Les langues dans le monde au menu

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Le linguiste et professeur universitaire en retraite, Foudil Cheriguen, a animé, samedi après-midi, à la bibliothèque d’Aokas, une conférence autour des langues dans le monde et a procédé, par la même occasion à une vente-dédicace de son dernier roman intitulé «Un soleil blafard».

Il entamera son intervention en disant que parler des langues de par le monde amène à se situer. Pour donner à l’assistance une idée sur l’importance de la langue, il citera un philosophe grec qui, en allant au marché pour ramener ce qu’il y avait de mieux, est revenu avec sept langues, de veau probablement ironisera l’orateur et il en fera de même le jour où on lui a demandé de ramener ce qu’il y avait de pire. Pour dire que la langue peut être meilleure et pire. Pour le conférencier, il y a plus de 5 300 langues de par le monde, dont seules 300 sont écrites alors que les autres sont parlées sans qu’elles ne soient écrites. Quand il y a distinction de son, il y a automatiquement distinction de sens et toutes les langues du monde fonctionnent ainsi. Dans une langue, il y a également l’aspect écrit qui est symbolisé par différents dessins. La langue a été instituée à partir de la période des phéniciens qui ont découvert l’aspect alphabétique. Pour l’origine des écritures, il y a deux tendances. «Celle qui opte pour les grecs et celle qui opte pour la Mésopotamie», soulignera le linguiste. Bien entendu, fera-t-il remarquer, «toutes les langues ne sont pas alphabétiques même si elles sont majoritaires». Il subsiste quelques unes qui ne le sont pas, tel que le chinois. Pour l’orateur, il n’y a aucune différence entre une langue ou un dialecte du moment que ce sont des moyens de communications. Il est vrai, rappellera-t-il, qu’il se perd deux à trois langues par jour à travers le monde. La langue se meurt quand ceux qui la parlent sont peu nombreux, comme c’est le cas du latin qui n’est parlé que par les religieux. Au conférencier de s’interroger si réellement le latin est mort. Il répondra à son propre questionnement en disant que cette langue n’est pas morte mais qu’elle s’est transformée en plusieurs autres langues, telles que le français, l’italien… Pour étayer ses propos sur la transformation des langues, il citera le cas de la langue amazighe, qui a enfanté le kabyle, le chaoui et autres, laquelle ne pourrait jamais être comprise par Massinissa ou Jugurtha, si jamais ils ressuscitaient aujourd’hui. Enfin, il dira que le vocabulaire change très vite, tous les quinze ans en moyenne, mais les mots grammaticaux changent le moins. D’ailleurs, dès ces derniers changent dans une langue, elle disparait. Elle reste vivante tout en empruntant des mots à d’autres langues. Pour illustrer la langue, il dira que c’est une sorte de robe rapiécée. Par conséquent, une langue originelle est truffée de mots provenant d’autres langues, ce qui fait que la langue peut être vivante mais jamais pure. Après les débats sur le thème de la conférence, Foudil Cheriguen présentera son dernier roman, lequel semble être un exercice de style avec un français maîtrisé pour raconter une histoire d’amour quelconque qui se passe en dehors de l’Algérie. L’auteur dira qu’en racontant une histoire qui n’a rien à voir avec la Kabylie ni l’Algérie, il voulait sortir d’un certain folklore littéraire. Le modérateur de la conférence, l’autre enseignant universitaire, Fatah Bouhmila, dira qu’après avoir lu ledit roman, il a eu l’impression de lire du Malek Hadad. Il soulignera que même si c’est une histoire d’amour qui y est racontée, elle était très pudique. Bien sûr que ce genre de rencontres organisées à la bibliothèque communale d’Aokas ont habitué l’assistance à d’autres interventions rentrant toujours dans un cadre littéraire et culturel. Le poète parolier de la localité Farid Tairi, a déclamé des vers d’un poème dédié aux intellectuels alors que Nacer Medjdoub, responsable du centre culturel de la localité a distrait l’assistance par l’interprétation d’une chanson en hommage eu regretté Ahcène Mezani, décédé le 24 septembre 1984, à l’âge de 62 ans. Cet élève de Mohamed Iguerbouchène a, tôt, fait de découvrir sa passion pour la chanson. Par amour de l’art, il s’est donné corps et âme à ce métier qui, pourtant, n’a jamais nourri les siens. Cheikh Missoum, méticuleux dans le choix de ses musiciens, n’a pas hésité à intégrer au sein de son orchestre l’instrumentiste hors pair que fut Mezani.

A. Gana

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