«Un hommage ne peut que m’enchanter»

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Annoncé comme invité d’honneur du prochain Festival de poésie d’Aït-Smaïl, Farid Ferragui livre, dans cet entretien, ses impressions quant à cette consécration et parle de ses projets.

La Dépêche de Kabylie : L’Association Culturelle Adrar N’Fad a annoncé que vous serez le parrain du Festival de poésie qu’elle organise. Un mot à ce propos ?

Farid Ferragui : J‘ai discuté dernièrement avec le président de l’association, à laquelle j’adresse un grand merci encore une fois. Ces actions de reconnaissance ne peuvent que m’enchanter. Cependant, cela me fait de la peine de ne pas être certain d’assister à ce Festival. En effet, dès le mois prochain, je serai en France pour animer un gala, programmé pour le 11 mars. Par ailleurs, je ferai des tournées en Amérique du Nord. Je commencerai tout d‘abord par le Canada, pour un spectacle prévu le 7 avril, ensuite aux USA, le 14 du même mois. Je ferai de mon mieux pour être parmi vous.

Même le musée régional du Moudjahid de Tizi-Ouzou vous a rendu hommage dernièrement…

J’avais accueilli la nouvelle avec émotion. Cet hommage était spécialement pour la chanson «Ay izmawen yettu ttarix» que j’avais composée en 1983, où je dénonçais ceux qui avaient mis en quarantaine plusieurs Moudjahidines qui ont libéré le pays.

Concernant votre dernier album, on remarque que la nostalgie a pris le dessus sur la majorité de vos chansons. Peut-on connaître la raison ?

Pour être clair, je ressens ce que je vis. La raison est que j’ai abordé des sujets qui me touchaient profondément et qui ont fait partie de moi-même, comme l’amour. J‘ai chanté cette nostalgie pour dire que chaque peuple a sa propre manière d’aimer, ses propres traditions, et que l’on ne doit pas tomber dans le piège de l’universalité.

Vous avez consacré 35 ans de votre vie à la chanson. Que représente le chant pour vous ?

Le chant a toujours été, pour moi, la vie. Chanter c’est vivre, même si, pour des raisons multiples, j‘ai failli arrêter en 2012. Cependant, grâce à mes fans, je suis revenu. D’ailleurs, la chanson «Acuɣer ay afrux» était un moyen d’entrer en dialogue avec eux.

Quel est votre regard sur l’évolution de la revendication identitaire ?

Les choses ont bien changé ! À l’époque, où il y avait ni liberté d’expression ni revendications, c’était la chanson qui faisait vivre le combat identitaire. Nous avions fait ce qu’il fallait faire pour que le pouvoir reconnaisse l’identité de ce pays. Aujourd’hui, avec l’officialisation de tamazight et la consécration de Yennayer comme fête nationale, je ne pense pas que la chanson puisse peser comme ce fut le cas jadis. Maintenant, on ne chantera plus «Nekni d Imazighen» ; ça serait repartir à zéro. Il faut, aujourd’hui, donner les moyens à cette langue, afin de la développer. Autrement dit, la balle est, à présent, dans le camp des académiciens, des linguistes, des intellectuels et des universitaires.

Un mot pour conclure…

Je salue tous mes fans à travers cet espace, et particulièrement ceux d’Aït-Smaïl. Une commune connue pour son dévouement à la culture et à l’identité. Je leur dis que, même dans le cas où je ne serais pas présent à Aït-Smail, fin mars, je ferai de mon mieux pour venir plus tôt.

Entretien réalisé par M’Henni Khalifi

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