“Le mental est l’essence du karaté”

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La Dépêche de Kabylie : Après le décès du maître Enoda, vous vous êtes retrouvé à cavaler seul dans le monde pour transmettre votre savoir, à présent quel est votre sentiment ?ll Sensei Otta : En ce moment même, j’ai une grande pensée pour lui, c’est très difficile de porter le fardeau en solo et c’est une grande responsabilité pour moi, mais je dois dire que le temps nous oblige à avancer et la vie continue.

Vous êtes ici en Algérie pour encadrer un stage technique, quelle est votre appréciation sur le niveau du karaté en Algérie ? ll y a 350 000 karatekas en Algérie, c’est un nombre très important. Il faut beaucoup de moyens pour les prendre en charge. Cela dit, la volonté de travail existe chez les responsables qui sont à la tête de cette discipline. Par ailleurs, les pratiquants veulent apprendre et évoluer, si je suis là aujourd’hui, c’est dans cette optique, pour contribuer au développement de cette discipline en œuvrant notamment sur le côté mental, un point non négligeable dans la pratique du karaté.

Quel constat faites-vous entre le karaté moderne et celui créé par vos ancêtres (le karaté traditionnel) ? ll Le karaté date de 3 000 ans, le développement et la modernisation apportés au karaté est une bonne chose, si je dois faire un constat, je dirai que la pratique du karaté de compétition est très proche du traditionnel et de la réalité. Si la concentration est basée uniquement sur la compétition, cela devient dangereux. Ma conclusion sur ce point est que la compétition sans la tradition, ce n’est pas du karaté mais c’est du physique sans mental-do(la voie de la vie).

Aujourd’hui le karaté mondial est dominé par les Occidentaux et, du coup, vous les Japonais, vous vous retrouvez distancés, quel commentaire faites-vous sur ce retournement de situation ?ll Pour éclaircir les choses, laissez-moi vous dire que nous les Japonais avons notre propre conception sur le karaté. Dire qu’on est distancés c’est l’utopie puisque la pratique du karaté au Japon est au top, ce qui compte chez nous c’est le mental, la compétition arrive au deuxième plan, la défaite et la victoire sont des mots qui n’ont pas de poids dans notre dictionnaire certes le plaisir on l’approuve, mais sans plus. Cela dit, le mental est l’essence même du karaté, la compétition n’est pas une fin en soi, le plus important c’est ce qu’il y a entre la victoire et la défaite.

Le karaté aux Jeux olympique, qu’est-ce que cela représente pour vous?ll C’est une question qui est de longue date, aucun compromis n’a été trouvé pour l’introduire comme discipline olympique. Actuellement, les discussions, sur ce sujet vont bon train, à présent c’est du 50/50, cela se décidera au mois de juin 2005, je pense qu’il sera accepté beaucoup plus pour la publicité, chose acquise, mais en tant que vrai karaté, ce sera extrêmement difficile.

Que manque-t-il pour les Algériens pour être parmi l’élite mondiale ?ll D’après ce que j’ai constaté, la pâte et l’engouement existent, il vous suffit de pratiquer le vrai karaté do pour aspirer à un niveau supérieur.

Comment Sensei Otta voit la pratique du karaté à l’avenir ?ll Déjà actuellement, le karaté se porte bien, pour l’avenir je souhaite que les pratiquants du karaté do axent beaucoup plus leur travail sur le mental et l’esprit pour une efficacité meilleure.

Maître, comment vous avez vécu votre séjour à Béjaïa ?ll C’est un séjour très agréable, Béjaïa est une ville très accueillante, charmante avec de beaux sites historiques, je retiens beaucoup de belles choses, ce n’est pas la première fois que je viens en Algérie, je reviendrai dès qu’on fera appel à moi, car l’Algérie est un beau pays.

Entretien réalisé par M. Bekakria

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