«Critiquer c’est bien, mais travailler c’est encore mieux»

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Chanteur, compositeur, comédien et réalisateur, Younes Boudaoud a depuis longtemps côtoyé les grands du monde artistique, dont Chérif Kheddam, Idir, Kamel Hamadi et Nora, pour ne citer que ceux-là. Dans cet entretien, il se livre aux lecteurs.

La Dépêche de Kabylie : Younes, tout d’abord, pouvez-vous nous dire comment êtes-vous venu dans le monde de la chanson ?

Younes Boudaoud : je suis natif de Aïn el Hammam où j’ai fait mes études, pour ensuite rejoindre Bordj Menaïel. En 1972, monsieur Choukrane Youcef qui était mon enseignant de français (paix à son âme), a découvert en moi ce don d’humour et de chants. En 1977, il m’avait encouragé alors, à me présenter à l’émission des amateurs présentée à cette époque par le Cheikh Mohand Rachid et la chanteuse Drifa. J’ai alors chanté une chanson de Chérif Nadir et de là j’ai commencé donc à faire une tournée avec Drifa, M’Henni, Mohamed Chemoune, Anissa et beaucoup d’autres. Cela bien sûr dans le cadre des spectacles organisés par la fédération des arts lyriques. Là j’ai croisé des piliers et des maîtres tels que Kamel Hamadi, Nora et Sabah Saghira ainsi que la chanteuse Ghalia à Zemouri El Bahri, puis j’ai eu la chance de croiser des grand noms de la chanson algérienne tels les maîtres Ahmed wahbi, Tahar Fergani, Djilali Aïn Tadles, Hadi Rjeb, Hamdi Benani et beaucoup d’autres. Le hasard a voulu que mon chemin croise celui d’Idir et de Ferhat pendant les années 80.

Arrivé en France, Idir accepte de me produire alors qu’il était directeur artistique des éditions Azwaw. A cette époque, j’étais soutenu par des artistes qui n’étaient pas des moindres. Je cite à titre d’exemple, Takfarinas, Farid Ferragui, Chérif Hamani, Boujemaâ Agraw, Atmani, Taleb Tahar et Djamel Chir, sans oublier le grand soutien de Bebene de l’ACB de paris, Moh Cherbi et feu Mohia (paix à son âme). Pour le théâtre, mes débuts remontent à 1973. Voilà donc comment je suis arrivé dans le monde de l’art. Je dirai même que c’est l’art qui est venu vers moi car il est en moi ; déjà dans ma vie de tous les jours, je fais rigoler les gens, tout simplement, je suis moi.

Vous en êtes à combien d’albums?

9 albums au total dont 2 grands succès, Lachichi en 1991, et Wardia n’13 en 2003.

Un événement qui vous a marqué dans votre carrière artistique?

Il y’en a beaucoup, mais le jour où j’ai rendu hommage en primant presque toute la diaspora kabyle à Cergy en 2003, reste incontestablement mon meilleur souvenir. Ce jour-là tous les grands noms de la chanson kabyle ont répondu à mon appel, en citant par exemple Da chérif Kheddam, Kamel Hamadi, Akli Yahiatene, kheloui Lounes, Hamid Matoub, Zeddak Mouloud et feu Rahim. Ce jour-là le 14 février 2003, presque tout le monde était présent. Il faut dire que J’ai su comment réunir nos artistes et comment les récompenser de leur vivant, malheureusement, personne n’a parlé de ce geste. Posez-leur la question et vous verrez que je les ai tous et toutes honorés et cela m’a vraiment marqué car ce jour, ils étaient là tels des lions.

Parlez-nous un peu de votre chanson Wardia n’13.

Wardia n’13, c est toute une histoire qu’on peut expliquer en quelques mots, c’est pour cela que nous avons déjà commencé un film sur cette dame, où le rôle principal sera interprété par Nabila Mouchaouche

Etes-vous êtes l’auteur-compositeur de vos chansons ?

Si je suis auteur-compositeur ? Je vous dirais, je suis toujours moi-même. Donc oui.

Avez-vous des projets en cours, un nouvel album par exemple, une tournée en Algérie ou à l’étranger ?

Pour les projets, il y’en a beaucoup. D’ailleurs, on vient de finir un film comique intitulé Ahya Da Mokrane, comme on travaille aussi sur deux longs métrages, Wardia n’13 Tragédie et Ma mère m’a dit 2, et peut être, un album pour le mois d’avril 2011.

En plus d’être chanteur vous êtes aussi cinéaste, comment arrivez-vous à palier les deux ?

Je suis ce que je suis, ce n’est pas une question de four et de moulin. La culture c’est avant tout, le courage, c’est le terrain, vouloir faire quelque chose et avoir l’audace de le faire.

Comment a été accueilli votre nouveau film Aklagh Noughaled ?

Aqlagh Noughaled, est un grand film. Il a été accueilli comme il se doit. D’ailleurs, il a été primé et reconnu en deux endroits différents comme film culturel pédagogique et rassembleur. Premièrement, lors de la rencontre des Occidentaux méditerranéens le 19 septembre dernier et par la suite primé par les utilisateurs de la CAF et les femmes solidaires à Longwy France. Il a été projeté le 8 janvier passé au Canada où il a eu beaucoup de succès. Même chose pour le 29 janvier à la maison du quartier de Cergy. Malgré le sabotage et les intimidations, ce film est là comme un miroir et une lueur d’espoir à toute cette jeunesse égarée et sans espoir.

Le mot de la fin ?

Critiquer c’est bien, mais travailler c’est encore mieux, car s’il n’y a pas de travail comment pourrait exister la critique? Et sans critique, naîtront des conflits, car chacun parlera de l’autre, tels des chameaux.

Arezki Toufouti

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