Un écosystème à l’agonie

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Oued Agrioune, qui draine un chapelet de collines boisées et dont les méandres cheminent sur plusieurs dizaines de kilomètres avant d’atteindre l’embouchure de la Méditerranée, est devenu un réceptacle de rejets de toutes natures. Qu’ils soient d’origines domestique, urbaine ou industrielle, les déchets atterrissent immanquablement sur le lit du fleuve, lui donnant l’allure d’une immense décharge publique à ciel ouvert. Les berges, autant que le lit majeur, croulent sous des monceaux d’ordures aux effluves nauséabonds.

On y retrouve toute la palette classique d’ordures qui composent la poubelle domestique, à savoir matière plastique, papier, verre et fraction liquide fermentescible. Des déchets hétéroclites résultant des activités commerciale et industrielle, des déchets inertes et encombrants figurent aussi en bonne place sur le site. Des riverains ont même signalé la présence de déchets médicaux, à haut potentiel infectieux, générés par l’activité de soins des structures de santé. «Tout le monde déverse ses déchets dans l’oued Agrioune, sans souci aucun pour l’environnement.

Même certaines collectivités locales y ont implanté leurs décharges sauvages», témoigne un citoyen de Taskriout. «Les pollueurs ne se contentent pas de souiller ce milieu naturel avec leurs déchets. Aussi, ils le dépouillent impunément de son substrat qu’est le sable, et ce pour les besoins des chantiers de construction et des travaux publics», se désole un commerçant de Souk El Tenine.

Cette profanation de la nature ne semble pas avoir de limites, puisque même les eaux résiduaires s’y déversent sans vergogne, signale-t-on. Mais il faut savoir que l’impact de cette charge polluante est d’autant plus grave que le fleuve enregistre une baisse sensible de son régime d’écoulement. Outre cela, la biocénose, dont le milieu naturel fait office de niche écologique, s’appauvrit inexorablement d’une année à l’autre. Des espèces faunistiques, parmi les moins résilientes, n’y sont déjà plus.

N. M.

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