Tamazight à l’ère du numérique

Partager

Le double déclassement diglossique de Tamazight entre l’impératif de son aménagement et les exigences de sa survie sociolinguistique, est le thème du colloque international qui se tient, depuis hier, au campus d’Aboudaou.

Alors que les organisateurs avaient reçu près d’une centaine de propositions de communication, ils en ont sélectionné une trentaine devant être animées par des spécialistes en la matière. Hier, sous le thème «Retour sur les 3 000 ans d’histoire du berbère, bilan sommaire des travaux et perspectives», Ould Braham a longuement parlé d’Adolphe Hanotau, ce militaire qui avait été parmi les premiers à produire un essai sur la grammaire kabyle. Scindant en deux parties sa communication, l’orateur passera d’abord en revue les différents témoignages dans la langue berbère avec toutes ses variantes, puis traitera, dans la seconde, les différents travaux d’approche sur l’histoire de la langue berbère. En parlant de l’ouvrage de Hanotau, le conférencier fera part des études linguistiques de l’époque et de cet ouvrage, de 300 pages, qui traite de diverses particules et de verbes. Une sorte de grammaire comparée de tous les dialectes kabyles, puis l’auteur comparera le kabyle aux autres dialectes berbères. Pour le conférencier, Gabriel Hanotau a été le premier berbérisant à faire de la dialectologie comparée. Le mythe de tamazighisation allant des pratiques dénominatives aux fractures linguistiques et identitaires ou encore le kabyle dans le marché linguistique algérien sont autant de thèmes développées lors des différentes communications. Une autre conférence sera animée aujourd’hui par Mohammed Belkacem, ingénieur informaticien et consultant en nouvelles technologies, elle aura pour thème «Le kabyle dans le projet CLDR : propositions de notations à des fins d’usage sur les outils numériques». Codifiée dans la norme iso, la langue kabyle ouvre droit à une existence sur tous les systèmes d’exploitation pour ordinateurs. Concernant le CLDR (Common Local Data Repository), il s’agit d’un entrepôt destiné à contenir des données spécifiques à la langue locale. Son rôle est de développer, promouvoir et maintenir des standards liés aux logiciels et aux données. Sollicité, le directeur du CNPLET, Abderrezak Dourari, dira que les différentes communications seront axées sur l’aspect sociolinguistique et politique linguistique. Concernant le partenariat avec l’université Paris 8, il soulignera l’orientation scientifique aux débats donnée à la langue Tamazight confinée dans des considérations purement idéologiques qui l’empêchaient de se développer. Pour ce qui est de l’officialisation de Tamazight, notre interlocuteur dira : «La normalisation, du point de vue statutaire, est faite et il reste l’aménagement du corpus qui doit se faire par les institutions et chercheurs». Pour conclure, il dira qu’on est «devant une langue artificielle dont on ne connait pas l’influence sur les langues maternelles».

A Gana.

Partager