Un musée à ciel ouvert

Partager

érigé sur un pic rocheux à 900 m d’altitude, à 43 km de la wilaya de Sétif, le site archéologique de Djemila (belle en arabe) ou Cuicul (son nom antique) s’étend sur un plateau de forme presque triangulaire, bordé par deux ravins où coulent les oueds Guergour et Betame.

Le site, l’un des principaux d’Afrique du nord, fut classé patrimoine mondial de l’Unesco en décembre 1982. «La ville a été fondée par l’empereur Nerva, Cuicul a connu le règne de plusieurs empereurs notamment Caraccalla, Commode et Lucius Verus», explique un archéologue du site.

A l’entrée, un beau jardin nous accueille, longé d’une allée bordée d’arbres, de statues, de sculptures, de jarres de pierre et de mortiers. Sur les bases des statues des inscriptions sont gravées. Avant d’arriver au musée, on traverse une petite cour où trône la tête colossale de l’empereur Septime Sévère, près de laquelle sont entreposées des statues, des poteries, des stèles et des mosaïques.

Sur le mur près de la porte d’entrée du musée est suspendu ce qui reste de la statue de l’impératrice Julia Domna. Le musée (Photos autorisées) est composé de trois salles construites successivement en 1911,1915 et 1930. Dans toutes les salles, des vitrines abritent des objets en bronze, en poterie, en verre, ainsi que des outils, des pièces de monnaies, des bijoux et des armes.

Dans chaque salle, on trouve également des statues ou des fragments de statues, ainsi qu’une collection de mosaïque récupérée lors de différentes fouilles archéologiques. On trouve notamment une grande mosaïque de l’asinus nica (âne vainqueur) représentant plusieurs animaux ainsi que des chasseurs. Une autre représente une scène de chasse.

Les visiteurs peuvent aussi admirer une maquette de la cité antique, créée en 1973. Elle représente les trois quartiers : la vieille cité au nord, la nouvelle cité au sud et le quartier chrétien au Sud-est. «Il y a deux périodes ayant marqué Djemila : la période païenne qui comprend environ 70 % du site et l’époque chrétienne avec une surface de 25 hectares.

Les techniques de construction sur le site sont les techniques de l’opus quadratum pour les grands monuments et l’opus africanum pour les petits monuments. Les voies du site s’organisent sur deux axes, le decumanus maximus et cardo maximus», précisera l’archéologue.

La cité aux temples

Du haut du jardin, on peut admirer la belle vue qu’offre la cité. Plus bas, on trouve une prairie avec des marguerites sauvages ou des familles viennent contempler la beauté du site. A droite, on a le quartier chrétien qui comprend le baptistère, un édifice circulaire, c’est le bâtiment le mieux préservé, la petite chapelle, la basilique du IV siècle et une cathédrale.

Le centre de la cité se trouve dans la vieille ville, le forum où l’ensemble des édifices politiques, religieux et publics sont basés, tels que le capitole, la curie, la basilique civile, le marché, les thermes, le marché de Cosinius, le temple de Venus Genetrix, ainsi que des habitations de luxe comme la maison d’Europe, la maison de l’âne vainqueur et la maison de Castorius.

Tout droit, à travers le cœur du quartier nouveau, une allée longe les grands thermes romains situés à l’ouest du cardo. Ce sont les plus importants de Cuicul. Bâtis sous le règne de l’empereur Commode en 183, ils occupent une superficie de 2 600 m². Ils sont composés d’une grande salle luxueuse, d’une salle chaude, d’une petite salle très chaude, de vestiaires, d’une grande piscine extérieure, d’un gymnase et d’un espace de discussions et d’échanges.

De la place séveriènne se dresse un édifice majestueux dominant la plus grande partie de la ville, en l’occurrence le temple Sévèrien, dont la construction date de 229, sous le règne de Sévère Alexandre. On accède au temple par un perron de vingt six marches, pour aboutir à la «cella», salle du temple qui contenait les statues du couple impérial déifié, qui sont exposées actuellement à l’entrée du musée.

Une porte de la place sévèrienne mène au théâtre de 3 000 places qui se trouve derrière la colline. Les gradins du bas, séparés du reste par une balustrade en pierre, étaient réservés aux personnalités de la ville. La scène était large de 6 m et longue de 33, 80 m, le mur de scène est quant à lui très bien conservé.

En face, on a l’arc de Caracalla, monument imposant, construit en 216 en l’honneur de l’empereur Caracalla, «de sa mère Julia Domna et de son père défunt Septime Sévère», comme l’atteste la monumentale dédicace. La ville antique n’en finit pas de nous émerveiller et de nous surprendre.

En traversant les ruines de Ciucul, on voyage à travers les siècles. Par une belle journée ensoleillée, des artistes venus de différentes villes du pays prennent part à ce voyage. Musiciens et photographes sont là, chacun exerçant son art avec délectation. Ici, le temps s’est arrêté et l’inspiration est servie.

Sonia Illoul

Partager