Tajmaât toujours à l’œuvre

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Le système de gestion et de gouvernance traditionnel, connu en Kabylie et dans les autres régions de l’Afrique du nord, sous le nom de «Tajmaât», est toujours en vigueur dans la quasi-totalité des villages kabyles, en l’occurrence le village Taourirt Moussa dans la commune d’Aït Mahmoud, qui relève de la daïra de Béni Douala.

Ce hameau tient toujours à préserver cette tradition qui a souvent été un facteur majeur dans la bonne conduite à l’intérieur qu’à l’extérieur du village. Une forme d’organisation et de gestion des affaires courantes très ancienne en Kabylie.

Ce terme, souvent traduit par «comité», «assemblée» ou «conseil», est une tradition ancienne et une autorité dont le rôle principal est de réguler les affaires courantes des villages. Cette assemblée constituée généralement de sages du village, assure la prise en charge citoyenne des affaires de la cité en recourant au droit coutumier élaboré en tenant compte des spécificités sociales locales.

«Notre rôle consiste à réaliser des projets d’utilité collective comme Tiwizi, et à statuer dans les conflits qui opposent les villageois, et cela suivant le règlement intérieur instauré approuvé par la majorité des citoyens. L’assemblée du village est tellement souveraine que tout changement au niveau des lois ou du comité doit avoir son aval. Elle est convoquée périodiquement mais aussi en cas d’urgence», dira le président du comité.

Ce dernier est reconnu par les autorités et représente dans certains cas l’interface entre les habitants et les pouvoirs publics. D’ailleurs, les membres de cette structure ancestrale jouissent de la confiance et de l’estime des habitants. Ses membres, tous bénévoles, ne perçoivent aucune prime ou indemnité.

Certains d’entre eux sont désignés membres du bureau chargé de la gestion des affaires courantes pour mener à bon port les projets initiés et adoptés par le village. Tajmaït assure aux individus la protection de leurs biens et préserve leur dignité, en particulier les pauvres, ceux qui n’ont pas d’enfants et les orphelins.

Très estimée par les villageois, qui de leur part, répondent favorablement à chaque appel lancé par les membres qui la constituent. «A chaque fois qu’un appel est lancé par voie d’affichage ou bien par téléphone, j’arrive au village même si j’habite à Alger. Je réponds au devoir du village tout en respectant les consignes comme le payement des cotisations annuelles et le nettoyage du village», explique un citoyen.

Lyes Mechouek

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