Les deux journées de la fête de l’Aïd El-Adha ont été célébrées dans l’indifférence, cette année, dans la région de M’Chedallah. A commencer par le rituel de l’immolation qui s’est fait de façon collective et où les citoyens par dix ou quinze ont cotisé pour acheter un veau et l’égorger. Ensuite, ce fut au tour de «lemghafra», qui consiste en la visite des filles et des sœurs mariées. Deux traditions que les citoyens ont exécutées presque à contrecœur sur un air de contrainte et de morosité.
Aucune différence n’était palpable par rapport aux autres journées. La cause étant d’abord l’inquiétude collective d’un lendemain incertain qui a gagné toutes les catégories et couches sociales, depuis le 22 février passé. À vrai dire, ce contexte politique explosif fait que le cœur n’est pas vraiment à la fête. La raison suivante a trait aux incendies en série enregistrés dans la région et à l’origine d’une catastrophe écologique sans précédent. En plus des semaines infernales que la population de la daïra de M’Chedallah a vécues durant ce mois de juillet, ajouté à un panorama apocalyptique laissé par les feux à la place du beau décor naturel de jadis.
La tristesse et l’inquiétude des adultes se sont répercutées sur les enfants, qui créaient cette ambiance de fête qui a fait défaut cette année. On peut citer une autre raison ayant sensiblement contribué à chasser la joie et qui consiste au fait que beaucoup d’émigrés n’aient pas pu se rendre dans leurs villages pour passer la fête en famille. Cela est dû à une augmentation vertigineuse des prix des billets d’avion des compagnies aériennes, qui assurent les dessertes entre les aéroports algériens et européens.
M’Chedallah étant une région qui compte un pourcentage élevé d’émigrés, la plupart des familles attendaient un parent ou une famille entière pour célébrer ensemble cette fête religieuse, en vain. Cette année, donc, rares sont les émigrés qui ont consenti à sacrifier une fortune pour venir passer les vacances au pays et l’Aïd aussi. Ni le moral et encore moins le cœur n’y étaient.
Oulaid Soualah