Allo, Maman Bobo !

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n Par Samia A. B.

Devant le moindre signal de maladie, on se sent désemparé. L’angoisse nous gagne même quand nous sommes conscients de la «futilité» du mal qui les ronge. Entre les virus qui s’attrapent tout au long de l’année et ceux qui choisissent l’hiver pour attaquer il y a de quoi se méfier, notamment quand les symptômes de ces maux ressemblent à ceux des pandémies les plus menaçantes. «Ma fille m’a fait de la fièvre trois jours durant. Elle toussait aussi et ne mangeait plus. J’étais très inquiète. Quand je l’ai emmenée à l’hôpital, j’ai fini par me consoler en voyant tous les cas en place. Le service des urgences était bondé d’enfants. Pour la plupart fiévreux. Les médecins étaient dépassés. Un médecin nous a d’ailleurs signifié qu’il n’y avait plus de place pour les hospitalisations. Le service pédiatrie était au complet. Ça toussait et gémissait de partout. Une infirmière m’a avoué que même si leur service ne désemplissait jamais, cet hiver s’est avéré spécialement plus épuisant que les autres», nous dit Hamida, 34 ans maman de deux petites filles de 4 ans et 16 mois. il faut dire que la menace de la grippe A (H1N1) et la panique qu’elle a créee chez la population a particulièrement aidé «l’encombrement» que connaît le service des urgences, depuis quelques mois déjà. Les petites infections qui touchent les enfants en cette saison étant indéniablement accompagnées de fièvres, la crainte d’une complication pousse les parents vers les urgences, alors qu’une consultation chez un pédiatre dans n’importe quel centre de santé peut suffire. Quelles, sont donc, ces infections qui angoissent tant les parents ? Comment s’y prendre en cas d’atteinte ?

Il s’agit essentiellement d’infections bénignes mais contraignantes pour l’enfant, surtout chez le jeune nourrisson. Nous ne parlerons que de la grippe, de la rhinopharyngite et différentes rhinites, des angines, de la bronchiolite, des otites, des oreillons, de la gastro-entérite et des infections urinaires.

C’est l’essentiel des maladies qui s’attaquent aux enfants, notamment durant l’hiver. Il est également opportun de parler de la fièvre et du comportement des parents face à une fièvre, sans raisons apparentes. La fièvre chez l’enfant est définie par une température qui dépasse les 38°. Elle est souvent liée à une infection et doit être traitée rapidement pour éviter toute complication. La fièvre est souvent la sonnette d’alarme qui attire l’attention des parents sur des infections non apparentes. Le moyen le plus fiable pour la prise de température chez l’enfant est le thermomètre rectal. Il faut impérativement consulter un médecin dès l’apparition d’une fièvre, notamment quand d’autres symptômes sont absents.

Il est facile de détecter une grippe ou une rhinopharyngite quand la fièvre est accompagnée d’écoulement nasal et de toux. Ces symptômes orienteront le médecin dans son diagnostic. En leur absence, il est difficile de connaître l’origine de la fièvre. Des examens d’exploration sont souvent demandés, notamment des analyses urinaires, dites l’ECB, pour détecter une éventuelle infection urinaire. Dans le cas où l’origine est connue, en plus du traitement du médecin, les parents devront faire un effort supplémentaire pour venir à bout de cette fièvre. Il est recommandé de faire boire l’enfant régulièrement pour prévenir les risques de déshydratation. Il est également conseillé d’habiller l’enfant aussi légèrement que possible pour permettre à la chaleur corporelle de s’échapper. La vigilance des parents est également de mise. L’enfant doit être surveillé, notamment avec des prises de températures régulières.

«Quand mon fils me fait des fièvres, notamment après ses vaccins, je cumule à peine une heure de sommeil durant ces nuits exceptionnelles. J’ai tellement peur de la fièvre et des effets qu’elle peut avoir sur mon fils en cas de négligence. Je mets mon réveil à sonner chaque heure pour prendre la température de mon bout de chou. Je ne laisse jamais dépasser sa fièvre les 38°. Avec mon petit, je dois redoubler de vigilance. A 39.8°, mon fils joue, saute et rigole comme pas possible. Au toucher, il ne présente aucun symptôme de fièvre. Sans le thermomètre, on ne peut jamais se rendre compte que mon fils est malade. En le cherchant un jour à la crèche, j’ai senti que sa respiration n’était pas régulière. Arrivée à la maison, je lui ai pris sa température et ai trouvé qu’il était déjà à 39.2° sans que sa nounou ne se rende compte. En l’apprenant, elle s’est fendue en excuses en insistant que mon fils n’a pas arrêté de jouer de la journée. Je ne lui en veux pas, puisque moi-même j’ai du mal à voir venir ses fièvres», nous raconte Lynda, 42 ans. Lynda n’est pas du genre à s’alarmer pour rien. Quand son fils est malade, elle essaie de se débrouiller toute seule. Si le bobo persiste, elle consulte. Pour les fièvres, elle a prévu deux boîtes de paracétamol au frigo. Des serviettes humides et des bains tièdes, selon le besoin, finissent généralement à faire déguerpir la fièvre en un laps de temps ! Si Lynda reste adepte des bains tièdes, soit deux degrés en dessous de la température corporelle de l’enfant, cette méthode est aujourd’hui abandonnée car elle peut s’avérer désagréable pour l’enfant et son efficacité est incertaine. Hayet, quant à elle, est contre toute tentative d’automédication quant il s’agit de son enfant. «Je suis une maman de type super angoissée. Dès l’apparition du moindre bobo, je cours chez le pédiatre. Je me dis que ce ne sont pas la demi-journée que je passerai chez le médecin, ni les 600 dinars que je lui laisserai qui pourront m’empêcher de faire face à une éventuelle menace quant à la santé de mon fils. J’exagère toujours quand il s’agit de la santé de mon bébé. Il n’a que 19 mois. Il ne parle pas encore et ne sait pas dire où il a mal. Si je néglige la moindre de ses plaintes et qu’il s’avère que le mal est plus grave que je ne le pensais, je me tiendrai responsable de tout ce qui pourrait arriver à mon fils. Je vois des mamans qui voient leurs enfants souffrir et attendent que la situation se complique pour les emmener chez le médecin. Moi dès que mon fils éternue, je l’emmène chez son pédiatre. La suite dépendra du diagnostic du pédiatre. Il m’est arrivé de consulter et de ne pas donner le traitement à mon fils.

Le plus important pour moi est de savoir qu’il n’a rien de grave», nous raconte la maman angoissée par les convulsions. Une fièvre élevée est la première cause de convulsions chez l’enfant. La convulsion est une crise ou intervient tout d’abord une phase de rigidité corporelle puis de contractures. Ensuite, l’enfant passe par une phase de relâchement avec une période d’inconscience de durée variable. En cas de convulsions, il est impératif de transférer l’enfant aux urgences. Il ne faut pas céder aux pressions des vielles qui interprètent cette crise comme le fruit du mauvais œil et qui se contentent de mettre un foulard sombre sur la tête de l’enfant. Seule une consultation peut déterminer l’impact de la convulsion sur l’enfant malade.

La fièvre n’étant que la manifestation extérieure d’un malaise intérieur, il faut écouter son enfant et guetter les moindres manifestations parallèles à la fièvre. Elles sont bien nombreuses les infections à être accompagnées d’une fièvre. La rhinopharyngite est la maladie de l’hiver la plus fréquente chez les tous petits. Elle se manifeste par un écoulement nasal clair, puis purulent. La plupart du temps, elle est due à un virus.

Elle est souvent accompagnée d’une petite fièvre. En général, un lavage du nez au sérum physiologique ou l’eau de mer aide le bébé à mieux respirer et dégage ses fosses nasales. Par contre, si la fièvre persiste, il est préférable de consulter un pédiatre. L’autre infection qui se manifeste également par une fièvre, l’infection urinaire. Elle est souvent difficile à diagnostiquer chez le bébé, car elle ne peut se manifester que par une simple fièvre. Mais, souvent les pédiatres anticipatifs, demandent des analyses d’ECB, pour avoir le cœur net. Autres indications d’une infection urinaire, l’odeur des urines du bébé qui peuvent être malodorantes. Les enfants en âge de s‘exprimer, se plaignent de brûlures et d’envies fréquentes d’uriner.

Des examens bactériologiques des urines mettront en évidence la présence d’une infection urinaire et des germes qui en sont l’origine. Des antibiotiques sont sitôt prescrits. Il est fortement recommandé de faire boire le petit autant que possible durant le traitement. Les angines font partie des maladies qui touchent le plus les enfants, en hiver. L’angine est une inflammation du pharynx. Seul un médecin peut en faire le diagnostic. Tous les maux de gorge ne sont pas des angines. Cette inflammation est douloureuse. Elle peut-être dûe à un virus ou une bactérie. Il existe plusieurs sortes d’angines. Les angines virales qui sont souvent rouges mais qui peuvent aussi être blanches ou rouges avec des points blancs. Il existe aussi des angines bactériennes, telle l’angine blanche ou amygdalite et la scarlatine. Le traitement dépend de l’origine de l’angine et de son type. Un antibiotique ne viendra jamais au bout d’une angine d’origine virale. C’est pourquoi il est important aussi de ne pas confondre, chez l’enfant, rhino-pharyngite et angine. La rhino-pharyngite est toujours virale. On la traite aux antibiotiques quand il y a une surinfection par une bactérie.

L’otite est une maladie très fréquente, à suspecter lorsque le bébé pleure anormalement, se réveille la nuit, présente une diarrhée, une diminution de l’appétit ou une forte fièvre. Elle touche l’oreille moyenne. Le tympan présente une inflammation. Les oreilles et les yeux peuvent aussi couler. Si l’otite est virale, les antibiotiques ne seront pas efficaces. Le médecin prescrit un traitement local. L’otite ne doit jamais être négligée.

Elle peut être à l’origine d’une baisse importante de l’audition et même entrainer une surdité lorsque les otites sont fréquentes. La bronchiolite est, quant à elle, une infection des bronchioles. Le bébé respire plus rapidement qu’à son habitude, tousse et son nez coule. Dans ces cas là, il faut consulter rapidement. Lorsque les encombrements sont importants, la kinésithérapie respiratoire est très efficace, bien qu’impressionnante pour les parents. Le «pétrissage», indolore pour les petits, a bien des effets sur les parents. Le médecin prescrira également un traitement pour combattre la surinfection et la fièvre. Si elle est bien soignée, la bronchiolite n’entraîne pas de séquelles. En effet, rien ne prouve, jusqu’à présent, que la bronchiolite puisse dégénérer en asthme. Les spécialistes discutent beaucoup de cette question. Peut-être cela joue-t-il un rôle favorisant, mais ce n’est pas prouvé.

Les oreillons sont une maladie virale qui touche généralement l’enfant à partir de trois ans. La contagion se fait par la salive. Les éternuements et la toux sont des facteurs contaminants fréquents. La maladie dure de 5 à 15 jours. Les premiers symptômes font leur apparition après 21 jours d’incubation. Il s’agit de maux de tête accompagnés d’une fièvre modérée à très forte. Le malade trouve également de grandes difficultés à ouvrir la bouche et à avaler. Des gonflements douloureux sous les oreilles et au niveau des glandes salivaires peuvent survenir pendant trois jours. Il est conseillé de laisser l’enfant se reposer au lit. L’administration de paracétamol permet de faire baisser la fièvre et de calmer les douleurs. Durant cette période, il est préférable de donner de la nourriture liquide à l’enfant pour amoindrir sa souffrance et l’inciter à manger. Les oreillons peuvent faire atteindre une température alarmante au-dessus de 40 degrés et peuvent laisser des séquelles. Il est préférable de consulter dès que la température persiste au dessus de 39°. Cette maladie qui est bénigne chez le jeune enfant, peut entrainer une inflammation des testicules chez l’adulte, provoquant la stérilité. Le virus ourlien peut également être responsable de méningite ou d’encéphalite. Si outre mer, notamment en France, on vaccine les enfants contre les oreillons, à travers le ROR, un vaccin combiné «Rougeole/Oreillons/Rubéole», à 15 mois avec un rappel entre 4 et 7 ans, chez nous, ce vaccin n’existe pas. L’anti-rougeoleux se fait seul à l’âge de neuf mois.

La grippe fait aussi partie des infections qui touchent nos enfants, en hiver. Le virus de la grippe est une infection des voies respiratoires. Le virus se transmet par des éternuements, une toux, des postillons d’une personne contaminée. La grippe peut aussi s’attraper par contact direct, par les mains notamment. Une personne infectée peut être contagieuse environ deux jours avant l’apparition des symptômes et jusqu’à cinq jours après. La vie en communauté, les milieux scolaires, les crèches sont particulièrement propices à la propagation du virus. Une forte fièvre accompagne souvent la grippe. Le principal problème de la grippe chez le jeune est lié aux complications. Elles sont fréquentes chez les nourrissons et les jeunes enfants. Elles peuvent être majeures, entraînant chaque année de nombreuses hospitalisations, et parfois même quelques décès. Une simple grippe peut prendre des proportions inimaginables telles les pneumonies par surinfection. Une grippe aggrave l’asthme. Dans tous les cas, ne jamais négliger une grippe. Il faut toujours consulter. Il est impératif de traiter les parents s’ils sont à l’origine de la contagion.

Ces quelques maux constituent l’essentiel des bobos qui frappent les enfants, en hiver. Si la plupart semblent bénins et curables, les complications de certains peuvent entrainer des conséquences graves sur la santé de l’enfant. C’est pour cela qu’il est préférable, l’hiver installé, de prendre toutes les mesures possibles pour éviter à son enfant d’être sujet à ces infections. Certaines mamans plus anticipatives, versent dans la prévention dès l’automne. C’est ainsi que Salima, 54 ans, dès octobre, met ses enfants au Stimunal Sirop que sa sœur lui ramène spécialement de France.

Il s’agit, selon notre interlocutrice, d’un fortifiant qui renforce le système immunitaire chez les enfants. «Si le mal est fait, malgré toutes mes précautions, c’est d’ailleurs toujours le cas de ma cadette qui me fait des rhinopharyngites à répétition, en prévention, le pédiatre m’a conseillé de lui nettoyer le nez le matin et le soir dans le bain, à raison de 3 ou 4 pulvérisations d’eau de mer dans chaque narine pendant le bain. Je commence ce rituel dès l’automne et tout le long de l’hiver. Le plus important étant le nettoyage du soir pour que le nez reste bien propre toute la nuit pour éviter la prolifération des microbes. A mon avis ça marche. “Ma petite m’a déjà fait deux angines et une rhinopharyngite l’année dernière à la même période. Cette année, niet», nous raconte Salima. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux prévenir que guérir ? On dit aussi qu’un homme prévenu en vaut deux et si l’un des deux tombe malade l’autre est là pour le soigner !

S. A. B.

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