne à cœur joie à ses séances de violence (il ronfle à faire déménager les voisins !). Deux ou trois heures après, il se réveille et ne se rendort qu’à l’aube. Des fois, il reprend de sa « potion magique » pour s’assommer jusqu’au matin. Je ne vous raconte pas sa tête au réveil. C’est affreux d’en arriver-là ! », nous raconte Hayet, 34 ans qui souffre aussi de petites insomnies passagères auxquelles elle trouve toujours une solution. La première réaction de Hayet quand elle n’arrive pas à dormir dans sa chambre, est de changer de pièce. Si dans l’autre pièce, le sommeil est au rendez-vous, Hayet a une seule solution : réaménager sa chambre. Elle change d’emplacement aux meubles, met d’autres rideaux, et rajoute ou supprime de la lumière, c’est selon la situation précédente. Des fois, elle emménage même dans la chambre qui lui a favorisé l « endormissement. « Il m’est arrivé de dormir dans le salon, quelques semaines, le temps de me remettre de ma fatigue et de trouver une solution à mon problème. Je ne peux pas continuer à me torturer si le problème est ma chambre. Souvent, il suffit d’ouvrir un voler et d’aérer même quand il fait froid à l’extérieur. Mon frère ainé ne trouve le sommeil que quand il ouvre grand ouvert la fenêtre même en hiver ! Je ne sais pas trop comment il va faire quand il sera marié ! Sa femme va geler la pauvre ! », plaisante Hayet.

Des fois, la solution est juste en face de soi. La cause peut être tellement futile qu’il n’est pas évident de la déceler à temps. Souvent, on essaye bien des solutions toutes aussi compliquées et couteuses les unes que les autres pour se rendre compte que la solution est simple et à portée de tout le monde.

Changer l’emplacement des meubles, ne doit pas être sorcier et compliqué à faire. Seulement, il faudra y penser ! Qui penserait à faire un peu de marche à pied avant de dormir pour se réconcilier avec Morphée ? Et pourtant l’inactivité peut être à l’origine d’insomnies. Le corps ne se fatiguant guère durant la journée refuse de se mettre encore au repos durant la nuit. C’est le cas des personnes à la retraite qui n’ont pas d’occupations et des personnes au chômage et fâchés avec l’exercice physique. Il est nécessaire de se fatiguer un peu dans la journée pour stimuler le besoin de dormir. L’activité intellectuelle peut aussi être une cause des troubles du sommeil. Les périodes d’examens des étudiants sont souvent mouvementées. Le travail sur ordinateur, l’écriture et même la lecture de certains ouvrages qui demandent de la concentration et des efforts de compréhension peuvent empêcher l’endormissement. Pour remédier à cela, il est nécessaire d’espacer le moment de se mettre au lit et le moment où l’on a fini avec les efforts intellectuels. On peut le faire en regardant un programme de divertissement à la télévision ou en se relaxant pour les adeptes de la relaxation et même du Yoga.

Ce sport tant méconnu avant, fait d’ailleurs son apparition dans la ville des Genêts. Les salles de sports qui dispensent des séances de Yoga sont de plus en plus nombreuses à Tizi-Ouzou. Et cette pratique est connue pour ses effets relaxants et bénéfiques pour le corps. Il est, donc, nécessaire de se détendre avant de dormir. Certains, préfèrent les traitements naturels telles les infusions et autres « potions magiques ». Certains aliments sont connus pour leurs effets bénéfiques sur le sommeil. Tout le monde parle de la pomme et du verre de lait tiède qu’il faut prendre chaque soir pour favoriser le sommeil. D’autres, parlent des tisanes et autres infusions miracles aptes à chasser les insomnies à vie. Il semblerait que ça marche pour certains. C’est le cas de Aldjia, 57 ans qui souffre souvent de problèmes de sommeil. « J’ai toujours essayé de boire de l’eau de fleur d’oranger avec du lait chaud et du miel ça peut aider c’est très relaxant !. Ça marche pour moi. Et c’est très bon aussi. A chacun son truc. Ma cousine ne peut pas dormir avec une lueur de lumière. Si elle n’est pas dans le noir total avec zéro bruit, elle ne dort pas. Chez elle, c’est bon. Elle a tout fait pour créer l’atmosphère dont elle a besoin pour dormir. Mais quand elle part au village chez ses beaux-parents ou mes parents, elle souffre. Elle a souvent recours à des masques sur les yeux qu’elle a piqué dans un avion et même des stop-bruit mais elle souffre toujours. Des fois, elle ne trouve le sommeil qu’après un bain très chaud ou une bonne douche chaude. La pauvre, elle souffre énormément et ne se permet plus de sortir de chez elle pour la nuit. Elle n’arrive à trouver le sommeil que dans son environnement », nous raconte Aldjia qui a une voisine accro des tisanes et autres décoctions aux vertus relaxantes.

Mais là, il s’agit de faire face aux petites périodes d’insomnies ou aux petites angoisses qui peuplent nos nuits. Les insomnies chroniques ne sont pas concernées par ces remèdes de grand-mère. Les plus connus sont les fameuses infusions de camomille, très calmantes et agréables au goût. Le tilleul peut s’avérer également un remède efficace aux petites insomnies. Il est tout aussi efficace que la verveine ou la fleur d’oranger. Des infusions rapides et pas chères, agrémentées de miel peuvent éliminer efficacement l’insomnie du quotidien des milliers de personnes qui en souffrent. Le stress de la vie moderne étant la principale cause de ces troubles, une hygiène de vie adaptée et une bonne méthode de relaxation peuvent s’avérer un bon moyen de prévention contre ce mal. Et en définitif, à chacun sa méthode et à chacun son sommeil. si on n’a besoin que de cinq heures de récupération et que le lendemain, on peut tenir le coup, c’est que notre organisme a reçu sa dose de sommeil. Il ne faut donc, pas le forcer à plus d’efforts. Si cette différence a des effets sur l’organisme et ses réflexes, il est nécessaire de trouver une solution apte à réduire le mal. Si le problème persiste, il n y a qu’un médecin qui peut définir la solution adéquate.

Samia A. B.

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