Une localité en attente d’un futur meilleur

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La population locale, disséminée sur cinq villages, Aït Saïd, Azzouza, Ouled Abdallah et Ouled Tafat, se sent isolée et laissée-pour-compte. «Nous aurions aimé que notre région, avec tous ses villages réunis, devienne un jour une municipalité. Elle englobe à elle seule près de 13 000 âmes, plus que la commune de Souk El Had qui n’en a que 7 000 habitants», dira Ahmed, un étudiant à Boumerdès. Ce jeune se souvient que des membres des comités de village avaient été invités au siège de l’APW de l’époque de Boussaïdi pour s’expliquer d’un courrier datant de 2011 et par le biais duquel ils réclamaient leur “part de développement”. «C’est la première fois que notre voix fut entendue par les autorités de wilaya, mais sans hélas écho sur le terrain», rappelle-t-il. Cette région est totalement déshéritée. La population vit le calvaire au jour le jour et aucun responsable n’a pu faire quelques chose pour atténuer un tant soit peu cette malvie. «Nous sommes la seule région de la commune qui n’est pas dotée d’une annexe administrative. Pourtant, un projet avait été inscrit en 2006 au même titre que les autres régions de la localité, mais il ne voit toujours pas le jour», ajoute notre interlocuteur qui dénonce l’“inertie des responsables locaux qui se cachent derrière le prétexte de l’absence de foncier”, martèle-t-il.

Déficit en

infrastructures publiques

Dans les villages Matoussa et Béni Ntasse, les annexes APC sont réalisées depuis plusieurs années, mais qui ne servent à rien car elles sont fermées depuis près de deux ans. D’ailleurs, les villageois s’interrogent sur leur utilité et l’utilité des élus qui doivent les gérer. Pour un simple document de l’état civil, les habitants doivent rallier le siège de l’APC pour se voir délivrer un document administratif. Les villageois, notamment ceux de Azzouza et Ouled Tafat, trouvent d’énormes difficultés pour rejoindre le chef-lieu communal en raison du manque de moyens de transport.

«Étant donné que le transport est quasi inexistant sur la ligne Azzouza – Chabet El Ameur, les villageois sont contraints de faire le détour des Issers pour prendre un bus et rallier en suite le chef-lieu communal», dira Naceur, un jeune chômeur qui affirme que le nombre de fourgons assurant la desserte Azzouza – chef-lieu de la commune ne dépasse pas deux. Les propriétaires desdits fourgons sont toujours aux abonnés absents car la depuis plusieurs années et aucune opération n’est inscrite pour sa réhabilitation hormis celle, partielle, entamée en 2011. Les derniers travaux de raccordement au gaz naturel et à l’eau potable ont accentué la dégradation de la route dans les villages d’Aït Said et Azzouza, causant ainsi d’énormes désagréments aux automobilistes et aux habitants.

La boue se forme à la moindre chute de pluies alors que la poussière pénètre dans toutes les maisons limitrophes de la route. Le revêtement de la route peut ne pas intervenir aussitôt car l’importance est donnée aux routes nationales à grande circulation. Rappelons aussi que le secteur des DTP est touché par le gel au lendemain de la chute des prix de l’or noir sur les marchés mondiaux. À Azzouza, un projet d’amélioration urbaine a été inscrit en 2009 et n’a pu être lancé qu’en 2017/2018. L’opération est qualifiée de bricolage par les citoyens qui dénonçaient le bâclage de tels travaux.

À peine réalisé, l’éclairage public ne fonctionne toujours pas et plusieurs lampes ne s’allument pas. Cette situation touche pratiquement tous les villages de la région, où il fait totalement noir dans les rues. D’ailleurs, ces derniers jours, les villageois font état de plusieurs vols de maisons en raison du manque et d’absence total d’éclairage, notamment à Aït Said. À Ouled Tafat, on déplore l’absence de lampadaires. En termes d’infrastructures publiques, la région est mal dotée. Il existe un seul CEM pour les collégiens de la région. Il se trouve au village Aït Said et il n’est qu’une ancienne caserne de l’armée coloniale rebaptisée en établissement scolaire.

Il a fallu attendre près de trente ans pour qu’un nouveau collège soit lancé dans le même village. «L’État avait inscrit un projet de CEM en 2002, mais le projet n’a pas été réalisé. En 2011, lors de sa visite dans la région, l’ex-wali Kamel Abbès avait promis de réaliser un nouveau CEM. Les membres du comité de village d’alors ont fait des mains et des pieds pour chercher un terrain pour sa construction. Ils ont pu convaincre des propriétaires de terrain de la région de l’utilité d’un tel projet pour la région. Le pari était atteint, mais en 2014, les choses ont changé suite à la crise financière dans laquelle était plongé le pays suite à la chute des prix de pétrole», a fait savoir Hamid, un habitant de la région.

Et d’ajouter : «Le gel a touché le projet mais il a été dégelé après plusieurs années et Dieu merci les travaux ont été lancés récemment». Le CEM Babasi Rabie accueille des élèves des trois villages, mais les conditions de scolarité laissent à désirer. Les salles de cours sont dégradées et surchargées et la structure menace de s’effondrer. Et faute de cantine scolaire, les collégiens cassent la croûte à midi chez l’épicier du coin. Pour ce qui est du transport scolaire, il a fallu attendre la grève entamée récemment par les collégiens pour que l’APC mette à leur disposition un bus. Les cantines scolaires des écoles primaires de la région ne servent toujours pas de repas aux écoliers. Les salles de cours sont rarement équipées de poêles à mazout.

Ces établissements ont fait l’objet de plusieurs vols par le passé. L’année écoulée, des micro-ordinateurs ont été volés à l’école Hamel Slimane. Ces établissements ne sont pas surveillés de nuit. La moitié des lycéens de la région est scolarisée aux Issers faute de moyens de transport et de surcharge des classes dans les deux lycées de la commune. Le nouveau projet de lycée risque de ne pas voir le jour faute d’assiette foncière. Le secteur de la santé est également abandonné dans cette région dotée de trois salles de soins, dont deux sont toujours fermées.

Celle se trouvant à Azzouza fonctionne au ralenti, alors que les deux autres situées à Aït Said et Ouled Tafat, réalisées depuis quatre ans, n’assurent toujours pas de soins aux malades de la région. Celle d’Aït Said, inscrite en 2006, puis retirée et relancée en 2011, n’a été réalisée que deux ans plus tard. Un fil électrique intrus dans la cage d’escalier de la bâtisse remis son ouverture aux calendes grecques. Les malade doivent prendre leur mal en patiente encore, surtout lorsqu’on sait que même la polyclinique du centre-ville fonctionne au ralenti depuis près de huit mois en raison de la fermeture de plusieurs services, dont la maternité, et ce près expertise du CTC qui a ordonné la fermeture d’une grande partie touchée par des fissures menaçant son effondrement.

L’eau potable se fait rare même en hiver !

La région d’Aït Mekla a vécu des pénuries d’eau potable depuis plusieurs décennies. Malgré, les projets de raccordement en eau de quelques villages, l’accès à ce liquide vital à la vie est restreint pour certains habitants dans certaines contrées de la région. Au village Aït Said, n’ayant pas touché tous les habitants, le projet de raccordement à l’eau a failli créer la discorde entre les villageois. Et pour atténuer la tension, il a été proposé au villageois de cotiser de l’argent pour atteindre les maisons non touchées par le projet. Selon Hamid, notre interlocuteur, une somme d’argent fut collectée et des tuyaux acquis, mais les travaux ne se sont pas poursuivis.

Idem du côté de Azzouza où le projet avait mis beaucoup de temps pour être réalisé suite à la défaillance, selon des villageois, de l’entreprise retenue pour sa réalisation. L’entreprise aura mis près de huit mois pour achever les travaux. Ici, on a même refusé l’extension du réseau aux habitations éparses. À Aït El Hadj et Ouled Tafat, les villageois ne verront pas de sitôt l’eau dans leurs robinets. L’opération de raccordement en eau potable ne les concerne pas. Toutefois, les habitants d’Aït Mekla s’interrogent sur le sort du projet d’eau potable inscrit dans le cadre du FCCL en 2016 qui n’a fait que trop durer. Idem pour l’assainissement qui fait défaut dans plusieurs contrées de la région. Ils continuent d’utiliser des fosses septiques. Il se trouve que même l’électrification rurale fait défaut, notamment à Azzouza où près d’une vingtaine de foyers au lieudit Ighzer Amokrane ne sont toujours pas raccordés.

Z Youcef

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