Tradition et évolution

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Décidément, de génération en génération, la célébration de yennayer a bien évolué. Si Rabah, 85 années bien sonnées, mais encore bien bon pied bon œil, raconte que de son temps, c’est-à-dire dans les décennies 40, 50 et même les suivantes, Yennayer ou  » Imenci ousseggas », le dîner du jour de l’an, se célébrait bien différemment.

Dans les villages de la côte ouest de Béjaïa, les familles évitaient, ce jour-là, par croyance ou par superstition, de préparer au dîner, contrairement à ce qui se fait de nos jours, tout plat de couscous ou de crêpes. Parce que, explique si Rabah, le couscous se compose de beaucoup de grains et si l’on en mangeait au jour de l’an, il y a risque, selon certaines croyances ou superstitions, de prolifération d’insectes inutiles ou même nuisibles pour l’homme, les animaux domestiques et les cultures. Idem pour les crêpes qui comportent aussi une multitude de trous.

On se contentait de manger des galettes de blé ou beignets avec du café au lait de chèvre, puisque l’essentiel est d’éviter de poser une marmite sur le feu. A l’époque, indique si Rabah, il n’y avait ni exposition de plats traditionnels, ni vente de produits du terroir, ni exposition d’outils utilisés dans les champs ou à l’intérieur des foyers, comme les barattes de lait ou les outils pour le travail de la laine. Puis peu à peu, encouragées de manière insidieuse par les éleveurs de poulets de chair, les familles ont opté petit à petit, surtout dans les années 70, pour le poulet au couscous.

Parce que c’est plus pratique et surtout plus délicieux. Certains affirment même que lors de sa victoire sur le pharaon d’Egypte, il y a de cela 2969 années bien comptées, c’était avec du couscous garni de cuisses de coqs que le roi berbère Chachnaq a régalé ses soldats. Mais depuis quelques années, surtout depuis l’officialisation de l’anniversaire de yennayer en fête nationale, la célébration s’est transformée dans la majorité des communes de la Kabylie en foire de l’artisanat et en exposition vente de produits du terroir.

Dans les grandes villes, la célébration de yennayer s’est faite sous forme de chants, de danses et de parades officielles des grands boulevards au grand bonheur des badauds. Mais cette année particulièrement, si l’on devait décerner une palme pour la meilleure célébration de yennayer, celle-ci, de l’avis général, reviendrait indiscutablement à la commune d’Ighram dans la daïra d’Akbou pour avoir, au lieu et place du folklore généralisé à travers la wilaya, a invité les associations de la commune à procéder au nettoiement des rues de la ville.

B Mouhoub.

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