Tidak n Nna Fa très applaudie

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La pièce théâtrale Tidak n Nna Fa a drainé un grand public pour une longue soirée ramadhanesque qui aura duré plus de trois heures sur les planches du théâtre régional Kateb Yacine. La pièce «Tidak n Nna Fa» ou (les vérités de Nna Fa) s’est produite pour la première fois au théâtre régional Kateb Yacine, au cours de la soirée du lundi 20 mai 2019 dans une salle archi comble, un public de tous les âges et des deux sexes.

C’est une pièce du Théâtre du Renouveau Amazigh/ Amezgun Amaynut Amazigh (TRA/AAA) du Canada, en collaboration avec le Haut commissariat à l’Amazighité (HCA) et le TRKY de Tizi-Ouzou. Les rideaux sont levés vers 22h30 mn et la scène fait apparaître le décor d’un cabinet médical dans lequel toute la pièce s’est déroulée. Un médecin (rôle joué par Brahim Benammar) debout, appelle au téléphone le tôlier qui répare sa voiture et à ce moment-là, une vieille (rôle incarné admirablement par Arab Sekhi), dans une sordide robe kabyle, le dos voûté, avance, s’appuyant sur une canne.

Le médecin ne s’est pas rendu compte de sa présence car préoccupé par la panne de sa voiture. Le bruit de la canne tombée (involontairement) fait sursauter le médecin qui invite calmement la vieille à s’asseoir pour la consultation médicale. Et là commence la longue histoire de Nna Fa ! Le titre n’est pas fortuit et le dramaturge, Arab Sakhi, l’a bien choisi. La pièce comporte plusieurs tableaux coupés par une pause d’un quart d’heure.

Au cours de la première partie, le médecin, en homme averti, tend une oreille attentive à sa malade. Nna Fa commence la litanie des différentes douleurs qu’elle ressent au corps. Pour chaque douleur, elle lui attribue une cause (une cause inoubliable) car sa santé s’est effritée au fil des jours. Le tableau suivant, aura capté l’attention de la salle. N’na Fa raconte son enfance chez ses parents qui traitent la fille d’une autre façon. Le mariage, en bas âge, sans connaître le prétendu.

Les travaux auxquels elle faisait face sans aucune reconnaissance. A la maison, le mari est indifférent. Il s’occupe du journal, de la TV… La condition de la femme dans la famille, au village et au sein de la société est mise en exergue avec humour. Les spectateurs passent des éclats de rire au silence total arrachant aux nombreuses femmes présentes dans la salle des larmes car se sentant concernées et victimes de ces préjugés, de cette injustice, de cette indifférence et parfois des comportements méchants et cruels à l’égard de la femme car la naissance d’une fille n’est pas la bienvenue dans de nombreuses familles.

L’autre tableau dépeint la vieillesse avec tous ses inconvénients. Elle ne cesse de se lamenter au docteur qui confirme le plus souvent ses dires. Pour illustrer ces récits, plutôt ses souvenirs atroces dans une société qui ne pardonne pas, elle laisse couler ses larmes devant le médecin silencieux. La deuxième partie de cette soirée, après une pause-café est consacrée à l’école algérienne. Cependant, il ne faut pas confondre savoir et intelligence.

Elle cite les moments d’actualité que vit notre pays et elle remercie la jeunesse pour ce mouvement déclenché depuis le 22 février. N’na Fa enchaîne avec la femme d’un émigré laissée au village parmi les chacals avec les incrédules et les méchants. La vieille raconte ses aventures dans une langue maîtrisée et mesurée : intonation, gestes, regards… Le travail de la femme à l’extérieur lui arrache d’autres mauvais souvenirs, elle qui n’a pas connu pas l’école.

Elle se réjouit du fait que le médecin, un intellectuel de surcroît, lui avoue qu’il a appris beaucoup de choses avec elle, une femme illettrée. N’na Fa est une pièce qui relate la vie pénible de la femme au sein de la société et met en exergue les différences entre générations. Le Théâtre du Renouveau Amazigh fondé en 2006, compte déjà trois pièces qu’on pourrait voir sur DVD : «Ass n unejmaâ, «Abbuh.com» et «Tidak n Nna Fa». Notons enfin que M. Hachemi Assad et d’autres invités de marque étaient présents durant la salle.

M A Tadjer

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