Comme chaque année, entre le 18 et le 20 octobre, la stèle dédiée aux deux héros, le commandant Ali Bennour et l’infirmier Oukil Ramdane, fut avant-hier un lieu de recueillement. De nombreuses personnes dont les moudjahidine de la wilaya III, de la wilaya IV, ainsi que ceux venus des autres wilayas, à savoir Béjaïa, Alger, Jijel, Sétif et Boumerdès pour ne citer que celles-ci et bien sûr des citoyens de Tadmaït, sa région natale, les autorités locales de Draâ El-Mizan et un représentant de l’APW, M. Ferhat Sadoud, ont rendu un vibrant hommage à Ali Bennour. En effet, ce qui a marqué cette commémoration est la rénovation entière de cette stèle où l’on peut lire une notice biographique relatant son combat.
Cette rénovation a été déjà réclamée, depuis des années, par la famille révolutionnaire et M. Hocine Bennour, fils du commandant Ali Bennour. Après le rituel dépôt de gerbe de fleurs, une minute de silence a été observée à la mémoire de tous les martyrs de la guerre de libération nationale en général et celle de ces deux héros en particulier suivie par la lecture de la Fatiha. Puis la parole fut donnée à des personnes qui l’avaient connu. « Si Ali Moh Naâli était modeste, humain et généreux. Il se comportait comme un soldat. Il ne montrait jamais qu’il était le chef. D’ailleurs, il se tenait en tête de son groupe. Au grand jamais, il ne mangeait avant ses subalternes.
C’était aussi un grand stratège militaire. Même si son groupe se trouvait face à des difficultés sur le terrain, il savait comment galvaniser ses troupes », dira l’un d’eux. En tout cas, tous les intervenants ont souligné sa témérité, son exemplarité et bien sûr sa bravoure. « Même lorsqu’il fut soumis à des tortures atroces à la caserne de Draâ El-Mizan, il n’abdiqua pas. Il refusa de saluer les officiers de l’armée française. Il voulut mourir en héros », témoignera un autre ancien moudjahid. Cependant, le témoignage le plus poignant est le récit de son arrestation. « Il était de passage à Ighil El Vir, dans la commune d’Ait Yahia Moussa, pour s’enquérir de l’état de santé des blessés dans une infirmerie afin de trouver les voies et moyens et les transférer ailleurs.
Certainement, il y avait quelqu’un qui avait annoncé sa présence aux soldats français. Le lieu fut encerclé. Et les accrochages commencèrent. Il fut alors blessé et capturé avec d’autres moudjahidine, dont l’infirmier principal Oukil Ramdane. Ils furent ensuite conduits à la caserne de Draâ El-Mizan dans la nuit du 18 octobre 1959. Ils subirent d’atroces tortures et d’humiliations durant la période allant du 18 octobre au 21 octobre avant d’être froidement assassinés parce que leurs tortionnaires ne purent leur tirer aucun aveu », racontera un autre intervenant. Leurs corps furent jetés devant le lieu-dit L’Ghar Bourouyène sur la RN25. Ils furent inhumés à Ighzer n’Souk tout proche du lieu où ils étaient traînés à même le sol.
Dans son intervention, son fils Hocine a rappelé toutes les misères subies par sa famille au moment où son père, son grand-père et ses oncles étaient dans les maquis. Par ailleurs, il a remercié l’APW de Tizi-Ouzou, l’APC de Draâ El-Mizan et tous ceux qui ont contribué à la rénovation de ce monument. Feu Ali Bennour est né le 10 mai 1927 à Ighil Yahia Ouali dans la commune de Tadmaït. Dès son jeune âge, il fréquenta les premiers noyaux du PPA avant d’en devenir militant. Il participa à la création de l’OS aux côtés de Krim Belkacem et bien d’autres militants engagés de la première heure. D’ailleurs, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, il était à la tête du groupe de Tadmaït qui s’était attaqué aux intérêts économiques coloniaux dans cette ville. Peu à peu, il gravit les échelons de la hiérarchie militaire avant d’être promu au grade de commandant au sein de l’Armée de Libération Nationale (ALN). À rappeler que son père et ses deux frères sont, eux aussi, tombés au champ d’honneur.
Amar Ouramdane