Yazid Oulansi, 1er prix au Festival de poésie Si Mohand U M’hand- Yucef U Kaci

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Dire que la poésie kabyle est en bonne voie n’est sans doute pas de la poudre aux yeux, comme le prétendent certains, mais une réalité prouvée.

Loin de nous l’idée que tous ceux qui se croient poètes le sont en effet. Car, poètes et rimailleurs se confondent jusqu’à ignorer les barrières.

Cependant, cet art cher à Catiope et Polymnie, les deux muses de la poésie héroïque et lyrique, peut se targuer d’avoir été adopté par ceux qui ont pris sur eux le risque de cerner les contours de la poésie comme art non pas comme outil quelconque, autrement dit, un art qu’on doit faire comme il se doit, sinon rien.

Yazid Oulansi est de ceux qui ne sont certes pas nés poètes mais, se sont forgés avec l’écoute et la passion de voir plus loin que leur bout de leur nez. Agé de 29 ans, ce natif des Aït Amar dans l’Akfadou, wilaya de Béjaïa, est titulaire de deux diplômes, un certificat en bâtiment et un autre en journalisme, option presse écrite.

Yazid déjà auteur d’un roman en tamazight intitulé Didda édité en 2003, soutient que la poésie dépasse sa définition et joue avec les mots et ce n’est pas suffisant de dire que c’est un art de faire des œuvres en vers. Il ajoute que le poète n’est pas uniquement celui qui s’adonne à la poésie, mais celui qui mène à haut niveau, les souffrances et joies de la société en étant le témoin de son temps. Yazid fait ainsi sienne la citation d’Anatole France selon laquelle “les poètes nous aident à aimer”.

Sa soif de savoir et de progresser a fait de lui un exemple de maturation, d’un festival à un autre.

La preuve, rien qu’aux joutes poétiques Si Moh ou M’hand- Yusef U Qasi, ce mordu de l’allitération et du son 3 emphatique se voit passer de la 11e place à la première édition, à la 5e place à la 3e édition, puis la 3e place en 2006 jusqu’à se permettre le premier prix cette année. Ce n’est sans doute pas le fait du hasard mais le fait de travailler tout en se remettant en cause. Et tant mieux. Et on peut même avancer qu’il a bel et bien roulé sa bosse lors de ces rencontres poétiques depuis longtemps, en le voyant sur la liste des participants à Ghardaïa, Aït Smaïl (Béjaïa) Tizi-Ouzou en vue de côtoyer les poètes de tout âge et de toutes les régions.

Concernant cette 5e édition du Festival Si Mohand U M’hand, qui s’est déroulé en juillet à Timizart, Yazid ne rate pas l’occasion de remarquer une nette amélioration par rapport à la précédente, plutôt aux précédentes éditions sur tous les plans, mais souhaite voir ce festival institutionnalisé officiellement afin de bénéficier des avantages, et passer du cadre militant à celui du professionnalisme.

Il note également, lui qui ne se contente pas pendant les auditions d’écouter les autres, mais il tente de les évaluer rien que pour lui, ce qui n’est pas donnée à n’importe qui, que beaucoup de formes d’écriture commencent à enrichir la littérature dans la langue de Mohya. Il est temps, dit-il, de prendre en charge efficacement ces nouveaux et jeunes talents, par l’entremise de rencontres et concours.

Interrogé juste après la proclamation des résultats du dernier festival qui l’a sacré 1er prix, il dit être partagé entre la joie et la peur, car reconnaît-il, avoir le premier prix est une lourde responsabilité, et il n’a pas tort.

Yazid qui confie être gourmand, donc n’est jamais satisfait de son travail — signe d’humilité et de simplicité-essaie de faire toujours mieux, partage l’idée des membres du jury qui ont déclaré que la poésie kabyle est en progrès sur tous les plans, Il en est de même pour la thématique qui sort de son carcan pour atteindre l’universalité.

En on ne se lassera jamais de parler poésie avec ce poète sympathique. Et à la prochaine consécration.

Salem Amrane

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