Un projet plus cher que prévu

Partager

La municipalité d’Akbou semble avoir «des difficultés», notamment en cette période d’austérité, à prendre entièrement en charge le projet d’aménagement de l’oued Illoula estimé à plus de 200 milliards de centimes.

En 2014, lors de la visite de travail de l’ancien wali de Béjaïa, Hamou Ahmed Touhami, à Akbou, un bureau d’étude chargé de la réalisation de l’étude portant aménagement de l’oued Illoula s’était déplacé depuis Oran pour exposer au responsable l’état d’avancement de l’étude. Néanmoins, et à en croire une source municipale, les autorités semblent ne donner, jusque-là, aucun intérêt à ce projet datant depuis des années. En témoigne, d’ailleurs, la mise de ce projet dans le tiroir sans pour autant pouvoir le concrétiser.

Ainsi, la municipalité d’Akbou semble avoir «des difficultés», notamment en cette période d’austérité, à prendre entièrement en charge ce projet estimé dans sa globalité à plus de 200 milliards de centimes. Plusieurs tentatives de canalisation ont été, en fait, effectuées sans succès depuis cinq ans.

C’est l’un des plus grands projets d’aménagement de la commune d’Akbou qui tarde á voir le jour. Soumis à plusieurs études techniques, l’aménagement et la canalisation d’Oued Illoula au plateau d’Arafou constitue, encore aujourd’hui, un défi majeur pour les responsables locaux du nouvel exécutif. Cet immense Oued d’un cours d’eau principal de 10,48 km empile aussi 52,82 hectares comme limite du bassin versant. L’étude de l’aménagement est inscrite en 2009, néanmoins les travaux tardent à démarrer.

Pour les responsables de l’APC d’Akbou, la concrétisation du projet butte sur des «obstacles techniques» et surtout financiers. «Ce projet sera d’abord mis sur la table de l’assemblée pour débat. Vue l’état financier de la municipalité ayant été amputée, rappelons-le, de 50% de ses recettes, nous aurons à décider si ce projet constitue encore une priorité pour la collectivité afin d’aller vers sa réalisation», dira Mouloud Salhi, maire d’Akbou.

Selon la fiche technique du projet, les études géotechniques et d’aménagement sont transmises pour le CTH (Centre technique de l’hydraulique) le 20 mai 2012 pour approbation. L’étude menée depuis des années par le bureau oranais «BET Hydro Projet Ouest» et dont le montant s’élève à plus de 336 millions de centimes a eu, enfin, l’aval du CTH. Mais pour la réalisation, c’est encore loin.

Pour cela, un devis faramineux a été dégagé en forme de trois variantes différentes. Selon Saad Takarabet, vice-P/APC chargé des travaux et de l’hydraulique, le projet a bénéficié l’année passée de la première variante, concernant le mur de soutènement en pierre maçonnée, estimée à 80 milliards de centimes. «Nous pensons en parallèle pour un montage financier avec les secteurs concernés», avoue, de son côté, Boucherit Mohammed, vice P/APC chargé de la finance et de l’administration.

Quant à la deuxième variante qui est considérée supérieure, celle du mur de soutènement en béton, elle est estimée à 1 133 025 707,00 DA. Et enfin la dernière, elle est estimée à 291 881 000,00 DA et concerne la construction d’un mur de soutènement en parois plus radiers.

De gros ouvrages publics réalisés sans permis de construire !

Ce projet aura comme objectif de protéger, sauvegarder, récupérer, désenclaver et valoriser des milliers d’hectares de terres privées et publiques. Ainsi, sa canalisation va mettre à l’abri un bon nombre d’habitations qui sont menacées tout au long par le danger que peut induire le débordement de l’Oued en périodes pluviales.

D’autant plus, plusieurs projets d’envergure construits récemment sur le nid de l’oued suscitent des interrogations. Au POS 17, à Bouzeroual, un site sis aux alentours du nid de l’oued, plus d’un millier de logements, une unité de BMPJ et un centre pénitencier ont été construits sans l’aval des services de l’hydraulique. Hallucinant ! «Nous ne pouvons pas mettre un avis favorable tant que l’oued n’est pas canalisé.

Il s’agit d’un terrain, techniquement parlant, inondé», se défend un responsable subdivisionnaire de l’hydraulique. Un constat qui illustre quand bien même l’implication directe «des autorités centrales» et l’urgence de les faire réagir afin de le canaliser pour éviter «une catastrophe» dont les conséquences seront périlleuses. «Il ne faut jamais croire à un oued qui dort», dit-on !

Y a-t-il menace sur la santé publique ?

Pour comprendre plus, des responsables techniques avancent l’hypothèse de la spécificité et la lenteur auxquelles est soumis généralement ce genre de projet. «Ces études sont complexes et longues, hautement techniques et scientifiques. Mais surtout à multiples phases. Pour des précautions prises, elles sont toutes et pour chaque phase soumises au contrôle, la vérification, la validation, l’approbation et le visa de l’organisme officiel de l’État chargé du contrôle technique des constructions hydrauliques», explique-t-on.

Sans donner de précisions sur la durée que prendra encore ce projet, les citoyens de la commune, notamment des habitants des localités limitrophes de ce oued, qui ont déjà réclamé à maintes reprises la réalisation de ce projet, auront encore à subir, pour une période indéfinie, les désagréments que génèrent les eaux usées, surtout en périodes de chaleur. En absence d’analyses et de contrôles réguliers sur les effets de telles situations sur la santé publique, personne ne peut ni nier ni confirmer que les maladies en périodes estivales, comme la typhoïde, soient causées par ces oueds mal aménagés.

Menad Chalal

Partager