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Timechret ressuscitée à Iâllalen

Timerchret ou Thahamemth pour certains est ressuscitée dans plusieurs villages, alors qu’on croyait qu’elle avait disparu à jamais. Certes, cette tradition ancestrale a sa connotation d’un village à un autre mais l’idée est la même : des bêtes sont immolées et partagées équitablement entre les villageois. Avant-hier, c’est le comité du village Iâllalen, regroupant une grappe de hameaux dont la population s’élève à plus de quatre mille habitants, qui l’a ressuscitée.

Pour les responsables du Comité, l’objectif principal est de réunir tous les villageois mais aussi de redonner à Tahamameth son sens originel. «Tout d’abord, elle permet aux habitants du village de se rencontrer. Puis, c’est aussi une façon de lancer sereinement la cueillette des olives qu’on espère propice, tout en souhaitant qu’elle ne fasse pas de victimes, car de nombreuses chutes sont enregistrées ici et là. En tout cas, l’adhésion a été massive», a confié un organisateur.

D’ailleurs, grâce à la participation financière des foyers, deux veaux ont été immolés à cette occasion. Selon la même personne, la participation est fixée à 2 000 dinars par foyer. Quant à la mobilisation, elle fut générale. De bon matin, les villageois se sont donné rendez-vous au lieu-dit «Double virage», munis de tout le matériel nécessaire. Après l’immolation des deux bêtes, chaque groupe s’est occupé d’une tâche précise.

Il y avait ceux qui découpaient la viande, ceux qui la partageaient équitablement en parts et bien sûr ceux chargés de compter le nombre de parts pour qu’il n’y ait pas d’erreur. Vers treize heures, tout était prêt. «C’est une tradition à laquelle il faudra réserver une bonne place dans notre société, d’autant plus qu’elle réunit tout le monde. Là, tous les villageois sont égaux. Ils prennent tous la même part de viande. Mais il ne faut pas oublier que les démunis et les nécessiteux n’étaient pas en reste de cette opération.

C’est la première fois que j’assiste à Timechret et je suis ému de voir tous les villageois réunis dans une seule place et travaillant la min dans la main. Cela nous manque beaucoup. Je remercie les membres du Comité de village qui ont pensé à ressusciter cette tradition», a ajouté un jeune homme venu de Draâ Ben Khedda. En tout cas, ce jour-là, des citoyens ont fait le déplacement pour participer à cet événement, après que Tahamameth a été mise aux oubliettes depuis des années. «Je préfère que cette tradition soit organisée avant le lancement de toute autre activité agricole, notamment le ramassage d’olives», a proposé un autre villageois. Vaut mieux tard que jamais. Cela étant, Iâllalen a donné l’exemple pour que cette tradition soit ressuscitée dans tous les villages de l’aârch Nath Yahia Moussa.

Amar Ouramdane

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