Il est incontestablement l’un des grands poètes kabyles contemporains. Sa poésie qui suinte des dédales des siècles s’impose comme une référence inéluctable pour connaître la langue kabyle des anciens. Dans la littérature, on appelle ce genre d’œuvres «les grands classiques». Zedek Mouloud, le fils des Ath Khelfoun, a indéniablement pris sa place au panthéon de la poésie kabyle. Né à Ath Khelfoun, village de la région de Béni Douala, un 13 septembre 1960, il a commencé la poésie à un jeune âge. En effet, c’est entre 8 et 9 ans qu’il a commencé à ciseler les mots et les verbes pour en faire des grappes de vers.
Durant son enfance et sa jeunesse, Zedek découvrira son talent pour la musique avec les moyens du bord, ceux de tout enfant né dans un village kabyle durant les années 1960. Toutefois, sa carrière artistique ne commencera qu’après le service militaire. En effet, en 1983, son premier album sortira grâce à ses amis, versés en général dans le domaine de la musique. Il commence alors cette longue carrière qu’il poursuit encore magistralement avec l’album intitulé «Imouth D aghrib». La suite sera juste sensationnelle. L’artiste s’avère être un grand poète, qui tire son verbe des siècles passés.
La langue kabyle dans la poésie de Mouloud respire l’authenticité jusqu’à effleurer la pureté. Très subtil, l’artiste a su dépoussiérer le lexique ancien au point d’avoir l’impression d’entendre la langue d’il y a quelques siècles. Dans sa poésie, en effet, les emprunts ont presque disparu laissant place à une langue libérée et surtout pure. Cela l’a vite hissé au rang des grands poètes, militants et engagés pour la langue et la culture amazighes. Ce volet, Mouloud lui consacrera une grande partie de son œuvre, qui se poursuit encore avec des titres où le poète garde le même engagement pour sauvegarder la langue amazighe et la maintenir dans sa pureté originelle.
Ces dernières années, Mouloud Zedek représente justement le porte-flambeau de ce patrimoine pour toutes les générations. Et il s’acquitte bien de cette tâche ! Vivant actuellement en France, son entourage évoque une prochaine grande tournée internationale qu’il entamera juste après son gala prévu au Zénith, à Paris, le 12 janvier prochain. Cette virée mondiale le mènera dans plusieurs pays européens mais aussi aux Etats-Unis et au Canada. La poésie de ce grand artiste se hisse incontestablement au rang des classiques, qui intéressent la recherche universitaire. Zedek, par sa poésie, aura insufflé à la langue kabyle ancienne une force pour vivre dans un avenir dominé par la force, par des langues appelées vivantes grâce à la vivacité de leurs pratiquants. Des poètes comme lui ont tracé la voie, peut-on la suivre ?
Akli N.