D’anciens détenus témoignent

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Les évènements du 19 mai 1981 ont été passés en revue par d’anciens détenus lors d’une conférence-débat animée à la salle des spectacles de la maison de jeunes de Chemini. À l’initiative de l’APC de Chemini, cette rencontre de haute facture a été animée, dans la soirée du vendredi 19 mai 2018, par quatre militants de la première heure, en l’occurrence Sadek Akrour, Mohand Saïd Belalouache, Ali Benamsili et Mustapha Brahiti. Les conférenciers ont tenu à rappeler que les événements du 19 mai 1981, à Bgayet, constituent une étape décisive dans la prise de conscience dans le combat pour la reconnaissance de Tamazight. On les considère, à juste titre d’ailleurs, comme le deuxième printemps berbère. «Le soulèvement de la vallée de la Soummam mené par les lycéens le 19 mai 1981 est une date indélébile dans notre mémoire», rappelle un des conférenciers. «Dans le sillage du mouvement d’avril 80 comme seul repère, dans un environnement hostile à toute forme d’expression sortant du cadre officiel et dans la clandestinité totale, des jeunes, certains encore mineurs au moment des faits, ont comme seule arme, leur unique volonté de changement exprimé par leurs revendications dans un tract diffusé pour un appel à la manifestation. Animés par leur désir d’avenir et de liberté, avec des moyens rudimentaires, ils ont bradé l’interdit au risque de leur vie, sacrifié leurs études pour une cause qui reste encore d’actualité aujourd’hui. Ils étaient l’avant-garde dans le mouvement de l’histoire par leur acte héroïque en organisant la manifestation ce jour du 19 mai 1981. Le 19 mai 1981 est un prolongement logique du 20 avril 1980, dans la mesure où il a porté haut les mêmes revendications jugées non satisfaites», abonde dans le même sens un autre conférencier. Au demeurant, le printemps berbère qui a commencé début mars 1980 à Tizi-Ouzou et s’est terminé fin juin 1981 à Bgayet, réclamant à cor et à cris l’officialisation de la langue amazighe, constitue le premier mouvement populaire pacifique d’opposition au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie. Le printemps berbère a le mérite d’ouvrir à la population algérienne, qui vivait dans la peur et l’oppression d’un régime totalitaire, la voie à une prise de conscience collective d’un possible processus démocratique pacifique. La journée de commémoration a été ponctuée par une réception à l’honneur des trois doctorants, frais émoulus, Karima Ayouni, Sayah Djoudi et Moussa MessailI. «Ces jeunes diplômés issus de la commune de Chemini méritent amplement des encouragements, car le changement ne peut venir que de notre élite», nous dira un universitaire venu assister à la conférence.

Bachir Djaider

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