L’exemple du Complexe textile de Draâ Ben Khedda (ex-Cotitex)

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Malgré le long chemin qui lui reste à parcourir pour se placer dans un cadre économique stable, le Complexe textile de Draâ Ben Khedda (ex Cotitex), à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, qui compte plus de 600 travailleurs permanents, trace son itinéraire tentant d’oublier les mauvais jours qui ont failli la faire disparaître.  Le secteur économique de la wilaya de Tizi-Ouzou reflète, sans doute, une fragilité qui n’est désormais plus un secret pour personnes. Et qui s’est dessinée à travers les crises qu’ont traversé toutes les grandes entreprises de la région. Des situations, notamment caractérisées par des mouvements de protestation et des grèves à répétition dont ont fait les frais ces structures productives et industrielles. Et si certaines d’entres elles ont fini par mettre la clé sous le paillasson, d’autre, par contre, ont résisté tant bien que mal, et tentent aujourd’hui de se redresser du mieux qu’elles peuvent. C’est le cas de l’Ex- Cotitex, une entreprise spécialisée dans le tissage, qui a, en effet, traversé des périodes difficiles et qui était vouée à fermer ses portes. Actuellement, même si tout ne va pas comme on le voudrait, l’entreprise continue de produire, mettant à l’abris du chômage plusieurs centaines de travailleurs. Pour le secrétaire général de la section syndicale de cette manufacture, «notre entreprise peut aisément être considérée comme un exemple du redressement industriel ». Ali Tamadjiat, relatant l’historique du désormais Complexe textile industriel de Tizi-Ouzou, narrera les moments de crise les plus importants, depuis notamment la décision de filialisation. Une période qui a été derrière le déclin de l’usine au début des années 2000. L’entreprise mère, la Cotitex, a de ce fait perdu une grande partie de ses structures et a terminé son déploiement en 2005, devenant la cotonnerie de la région. De cette fragmentation, sont nées de nombreuses difficultés. A commencer par l’effectif qui s’est vu diminuer d’année en année, sans jamais être remplacé souligne le SG. En effet, de 1 100 travailleurs, il n’en restait, en 2008, que quelques 900. Ceci, suite à des départs en retraite ou volontaires. L’entreprise a quand même continué à résister malgré les difficultés financières, ne pouvant notamment assurer le paiement régulier des employés. L’année d’après (2009), souligne notre interlocuteur, la section syndicale a engagé une bataille pour tenter de « sauver les meubles », encouragée par « la volonté politique d’éviter la fermeture des entreprises ». Le soutien financier viendra en 2010, « avec la décision des pouvoirs publics de placer 2 milliards de dollars dans la relance du secteur du textile », affirme le même représentant des travailleurs. Ce n’est qu’en 2011 que l’horizon commencera à s’éclaircir pour les composantes de l’usine, qui deviendra une filiale de l’Entreprise algérienne des textiles industriels et techniques (EATIT), dont la direction générale est domiciliée à Alger, avec « les décisions courageuses prises d’assainir la situation financière de l’entreprise et d’éponger les dettes fiscales et parafiscales ainsi que les découverts bancaires », souligne le représentant de la section syndicale. Il ajoute qu’un vaste programme de production et d’investissements a été également tracé pour l’ex cotonnerie. Un programme qui n’est malheureusement pas encore mis en application et qui accuse des retards, d’après Ali Tamadjiat, « malgré l’octroi d’une enveloppe de 297 milliards de centimes pour, notamment, l’acquisition d’équipements et la remise à niveau des installations existantes. Un programme qui devait être finalisé en 2014, mais jusqu’à ce jour, ont en est encore au stade du cahier des charges », soulignera-t-il.  Il ajoutera que le programme compte aussi « un renforcement en métiers à tisser. Avec une dimension de production de 5 millions de mètres linéaires annuellement. Nous aspirons à nous doter de métiers pouvant atteindre une production de 10 millions ML, chaque année. Malheureusement, se désole notre interlocuteur « on a du mal  à produire même les 5 millions de ML». Il parlera d’ailleurs du problème de manque de pièces de rechange, suite à quoi du matériel est à l’arrêt et reste inexploité. Ceci, assure-t-il « alors que nous pouvons facilement augmenter la production de 30 à 40%, si ces équipements étaient fonctionnels ».  L’usine emploie 620 travailleurs, en plus des quelque 200 jeunes recrutés dans le cadre du filet social  « Les salaires demeurent insuffisants », dira notre interlocuteur, citant l’exemple d’ingénieurs d’application et d’ingénieur d’Etat qui touchent à peine 17000 dinars. Ceci sans compter « le simple ouvrier qui, lui, ne dépasse pas les 13 000 dinars. On ne pourra jamais relancer une économie, ni aucun autre secteur, avec des salaires aussi misérables », ajoutera le syndicaliste. Malgré ces problèmes, « l’entreprise peut être prise comme exemple, car nous parvenons à assurer les salaires de nos travailleurs, nous disposons de la matière première et nous pourvoyons le marché par nos produits qui se vendent d’ailleurs très bien  et c’est déjà une renaissance», dira fièrement le représentant des travailleurs qui conclura : « Il est toujours possible de la relancer des unités en déclin, à condition de prendre des décision fermes et immédiates, à l’image de celles d’éponger les dettes ».

Tassadit Ch.

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